L’avenir du nouvel organisateur des courses mis en balance dans deux articles publiés en fin de semaine sur les réseaux sociaux et dans l’organe de presse de PTP
Attaques tous azimuts des nouveaux maîtres du Champ-de-Mars contre la HRD, un quatuor d’entraîneurs, la GRA et MTC/MTCSL
De graves allégations portées contre un haut gradé de la HRD
Le GM et le PM mis devant leurs responsabilités pour la victoire aux prochaines élections générales
Le 10 juin dernier, le Chief Executive Officer (CEO) de People’s Turf, Khulwant Kumar Ubheeram, se félicitait d’avoir lancé la saison 2022 lors de son discours à l’occasion du 1er anniversaire de ses opérations au Champ-de-Mars. Mais plus loin, il devait s’appesantir sur le fait qu’à travers le monde, l’industrie hippique faisait face à des difficultés pour survivre. Il a cité le cas du Singapore Turf Club, qui a déjà annoncé qu’il mettra fin aux courses hippiques le 5 octobre 2024. Mais pire, le CEO devait déclarer : « I shall be bold to qualify the present situation facing the horse racing industry as being a catastrophy. We are not dealing with a seasonal flue here but with cancer. There is no room for symptomatic and palliative care, but rather we need long term curative treatment. One big issue facing the industry is illegal betting and lack of enthusiasm by State authorities, but this is not the forum to elaborate further. » Même si à la fin de son discours, il devait affirmer que « PTP is here to evolve, PTP is here to stay… », nombreux sont les turfistes et spécialistes qui y ont vu un premier anniversaire au goût amer, et une incertitude latente quant à l’avenir des courses à Maurice, et également de PTP.
Les interrogations ont même fusé de part et d’autre. La situation tourne-t-elle au vinaigre pour la People’s Turf PLC ? Veut-elle jeter l’éponge ? En tout cas, un article publié dimanche, et ayant largement circulé sur les réseaux sociaux, et un autre, dans l’organe officiel de PTP, sont venus renforcer les doutes à ce sujet et semer la confusion, non seulement au sein de la communauté des turfistes, mais également des employés de cet organisme, qui vient de fêter son premier anniversaire. Son contenu constitue aussi un aveu que le Business Model actuel de l’organisation des courses n’est pas viable, comme l’a confirmé l’Executive Director of Racing de la Horse Racing Division (HRD), le Chief Stipe Denathan Moodley.
L’article, signé « un lecteur », mais qui émane de l’éminence grise de la nouvelle configuration hippique proche de PTP, est venu confirmer que cette structure annoncée comme révolutionnaire a déjà été ébranlée, d’où les attaques tous azimuts. Les cibles identifiées sont la Gambling Regulatory Authority, la Horse Racing Division, en particulier son Racing Executive Officer et Chief Stipe, un quatuor d’entraîneurs, composé de Preetam Daby, Vincent Allet, Amar Sewdyal et Shirish Narang, MTC/MTCSL et la presse, celle qui n’est pas couchée aux ordres du magnat du jeu à Maurice.
Tout sauf…
Au fait, tous sont coupables de l’état actuel de la situation, sauf bien sûr… la People’s Turf PLC, qui, selon l’auteur, « n’a jamais voulu organiser les courses ». Celui sur lequel se concentrent les tirs est un haut gradé de la HRD, un moment adulé, mais qui est ainsi devenu, du jour au lendemain, la bête noire, celui qu’il fallait chasser de la piste. De graves allégations sont portées contre lui et on l’accuse d’être un gros joueur et un incompétent. Tout comme l’un de ses collègues, qui « n’est pas un professionnel des courses et n’était qu’un ouvrier des ouvertures en aluminium avant de venir à Maurice ». L’auteur de l’article se demande ainsi « si on n’a pas des compétences locales après plus de 210 ans de courses à Maurice ? » Ajoutant que « les Mauriciens restent les éternels dindons de la farce ».
Vu que c’est la GRA, qui a recruté tous ceux qui font partie de la HRD, ses animateurs, nullement cités nommément, en ont aussi pris pour leur grade, sans doute par mesure de prudence. Mais d’aucuns auront noté le long silence inexpliqué de l’autre depuis sa dernière émission télévisuelle.
Pour retourner le couteau dans la plaie, l’auteur, visiblement en posture télécommandée, pose cette question : « Qui protège Deanthan Moodley ? Certainement pas le Premier ministre. Mais c’est peut-être quelqu’un dont la loyauté, la sincérité et le dévouement ne sont nullement mis en doute, mais qui serait bien naïf dans ce domaine, qui ne cerne pas les coins et les recoins de ce milieu sur le terrain, et que Deanthan Moodley a pu embobiner. » Il faut être vraiment né de la dernière pluie, et surtout naïf, pour ne pas comprendre que celui qui est visé n’est autre l’homme fort déclaré de la GRA, Dev Beekhary !
La HRD critiquée
L’auteur critique ouvertement les décisions prises par la HRD contre les Club Jockeys Bernard Fayd’herbe et Stevie Donohue. Hier, le CEO de PTP consignait une déposition contre le premier nommé, et aujourd’hui un de ses proches le défend bec et ongles. Comprenne qui pourra ! Ainsi, selon l’auteur de l’article, « les deux Club Jockeys seraient victimes de harcèlement » de la part des Stipes, Moodley en tête, qui a également eu « tort de sanctionner les entraîneurs qui ont aidé le MSM aux dernières élections, en l’occurrence Raj Ramdin (Rs 250 000) et Praveen Nagadoo (Rs 100 000), des banalités ».
La HRD est même critiquée pour avoir convoqué le propriétaire Bahim Khan Taher, qui, en passant, sera entendu demain. Et pour enfoncer le clou, l’auteur se demande : « Est-ce que Mood Gro Zougader se croit-il être un shérif sur une Zulu Land ou dans une République bananière ? »
Dans l’organe de presse de PTP, la colère est plus palpable contre le chef d’orchestre de la HRD. « Après le scandale Henry Tudor/Colour My Fate, la HRD est condamnée à faire éclater la vérité si elle “means business”. Le gouvernement a investi des millions dans cette Racing Division, et celle-ci doit maintenant instituer une commission d’enquête pour connaître les dessous de cette affaire et donner l’opportunité au Stipe pointé du doigt de se défendre, même s’il viendra sûrement venir défendre l’indéfendable. Il est à ce stade invité à Step-Down », s’il a encore un peu de dignité !
L’auteur de l’article accuse un entraîneur en vue de comploter avec un Stipe, lui aussi en vue. En même temps, il s’attaque également à trois autres entraîneurs, dont deux qui avaient soutenu ouvertement la People’s Turf PLC l’an dernier. Le premier faisait continuellement les éloges de PTP lorsqu’il était interviewé et avait même été vu à la même table festive et arrosée de Jean Michel Lee Shim avec son jockey. Comme quoi la roue a fini par tourner et, aujourd’hui, ils sont considérés comme les ennemis jurés de PTP. Au même titre que deux autres rescapés de l’ère MTCSL/MTC qui, eux, n’ont jamais nagé dans les eaux de PTP.
La décision de certains entraîneurs d’engager des jockeys étrangers est également fortement dénoncée. Comment ces entraîneurs font-ils pour employer des étrangers qui coûtent des milliers de roupies ? Pourquoi ne pas engager des jockeys mauriciens, se demande l’auteur des articles.
« Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, doit se réveiller et doit agir avant qu’il ne soit trop tard pour contrecarrer tous ces business et actes mafieux qui se profilent à l’horizon, et la structure qui est en train de se mettre en place avec, pour objectif, de renverser son gouvernement. Le Gang of Four est une bombe à retardement qui explosera au moment opportun », poursuit l’article.
Plus le droit moral de continuer
Mais qu’en est-il des phrases les plus révélatrices qui constituent des aveux de tailles, mais aussi jettent le doute sur l’avenir à moyen terme de PTP ? « Avec cette team à la HRD et ce cocktail des jockeys étrangers, la PTP n’a plus le droit moral de continuer à organiser les courses. Mieux vaut retourner au MTC cette tâche, avec ses deux courses truquées par journée… Rendre à César ce qui est à César (les courses truquées au MTC) et à Dieu ce qui est à Dieu (les courses propres à la PTP). »
« Est-ce de cette manière que le gouvernement actuel va remporter les prochaines élections ? Ni Jean Michel Lee Shim, ni Kamal Taposeea et ni Henry Leblanc, à leur âge, ne doivent prendre le risque de mettre en jeu leur réputation. Sortir la tête haute et protéger le public est un devoir sacré. Perdre de l’argent qu’on a investi, on peut en regagner deux fois plus, mais perdre sa réputation, là on est marqué pour la vie ! Ne comptez pas sur eux pour mettre le public en danger, car c’est un crime contre l’humanité (…) Lorsque les conseils des professionnels ne sont pas écoutés, la seule chose qui reste, c’est de partir et ne pas assister à la destruction de ce qu’on a construit avec beaucoup de peine, au détriment de sa santé, de son temps et de sa famille. PTP n’a jamais voulu organiser les courses… When the situation is progressing into a war, the wise walks away but the fool stands up and fight. PTP chose not to be the fool. »
Qui aurait cru que, si vite, les relations entre la HRD, adulée et adorée, et PTP seraient si tendues, pour ne pas dire au point de non-retour à peine la moitié de la saison entamée ? Qui aurait dit que le nouvel organisateur des courses serait à l’approche de la mi-saison déjà à la croisée des chemins concernant son avenir immédiat ? Qui aurait dit que l’avenir des courses hippiques serait en suspens si vite après le départ forcé de MTC/MTCSL ?
En tout cas, au PMO, ce nouveau paradigme hippique, qui ouvrait la porte à tous les espoirs d’un nettoyage au Karcher des courses à Maurice, est en train de tourner au vinaigre et de devenir une Liability pour nos gouvernants à l’approche des prochaines échéances électorales. Le premier anniversaire a décidément un goût amer ! Pour ne pas parler de Kart Soy…