Dans une interpellation parlementaire adressée au ministre des Arts et de la Culture, Avinash Teeluck, Joanna Bérenger, députée du MMM, a attiré l’attention sur la « pression constante » exercée sur les baleines à travers le tournage de films « qui durent des mois ».
Dans une interpellation supplémentaire, elle a demandé au ministre s’il est au courant que « le détenteur de permis qu’il a mentionné utilise en réalité la production de films pour faire du tourisme d’aventure ».
Joanna Bérenger voulait savoir le nombre d’autorisations accordées à cet effet pour les années 2021 à ce jour, tout en cherchant à savoir les noms des sociétés ou organisations impliquées et les mesures prises pour assurer le respect des conditions existantes, et si un non-respect des conditions a été signalé. De même que si, dans un pareil cas, des mesures ont été prises.
Le ministre Teeluck a indiqué que tout producteur intéressé à tourner un film ou une partie de film à Maurice doit faire une demande auprès de la MFDC pour une autorisation. Quant au tournage de films avec des baleines, indique le ministre, la MFDC agit en tant que facilitatrice auprès des demandeurs, ajoutant que, depuis août 2022, la MFDC transmet l’autorisation reçue des autorités compétentes et toutes les conditions qui y sont attachées aux candidats.
Dans sa réponse, le ministre a ajouté que la MFDC demande l’autorisation du PMO Department of Continental Shelf Maritime Zones Administration & Exploration, du ministère du Tourisme, de la Tourism Authority, du ministère de l’Economie bleue et du commissaire de police.
Par ailleurs, certaines conditions comprennent la soumission du calendrier des activités avant le tournage et l’information de tout changement dans le calendrier avant le tournage, ainsi que la présence d’agents de la Division des pêcheurs et du Service de protection des pêcheurs en tant qu’observateurs pendant le tournage. De même que la soumission du plan de travail ainsi que les coordonnées GPS du lieu de tournage en mer, et enfin la remise du documentaire relatif un rapport du documentaire après le tournage.
De plus, ajoute-t-il, des agents du ministère de l’Economie bleue et de la Direction de l’administration et de l’exploration des zones maritimes du plateau continental du PMO effectuent des visites surprises pendant le tournage avec les baleines.
Répondant à la deuxième partie de la question, Avinash Teeluck indique que, d’après la MFDC, le 9 août 2022, une plainte a été reçue du ministère de l’Economie bleue concernant l’autorisation donnée à un certain M. R.H. pour le tournage d’un film avec des baleines, « où ces mammifères marins auraient été stressés et harcelés ».
Suite à cette plainte, la Tourism Authority a signé un accord en décembre 2022 avec la société de R.H. après que l’entreprise ait obtenu toutes les autorisations nécessaires.
Un patrouilleur de la Tourism Authority sillonne régulièrement dans les zones identifiées. Les patrouilleurs, poursuit le ministre, ont vérifié que l’entreprise fonctionne selon les termes et conditions énoncés dans les lettres d’autorisation.
A ce jour, dit-il, il n’y a pas eu d’incident en mer démontrant que la société de R.H. n’aurait pas respecté les conditions imposées par les ministères et départements qui autorisent le tournage de films. « En cas d’autres problèmes de non-conformité, l’attention des autorités compétentes sera signalée en conséquence. »
Sans une interpellation supplémentaire, Joanna Bérenger a soutenu que le producteur de film en question fait « signer un contrat à ses clients, où il propose des forfaits à des prix exorbitants, ce qui viole les conditions imposées dans le permis délivré par le ministère », dit-elle. Notamment la section (G), qui stipule : « A film shooting exercise shall not include any eco-tourism or commercial activity. ».
« Il va même plus loin en demandant à ses clients de payer pour les frais de bateau de la Tourism Authority, ce qui viole une fois de plus les conditions du permis. » La députée devait être arrêtée dans ses explications par le Speaker, qui l’a exhortée à poser sa question de manière directe. Ce à quoi la députée a enchaîné : « Le ministre est-il au courant de ces pratiques et de ce tourisme illégal, en plus de la plainte qu’il a mentionnée ? » En plus à un certain moment, il avait question de l’identité de la marraine de ces sorties en mer.
Joanna Bérenger: Nous avons donc la confirmation qu’il existe bel et bien des baleines à l’ile Maurice contrairement à ce qu’un ministre avait pu dire dans le passé. Nous avons des baleines de passage mais également des baleines qui sont en permanence dans nos eaux, une trentaine. Maintenant, le ministre peut-il nous dire s’il est au courant que le détenteur de permis qu’il a mentionné et dont la marraine est l’épouse du Premier ministre, est-ce qu’il est au courant que ce détenteur de permis utilise en réalité la production de film . »
Rappelée une nouvelle fois à l’ordre par le Speaker, Joanna Bérenger a ainsi demandé : « Le ministre ne pense-t-il pas qu’il faudrait une fois pour toutes retirer le permis de ce soi-disant producteur, qui est en train de clairement abuser et de mettre une pression constante sur ces mammifères marins à travers des tournages qui durent des mois ? ».
Le ministre a alors répondu : « Nous nous assurons toujours que toutes les conditions exigées par les différentes institutions soient respectées. But of course, if there are some conditions not being adhered to, we’ll be happy to act upon. »