Le document du 16 juin, d’une cinquantaine de pages, excluant les annexes, et portant la signature du commissaire électoral, Irfan Rahman, a valeur de symbole.
Surtout, dans la conjoncture, où tout se conjugue à l’opacité. Tout au moins aussi longtemps que l’on se trouve dans le camp avec pour bannière Politically Correct.
Cet homme de loi, dont le beau-frère était un ancien ministre, qui s’est depuis rangé du côté de l’opposition au sein de l’hémicycle, qui l’a appris à ses dépens. Pas plus tard que le mois dernier, il a fait l’objet d’un striptease politique de ses honoraires au sujet de son passage à l’ICTA au lendemain des élections générales de décembre 2014.
A contrario, l’ancien Attorney General, nommé après ces mêmes élections, mais forcé à la porte de sortie de la Cabinet Room, n’a rien à craindre quant à la divulgation de ses Legal Fees pour ses services de conseil légal pour le compte du commissaire de police. En dépit de ses protestations, le député de l’opposition, Patrick Assirvaden, n’aura pas de réponse à son interpellation.
En gros, les Standing Orders de l’Assemblée nationale interdisent toute contestation des décisions du Speaker. La PQ a été rejetée. Point à la ligne.
C’est en ce contraste dans les plus hautes sphères de la démocratie que le document du 16 juin 2023 de la Commission électorale brille de mille feux au firmament de la transparence. Un document que pas seulement les leaders politiques auront à maîtriser pour ramener la sérénité dans l’espace électoral.
Mais que tout Mauricien, soucieux de l’épanouissement de la démocratie, a le devoir de prendre connaissance des explications fournies par la Commission électorale à la cinquantaine de points formulés par les leaders du PTr, du MMM et du PMSD, « focussing essentially on reforms, upgrades, safeguards, relating to the election process ».
Le droit de vote, arraché après d’âpres luttes dans le temps, demeure le Hallmark de toute démocratie. Le tout doit être accompagné de transparence. La Commission électorale a fait le choix. Ceux qui ont pris la peine de parcourir cette cinquantaine de pages du document du 16 juin 2023, auront relevé la candeur, qui se dégage des éléments de réponses.
Pourtant, aucun de ses prédécesseurs à la tête de la Commission électorale n’aura essuyé autant d’affronts que l’actuel depuis la proclamation des résultats du scrutin du 7 novembre 2019. Face aux préoccupations et aux doutes des leaders des trois partis politiques de l’opposition, la Commission électorale a privilégié le jeu démocratique.
Tantôt gardant ses pieds sur terre, Irfan Rahman s’est défendu bec et ongles pour mettre en évidence l’intégrité du système électoral. Tantôt, avec diplomatie, prévient qu’en démocratie, il ne faut pas prendre trop de libertés avec des limites à ne pas franchir.
Et surtout reconnaître en toute franchise qu’avec le temps, un toilettage de certains mécanismes du processus électoral, comme l’exercice d’enregistrement des électeurs, portant l’empreinte de l’époque coloniale, s’impose en toute urgence au sein de la République en ce XXIe siècle.
Le document du 16 juin 2023 ne s’épargne aucun effort pour mettre le couteau dans la plaie, identifiant l’impuissance d’action de la Commission électorale en matière de respect de Fairness de la part de la MBC et de la police durant la campagne menant au scrutin pour les législatives.
Et ce, allant jusqu’à affirmer que « it is not the mandate of the Office of the Electoral Commissioner to act as a guardian of political broadcast time ». Un message clair et net aux responsables d’autres institutions de la république que le flambeau de la probité du processus électoral ne relève pas du mandat exclusif de la Commission électorale.
Néanmoins, le document du 16 juin 2023, qui restera comme une référence en matière de transparence, laisse un arrière-goût d’inachevé.
Quoi encore?
Le nerf de la guerre, alors!
Eh oui, l’absence de toute référence aux dérives au titre des dépenses électorales encourues par les partis politiques et aussi les candidats est des plus éloquentes. Auparavant, un soupçon de farce émanait des déclarations de dépenses des candidats aux élections générales.
Puis ont surgi les Kistnen Papers. Mais avec la mise en application du Kadna institutionnel, aucune suite formelle n’est intervenue à cette affaire. Dans un sens comme dans l’autre.
De fait, le document du 16 juin 2023 aurait été une occasion en or pour crever l’abcès de la Money Politics à l’autel de la transparence.
Il est plus qu’évident qu’il faudra repasser.