Ils se côtoient et se connaissent depuis des décennies, mais le torchon brûle entre le président américain Joe Biden et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, en pleine crise politique en Israël autour d’une réforme judiciaire contestée.
Et pour le président démocrate, fervent soutien d’Israël depuis un demi-siècle, le dilemme devient très public face au gouvernement le plus à droite de l’histoire de l’Etat hébreu.
L’exercice d’équilibriste: afficher un soutien « indéfectible » à l’allié israélien tout en gardant ses distances avec le gouvernement Netanyahu, le plus « extrémiste » qu’il ait jamais connu selon lui.
Joe Biden a beau prodiguer des conseils de prudence vis-à-vis de cette réforme, voire la dénoncer, le Premier ministre israélien avance comme si de rien n’était, la qualifiant au passage de « correction mineure » de la justice israélienne, malgré des manifestations quotidiennes dans son pays et les critiques à l’étranger.
Un président américain se sera rarement autant immiscé dans les affaires intérieures d’Israël, même si son pouvoir d’influence reste limité.
– Frustration –
La Maison Blanche a qualifié lundi de « regrettable » l’approbation par le Parlement israélien d’une mesure clé de ce projet de réforme judiciaire, censée remettre en cause certains pouvoirs des magistrats.
Et de façon très inhabituelle, le président américain est allé jusqu’à faire venir à la Maison Blanche un éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman, pour envoyer le message qu’il s’opposait à cette réforme, « source de division » selon lui.
Au-delà de la réforme elle-même, l’administration Biden ne cache pas sa frustration face à la poursuite de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, en dépit de ses appels répétés à la désescalade.
Elle défend inlassablement la solution des deux Etats israélien et palestinien, mais semble prêcher dans le vide.
Les tensions actuelles viennent rappeler celles entre le président Barack Obama et M. Netanyahu déjà, alors que Joe Biden était vice-président et que les Etats-Unis négociaient l’accord sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 au grand dam d’Israël.
Cet accord est moribond depuis que l’ancien président Donald Trump, lui-même proche de Benjamin Netanyahu, s’en est retiré en 2018 et le reste à ce jour même si M. Biden a bien tenté de le raviver au début de son mandat.
Témoignant de ces tensions, les bisbilles se multiplient autour d’une rencontre ou pas à la Maison Blanche à l’automne entre MM. Biden et Netanyahu, lui qui n’y a pas été invité depuis son retour fin 2022 à la tête du gouvernement israélien.
Joe Biden a en revanche reçu la semaine dernière le président Isaac Herzog, un modéré.
Pour Benjamin Netanyahu, qui a démenti toute notion d’être snobé dans une interview à la chaîne ABC, aucun doute: le président Biden l’a bien « invité à la Maison Blanche », lors de leur récente conversation téléphonique, une rencontre qui selon lui aura lieu probablement « en septembre ».
Mais la Maison Blanche, visiblement agacée, laisse planer le doute sur le lieu de la rencontre et se contente de dire que les deux hommes « se rencontreront aux Etats-Unis plus tard cette année ».