La République de Maurice a été à l’honneur lors des Championnats du monde de para-athlétisme à Paris en France. Noemi Alphonse est devenue vice-championne du monde du 100m fauteuil (T54) après avoir été battue d’un rien, cette fois, par la Finlandaise Amanda Cotaja, contrairement à la course de mai en Suisse ou l’écart était plus conséquent.
À l’époque, Amanda Cotaja avait même réalisé un chrono de 15”36 pour titiller le record du monde (15”35) de l’Américaine Tatiana McFadden. Celle que Noemi Alphonse a dominé au podium à Paris et qui nous donne déjà une idée de la progression de la Mauricienne.
La performance est donc significative pour celle qui a aussi décroché une médaille de bronze au 400m. Idem pour Yovani Philippe, souffrant, lui, d’une déficience intellectuelle et qui, avec seulement trois ans de pratique dans les jambes, a soufflé le record de ces Mondiaux au 400m lors des demi-finales !
Yovani Philippe (47”38) s’est, qui plus est, permis de battre le recordman du monde et alors détenteur du record de ces championnats, le Brésilien Daniel Tavares ! Même si ce dernier a ensuite repris son dû (47”30) en finale. Il ne faut pas non plus oublier que Yovani Philippe et Noemi Alphonse, au même titre qu’Anaïs Angéline (longueur T37) et Roberto Michel (400m T34) ont aussi validé leurs tickets pour les Jeux paralympiques. On dira donc que les feux sont désormais au vert à une année de l’évènement.
Derrière ces performances toutefois, il n’y a pas que l’athlète, mais aussi une grosse équipe composée de travailleurs de l’ombre et de mécènes qui ont, depuis le début ou en cours de route, cru au projet. À l’exception, bien évidemment, de ces bornés qui continuent à penser que la performance repose sur le hasard !
Saluons surtout le travail de cet homme, Jean-Marie Bhugeerathee, qui a su donner un sens à la carrière de ces handicapés. Cela, tout en étant capable de compter sur le soutien de son club, Magic Parasport, ou encore de la confiance de certaines fédérations. Au même titre que celui du Mauritius Paralympics Committee (MPC), en particulier, son président, Jean-Marie Malepa, qui n’a eu de cesse de se battre pour l’unification de la grande famille du handisport. Et ce, peu importe ce qu’en diront ceux qui, malheureusement aujourd’hui, n’ont aucun bilan !
Ce qui s’est passé à Paris est fabuleux. « Nous ne sommes pas encore prêts pour être champions du monde. J’espère qu’on le sera en 2024 pour être champion paralympique cette fois » déclarait Jean-Marie Bhugeerathee le week-end dernier. Et on le croit en tenant compte des performances réalisées jusqu’ici.
Et là, on parle bien de performance qui — pour ceux qui n’arrivent toujours pas à faire la différence avec résultat — nous fait déjà rêver à une année des Jeux paralympiques. Pour ce faire, toutefois, il faudra que le gouvernement, par le biais du ministère des Sports, déploie d’autres moyens. Même s’il a été déjà annoncé que 10 athlètes bénéficieront, à partir de ce mois de juillet, d’une somme additionnelle de Rs 30 000 mensuellement pour préparer les Jeux olympiques et paralympiques !
Aussi, est-il très important que certains fonctionnaires laissent travailler nos qualifiés dans la sérénité. Ce serait beaucoup mieux d’ailleurs s’ils se tiennent à l’écart au lieu de vouloir à tout prix interpréter certains règlements insensés du haut niveau !
Au même titre que ces messieurs supposés être responsables d’une politique sportive qu’on peine toujours à cerner et qui inclut ce qu’ils appellent pourtant excellence ! Savent-ils au moins les efforts et sacrifices consentis de la première médaille nationale, en passant par des records, avant de briller à l’échelle continentale et ensuite mondiale ?
Et pourtant, ce n’est pas nous qui avons discriminé ces mêmes handisportifs lors des Sports Awards tenus récemment ! Ce que nous voulons dire, c’est qu’il faut arrêter de faire la distinction entre athlète valide et non-valide. D’ailleurs, combien sont ceux qui peuvent aujourd’hui se vanter d’avoir battu un record des championnats du monde ? Yovani Philippe l’a fait et il peut en être très fier, tout comme sa famille qui, malgré son handicap, a su l’aider à donner un sens à sa vie.
Cette discrimination, malheureusement, ne s’arrête pas qu’à la différence physique. Ceux pratiquant une discipline que certains qualifient toujours et honteusement de non-olympique peuvent en témoigner. Eux qui suent matin et soir, afin de faire honneur à leur pays, mais dont les cachets sont pourtant coupés…en deux, contrairement à ceux évoluant dans une discipline olympique !
Le ministre des Sports, Stephan Toussaint, présent très tôt mercredi matin pour accueillir les para-athlètes à l’aéroport, est-il au moins conscient de toutes ces injustices ? Alors pourtant que, dans le cas du football, son ministère débourse sans compter, quitte à cautionner les travers de la Mauritius Football Association !