Vendredi soir, Boris Johnson, qui avait pris la scène politique britannique comme une tornade, aura compris qu’il n’avait plus sa place à la Chambre des Communes. Il a soumis sa démission en tant que député. Un peu moins d’un an auparavant, celui qui avait permis en 2019 au parti Conservateur de remporter la plus grande majorité en moins d’un demi-siècle, déménageait du No 10 Downing Street.
Pourtant, avec une telle victoire populaire aux élections, il aurait pu oser protéger ses arrières en politique avec un Kadna à toute épreuve. Mais démocratie, en particulier le système de Westminster, est allergique à de telles pratiques. Les institutions fonctionnent avec un système de Checks and Balances, imposant la mesure pour réduire les risques de dérapage, susceptibles d’ouvrir la voie à une autocratie.
Évitant la censure d’une enquête parlementaire pour le délit allégué de Misleading the House au sujet de ses frasques pendant le confinement du Covid-19 en Grande-Bretagne, Boris Johnson a préféré la paire de barres de savon pour ses pieds pour quitter The Temple of Democracy.
Un exemple que les institutions, plus particulièrement ceux qui ont été confiés la responsabilité de les faire fonctionner à s’inspirer de Pierre Terrail de Bayard, dont la devise au XVIe siècle était le chevalier sans peur et sans reproche, « still serve their purpose ».
Toutefois, au XXIe siècle, cette attitude chevaleresque n’est peut-être pas de mise. Mais, la démocratie prévoit mieux. Oui, il y a les institutions relevant de la séparation des pouvoirs. Mais surtout un puissant antidote.
Comme le rappelle The Constitution Unit-UCL dans une récente analyse « checks and balances play a vital role in a modern democracy. They prevent power from being concentrated too much in one part of the governing system, and help to avert the problems that can arise when decisions are taken without proper scrutiny or when high standards of behaviour are not enforced. »
Pas question de se lancer dans une dissertation académique. Mais tout simplement un cas d’espèce avec des recommandations découlant d’un exercice de Checks and Balances ignorées et leurs conséquences. À la lumière d’un Pendrive Showtime, des poussées d’adrénaline se font sentir de part et d’autre.
Pourtant, depuis la soirée du 26 mai dernier, le Tell-All Affidavit de Vimen Sabapati avait détaillé une série d’allégations dénonçant des liens entre des membres de l’ADSU et des parrains de la mafia. Aucune réaction. Quinze jours après, une opération Somey KC s’empare des Police Headquarters, pointées du doigt directement par ce même document légal.
La teneur de cet affidavit, appuyée avec cet enregistrement, donne froid dans le dos du citoyen lambda. Mais les réponses pompeuses et non trompeuses à l’Assemblée nationale sur les saisies de drogue servent de Kadna sur des « decisions taken without proper scrutiny ».
Par contre, depuis le 27 juillet 2018, bientôt cinq ans, le gouvernement dispose entre ses mains d’un puissant instrument relevant des Checks and Balances pour contrer des risques « when high standards of behaviour are not enforced ». Le rapport de l’ancien juge de la Cour suprême, Paul Lam Shang Leen, s’était donné pour objectif de redonner à la lutte contre la prolifération de la drogue ses lettres de noblesse.
Paul Lam Shang Leen, qui a fait carrière au sein du judiciaire, instance assumant « a more significant role as a check on the executive », avait préconisé la mise sur pied de la National Drugs Investigation Commission (NDIC) pour remplacer l’Anti-Drug and Smuggling (ADSU), probablement usée après une quarantaine d’années Lor Koltar.
Le philosophe Blaise Pascal, dont on fêtera le 19 juin sa naissance il y a 400 ans, n’a-t-il pas dit que « le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point ». Jusqu’ici, le gouvernement aura probablement mis à exécution presque 99% des recommandations du rapport. Mais l’ADSU demeure intouchable. Without Checks and Balances. So, Government decides, aurait dit l’autre.
La NDIC, avec la sagesse d’un juge à sa tête, aura probablement eu pour effet de mater la fougue du policier dans l’exercice de ses fonctions, surtout dans une tentative de rassurer la population contre des abus en tous genres tout en imposant le respect des membres des forces de l’ordre.
Mais avec le tollé s’annonçant dans le sillage du Pendrive Showtime du Tell-All Affidavit, les Police Headquarters se retrouvent cadenassés à cet extrait du poète perse du XIIe siècle, Nizami : « Qui sème le vent récolte la tempête … »