Les scandales sont légion et rivalisent d’attention dans l’opinion publique. L’un chasse l’autre et nous ne finissons pas d’en évoquer un qu’un autre plus grave, plus “damning”, émerge ! Ajouté à cela, il y a ces accidents de la route qui font grimper en flèche le nombre de morts : presque deux fois plus cette année en sept mois que l’an dernier. De même que ces crimes atroces et autres délits avec violences qui défraient quotidiennement la chronique. Le pays, en cette période grise et hivernale, affiche la morosité sur tous les tableaux. Pravind Jugnauth évoquera-t-il son fameux “feel good factor” ? Lui qui a pris l’avion pour quelques jours loin de tout cela… On ne lui reprochera pas d’être allé se ressourcer “far from the madding crowd”, mais on lui tiendra certainement rigueur de ne pas être étranger à tous ces cafouillages qui perdurent !
Un des grands désordres du moment concerne un nombre important de médecins enregistrés auprès de la Medical Unit de la Sécurité sociale. Depuis plusieurs mois déjà, ces professionnels de la médecine ne savent plus sur quel pied danser. Motif de leurs inquiétudes ? Un travail désorganisé, un manque de rigueur et de leadership, décrié de la part des autorités concernées, supposées gérer ce département. Bref, la pagaille à tous les étages ! Et c’est peu dire.
Pour la plupart des Mauriciens, la Medical Unit de la Sécurité sociale est un département méconnu. Pourtant, ces médecins, du public comme du privé, abattent un travail énorme et formidable au sein de la société. Ce sont eux qui vont rendre visite sur une base régulière à des milliers de patients, des Seniors essentiellement. Ceux-ci sont, pour beaucoup, cloués au lit, atteints de maladies et souffrant de handicaps divers. Leurs patients, ce sont aussi des adultes, des jeunes et des enfants, dont la mobilité est limitée pour des causes similaires.
Ces médecins se déplacent régulièrement pour dispenser des soins à ces personnes, enlevant aux parents la nécessité d’avoir à transporter ces malades à l’hôpital. Au gré des années de consultations, ils tissent des liens avec leurs patients. Un contrat de confiance s’établit entre eux, mais aussi auprès de leurs familles. Ces médecins bénéficient d’un capital de sécurité qui les positionne idéalement au sein de ces cellules familiales, car ils apprennent à connaître ces patients, qui requièrent une approche et des soins particuliers, et savent leur parler pour les convaincre à prendre bien soin d’eux.
Comme c’est fréquemment le cas avec nombre d’agences étatiques, depuis ces dernières années, la Medical Unit est devenue une nouvelle “lakaz mama” pour certains proches du pouvoir. Pour y caser leurs protégés, évidemment ! Au grand dam de ceux qui sont déjà des professionnels confirmés et qui ont décroché leur place à la force de leurs poignets ! Du coup, du jour au lendemain, ces “anciens” nagent dans l’insécurité totale, craignant au quotidien de voir résilier leur contrat sans justification aucune. Ils se retrouvent alors au chômage, avec leurs familles à nourrir. Mais ça, qui s’en soucie ? Ces médecins disent ne recevoir aucun soutien « ni de ceux qui dirigent cette unité, ni de la ministre de tutelle, Fazila Daureeawoo ». Combien de temps encore cette situation cacophonique va-t-elle persister ?
De janvier à juillet de cette année, 78 personnes ont trouvé la mort dans des accidents de la route. Contre 45 pour la même période l’an dernier. Le constat est effarant. Accablant. Le Road Traffic (Amendment) Bill ouvrira, tous le souhaitent, une avenue nouvelle pour une diminution des morts dans des accidents de la route. Mais est-ce bien suffisant ? Ne devrait-on pas revoir certaines autres mesures, tel le rétablissement du permis à points, qui faisait ses preuves et qui a été supprimé, simplement sur une base politique, parce qu’il avait été mis en opération par le gouvernement de Navin Ramgoolam ? De même, ne devrait-on pas procéder à une mise à jour des connaissances pratiques des conducteurs ? Quand on sait qu’une grande majorité ignore tout simplement le code de la route et qu’ils conduisent sans respecter ceux-ci.
L’insécurité routière, couplée à la hausse constante du taux de criminalité, sans occulter le nombre important de personnes, jeunes et moins jeunes, accros aux drogues et autres substances nocives, distillent une atmosphère inquiétante. Alors que les efforts devraient être concentrés sur la reconstruction d’un pays et la consolidation de sa base sociale.