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MCINE : le « Simin Zetwal » de David Constantin déjà lauréat de quatre prix internationaux

La projection en avant-première de Simin Zetwal, le second long-métrage de David Constantin, a eu lieu jeudi au MCiné de Port-Louis. Le film sera à l’affiche des salles de ce circuit, et donc à Trianon, Curepipe, Port-Louis et Flacq, à partir du 24. Présenté par son réalisateur à divers festivals mondiaux depuis octobre 2022, Simin zetwal débarque déjà auréolé de quatre distinctions étrangères !

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Simin Zetwal arrive donc à Maurice après un brillant parcours dans les festivals internationaux. Ce long-métrage mauricien a d’abord été projeté en première mondiale, en octobre 2022, au Warsaw International Film, en Pologne. Depuis, Simin Zetwal a déjà décroché quatre prix : le Prix du Meilleur montage aux Journées cinématographiques de Carthage (Tunisie), le Bronze Award et le Fipresci Award (Prix de la Critique) au Luxor African Film Festival (Égypte) et une Mention spéciale du jury au FESPACO (Burkina Faso).
Mais c’est loin d’être la fin d’un parcours si bien entamé ! Simin Zetwal continue en effet sa tournée et sera en compétition dans cinq festivals internationaux prochainement, soit le Festival du film de Khourigba (Maroc), le festival Vues d’Afrique (Montréal), le Festival cinémas d’Afrique (Angers), le Festival des cinémas d’Afrique de Lauzanne (Suisse) et le festival Africajarc (France).

Pour son deuxième long-métrage (son premier, rappelons-le, était Lonbraz Kann – 2013), David Constantin a choisi une fiction qui se déroule la nuit dans la banlieue… Dans une cité ouvrière de Maurice, le vieux Bolom a disparu. Son fils Ronaldo part à sa recherche. Il croise la route d’Ajeya, une ouvrière immigrée indienne. Lui se rêve une vie de golden boy; elle fuit sa condition d’esclave moderne. Ensemble, leur traversée nocturne de l’île prend une dimension nouvelle, entre quête mystique et envie de liberté…

Climat étouffant

Simin Zetwal est porté par un trio d’acteurs (Edeen Bugheloo, Jérôme Boulle et Sharonne Gah Roussety), trois êtres étouffés dans l’espace clos de cette petite île de l’océan Indien. Edeen Bugheloo tient le rôle principal, celui de Ronaldo, qui rêve d’un meilleur ailleurs. Il explique : « J’ai été immédiatement captivé par la trame de Simin Zetwal. J’ai même versé une larme après avoir lu le scénario la première fois. Simin Zetwal tient une place importante dans ma carrière d’acteur. C’est mon troisième long-métrage local, mais c’est le premier dans lequel j’assure le rôle principal. »

De sa collaboration avec le cinéaste mauricien, le jeune acteur déclare : « J’ai toujours voulu travailler avec David Constantin. J’étais très heureux que cette opportunité se concrétise et qu’il me contacte. Simin Zetwal aborde une réalité présente à Maurice et dans le monde entier. Cette réalité est vécue ou a été vécue par tout le monde. Les forces du film résident dans son esthétique visuelle, ses magnifiques paysages, sa représentation de la culture mauricienne, une histoire touchante et un message puissant. »

C’est à Sharonne Gah Roussety que David Constantin a choisi de confier le principal rôle féminin de son film, lui donnant par la même occasion l’opportunité de débuter dans le cinéma. La jeune femme dira à ce propos : « Je n’en reviens toujours pas ! Simin Zetwal est mon tout premier film et je suis reconnaissante à David Constantin, qui a cru en moi. Je suis Ajeya qui se bat contre ses démons intérieurs. Sa rencontre avec Ronaldo sera le début d’une aventure incroyable. J’ai découvert le scénario alors que l’on était en plein confinement. J’ai été tout simplement bluffée par l’écriture de David ! » Elle ajoute : « Il nous pousse à requestionner notre rapport à notre île. C’est un fin observateur qui nous révèle le côté obscur et parfois mystique de notre pays. C’est un vrai passionné. Au bout de mon Simin Zetwal, il y a aujourd’hui le rêve d’une petite fille qui est devenu réalité, avec un premier rôle dans un film majeur. »

« Notre Ken Loach local… »

L’incontournable Jérôme Boulle, qui apparaît dans plusieurs réalisations de David Constantin, incarne Bolom, ce vieil ouvrier tourmenté et bourru qui peine à s’entendre avec son fils, Ronaldo. Simin Zetwal relève, pour lui, d’un véritable défi : « Le scénario m’a impressionné par sa portée philosophique, que l’on découvre quand on dépasse le premier degré de lecture. En vérité, chacun des personnages du film est dans une quête personnelle. Pour moi, le pari, c’était de transmettre à l’écran le monologue intérieur auquel se livre Bolom. Je ne sais si j’ai réussi… » L’acteur est un habitué du travail de David Constantin, ayant été à l’affiche de Lonbraz Kann en 2013. Pour lui, « David Constantin est un peu notre Ken Loach local ». Il poursuit : « De Bisanvil à Simin Zetwal, en passant par Chagos, Grat lamer et Lonbraz Kann, il nous fait des chroniques sociales mâtinées d’un brin de philosophie. Comme Michael Moore, l’action de ses films est ancrée dans l’actualité. Il ne décrit pas la vie au château et ne raconte pas l’histoire de personnages distingués. Ceux de David viennent de la classe ouvrière. Il démontre que le commun des mortels est un personnage, avec une histoire et des préoccupations qui retiennent l’attention. »

Le politicien et journaliste souligne : « David trace un sillon dans le jeune cinéma mauricien. Il serait intéressant que cela devienne un courant. Je souhaite que Simin Zetwal soit apprécié par le public mauricien et soit reconnu comme une étape importante dans la construction du cinéma mauricien. » Le principal concerné, David Constantin, relate pour sa part que : « Après Lonbraz Kann, en 2013, qui parlait du devenir d’un groupe de travailleurs de l’industrie sucrière au moment de la fermeture de leur usine, je me suis intéressé à cette autre génération qui n’a pas eu ce même rapport à la terre. Je voulais parler de ce que je vois du Maurice d’aujourd’hui. »

L’artiste ajoute : « Il ne reste qu’un petit chemin étroit pour essayer de trouver sa place dans ce pays. Un pays composé d’une multitude d’espaces clos hétérogènes qui se croisent et s’entrechoquent : les cités ouvrières, les villas de luxe, le bureau, la maison… mais aussi le rêve de richesse, la logique des communautés, des ethnies, des castes, des religions. Ils se télescopent avec d’autant plus de violence qu’ils nourrissent entre eux une défiance mutuelle. C’est un film qui occupe une place particulière dans ma filmographie. D’abord, c’est le premier long-métrage que j’écris seul. Donc, il est très proche de ce que j’aime au cinéma : insérer de la poésie dans une réalité sociale complexe. »

Pour rappel, en 2015, Lonbraz Kann avait également obtenu de nombreuses distinctions internationales. Le réalisateur se dit heureux de ce parcours : « C’est vrai que le film démarre fort ! Après Varsovie, où nous avons fait notre première mondiale, nous avons été sélectionnés dans différents festivals de référence. Cela ne fait que six mois que le film est dans le circuit et d’autres festivals arrivent derrière. Être sélectionné est déjà une immense récompense. Le cinéma africain, aujourd’hui, n’a rien à voir avec l’idée qu’on peut s’en faire ici. C’est un cinéma exigeant et de très grande qualité. Arriver à se trouver une petite place au milieu me suffit déjà amplement ! »
Rendez-vous donc dans les salles de MCiné dès le 24 mai pour découvrir ce Simin Zetwal plein de promesses !

 

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