Vraiment surpris que la mafia continue d’agir en toute impunité ? Il ne faudrait pas. Ici même et, en pas moins de deux occasions, nous avions désigné ce qu’est devenu ce pays : une mafialand où politique, police et caïds ne faisaient plus qu’un pour tuer nos jeunes, les transformer en zombies incontrôlables qui menacent leurs parents et mêmes leurs grands-parents.
Les récentes révélations sur les liens entre l’ADSU et certains individus peu recommandables et ceux de la SST avec des trafiquants ne viennent que confirmer qu’il y a, entre eux, une complicité active et que tous les organismes de l’État sont définitivement pourris. Entre ces deux départements de la police qui sont devenus concurrents, chacun cherchant à défendre et à protéger son territoire, il y a, comme pour ce gouvernement MSM et ses obséquieux laquais, cette fameuse politique de « nou dimounn sa », « nou bann ».
Les éléments de l’ADSU se font payer leur « protection money » en échange de nombreux « services » et de renseignements sur les cibles et les activités de la SST qui, elle, s’est transformée en bras exécutif du MSM pour piéger, persécuter et essayer de mettre hors circuit ceux qui se dressent sur la route de Pravind Jugnauth.
Tout dans le comportement des protagonistes de ce film d’horreur conforte la thèse d’une puissante mafia. Lorsque la commission d’enquête avait préconisé le démantèlement de l’ADSU, le gouvernement l’avait ignoré. On n’a jamais su pour quelles raisons exactement, la réponse étant juste non. Une posture qui avait déjà fait penser que les grands discours sur la croisade contre la drogue ne reposaient que sur du vent.
En effet, quel peut être le motif d’un refus d’une recommandation explicite et centrale d’une commission d’enquête si ce n’est protéger ceux qui sont à la tête de l’ADSU et de cautionner leurs dérives ? Et lorsqu’on sait que cette commission d’enquête présentée comme l’ultime illustration de la détermination du gouvernement à combattre le trafic de stupéfiants a coûté autour de Rs 70 millions, on est en droit de se demander ce que l’on fait de nos sous.
Cinq ans après la publication du rapport Lam Shang Leen présenté comme l’oeuvre qui allait terrasser pour de bon les trafiquants de drogue, mais qui avait, faut-il le rappeler, clairement désigné des membres du MSM comme de vrais proches de caïds, qu’est-ce qui a vraiment changé si ce n’est que la mafia s’est renforcée, qu’elle a infiltré tous les services du gouvernement, surtout ceux qui sont sous la responsabilité de son chef lui-même.
Et lorsque la police déraille, on est droit de penser et de s’attendre que les autres agences, peuplées de nominés politiques grassement payés, prennent rapidement le relais. Non, elles aussi se sont donné pour unique mission de traquer ceux qui dénoncent les travers de ce gouvernement.
Pour un Premier ministre qui se vantait en public de disposer d’un radar qui le permettait d’identifier les supposés trafiquants dans le giron de l’opposition, c’est inadmissible que lui, de surcroît ministre de l’Intérieur, n’ait jamais eu des échos de ce dont tout le monde discutait : les liens avérés de la mafia avec la police et l’impunité dont ont joui des trafiquants notoires et la protection qui était ouvertement accordée à certains caïds.
Comme nous le relevions ici même, les liens étroits d’un Franklin avec les politiques étaient connus dans la région de l’ouest. Et l’on s’est étonné que le gouvernement du « gran kaser lerin » des trafiquants de drogue ait pris son temps pour coopérer avec l’administration réunionnaise qui le réclamait avant et après sa condamnation pour trafic de drogue sur le territoire français. Le cerf du terrain de chasse est passé par là, voyons !
Tout dans le dossier Franklin puait la connivence et la distribution abondante de cadeaux à des flics ripoux et des politiques complices. Il n’y a qu’à voir ou à revoir cette vidéo du trafiquant condamné à La Réunion s’asseoir comme un invité VIP dans la salle du poste de police de Rivière Noire en compagnie de son clown de service Nico Le Mimi. Et ce policier, enthousiaste et excité, qui filme la « vedette » et qui ne peut s’empêcher de l’envoyer en instantané à son épouse. Si c’était un épisode de vidéogag, on aurait ri, mais il s’agissait là de l’illustration même de la dérive mafieuse de la police de Pravind Jugnauth.
Après tout ce qui s’est passé, la faillite de la police, les échecs à répétition de son ICAC de pacotille, dans une démocratie qui se respecte, le peuple se serait attendu d’un homme d’honneur qu’il se démette et qu’il passe la main à un autre. Un peu comme ce Boris Johnson qui, vendredi, a rendu son tablier de député, provocant ainsi une partielle après avoir été contraint, en septembre 2022, de quitter le poste de Premier ministre suivant le scandale du « partygate », les fêtes organisées pendant les restrictions sanitaires. Et ce n’est même pas le dixième de ce qui est reproché au Premier ministre de la République de Maurice.
Comme on sait qu’il va s’accrocher jusqu’au bout en attendant que le peuple décide de son sort, il va peut-être falloir nommer des juges antimafia comme en Italie qui superviseraient le travail de la brigade antidrogue et qui se pencheraient aussi et surtout sur le patrimoine-des responsables et agents ayant travaillé à l’ADSU et à cette Special Striking Team, à Rivière Noire-et de leurs proches, biens immobiliers, ici même et à l’étranger, parce que certains parlent de villas à Dubaï et ailleurs, voitures et autres objets de luxe. C’est la seule manière d’en finir avec la mafia. Mais, là aussi, ne soyons pas trop optimistes.
PS : Après tant d’années de fidélité à ce rendez-vous hebdomadaire, je me vois dans l’obligation de prendre un petit congé, le temps d’une intervention chirurgicale à l’œil qui n’est pas possible ici faute d’un suivi des textes votés en 2018 sur le don et la transplantation d’organes. J’espère néanmoins vous « revoir » très vite. À bientôt.