La tension prend de l’ampleur entre la police et le Bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) sur des High Profile Cases en Cour. Après les incidents survenus au tribunal de Mahébourg lundi, où le surintendant Gungadin avait déclaré que la police solliciterait les services de Private Barristers dans le cas de Me Akil Bissessur, le commissaire de police, Anil Kumar Dip, est passé à l’offensive, cette fois dans le cadre de l’affaire Sherry Singh.
Ainsi, si des débats étaient prévus hier sur la motion de radiation des charges provisoires contre l’ex-CEO de Mauritius Telecom et son épouse, Varsha Singh, l’exercice n’a finalement pas pu débuter. Alors que Me Damodarsingh Bissessur, représentant le bureau du DPP, devait faire connaître sa position sur la demande des accusés, le chef inspecteur Sandooram a informé la magistrate, Nitisha Seebaluck, de l’intention du commissaire de police de retenir les services d’un avocat du privé, soit Me Ammar Oozeer, Robert & Associates.
Il ajoute que le commissaire de police ne souhaite plus retenir les services du Bureau du DPP pour la marche à suivre. Me Bissessur a objecté à cette démarche, en indiquant à la Cour que « ce n’est pas la bonne procédure » d’un point de vue légal. Ainsi, dit-il, tout avocat du privé doit au préalable demander la permission au DPP. Ce n’est que lorsque celui-ci a donné son feu vert par écrit que l’homme de loi en question peut Stand dans une affaire. Il fait également ressortir que « seul le DPP a le pouvoir d’assurer les poursuites criminelles, selon la Constitution ». Il déplore par ailleurs que le DPP n’ait toujours pas obtenu les informations qu’il recherchait auprès de la police dans la présente affaire.
De son côté, Me Ammar Oozeer a demandé que la Cour suprême tranche sur ce litige entre le DPP et le commissaire de police. Il a par ailleurs objecté que le Search Warrant émis pour la perquisition chez les Singh ne soit pas produit en attendant un Ruling de la magistrate Nitisha Seebaluck. Cette dernière devra se prononcer sur ce nouveau clash entre le DPP et le commissaire de police le 18 juillet. À sa sortie du tribunal, l’ancien DPP Satyajit Boolell, dont les services sont retenus par Varsha Singh, a lancé un appel pour « un respect mutuel et une coopération entre le CP et le DPP dans l’intérêt de la justice et du citoyen ». Il a aussi rappelé que le DPP Rashid Ahmine avait émis un communiqué « pour expliquer comment les choses doivent se faire ».
Il soutient qu’ « il faudrait que le commissaire de police vienne chercher un avis légal dans le cadre des charges provisoires. Les choses doivent se dérouler selon les lois. Il ne faut pas mettre en question l’intégrité du système pénal. » De son côté, Me Urmila Boolell, qui défend Sherry Singh, a qualifié de sans précédent ce nouveau clash entre le CP et le DPP. « Je n’ai jamais vu une chose pareille », dit-elle.
Revenant sur le mandat de perquisition, elle fera ressortir que » cela fait la troisième fois en Cour que nous demandons à voir ce Warrant. À deux reprises, nous avons fait venir le Court Manager du tribunal de district de Rose-Hill, et lui aussi refuse de nous le montrer. Est-il normal de pouvoir rentrer chez quelqu’un et fouiller, et que personne ne puisse vérifier si la police a agi selon les termes du Warrant ? » se demande-t-elle.