Rodrigues a perdu l’un de ses fils les plus illustres en la personne de Karl Allas. Pendant plusieurs décennies, il a été un leader social et culturel incontesté. En tant que leader des forces vives, il était un porte-parole de la communauté rodriguaise.
Il a choisi d’agir sur un plan patriotique plutôt que politique, travaillant volontairement, sans compter les heures, les jours et les années pour accompagner le peuple. De cette façon, il a donné un statut noble à l’activisme social et culturel.
Karl Allas était un digne représentant du peuple rodriguais, doublement élu dans son village, et ensuite plébiscité par l’assemblée des élus d’autres villages, pendant plusieurs années consécutives, pour diriger ce qu’on appelle « le Parlement social de Rodrigues ».
Au cours de son mandat, il a mobilisé la population autour de nombreux projets d’envergure tels que celui d’agent de santé communautaire, un projet social et de santé qui s’attaque à de nombreux fléaux majeurs de notre société, celui d’un bassin, le logement social, le Trust Fund et de nombreux autres projets d’infrastructure sociale.
Sur le plan culturel, il a été la pierre angulaire d’un certain éveil à travers le groupe d’artistes dont il était l’animateur principal. Avec ses amis Marcel Flore et Jacques Pierre-Louis, entre autres, il promeut musique et danse traditionnelles, et contribue à la formation de troupes culturelles dans toute l’île. Il a été un brillant enseignant d’école primaire et a gravi les échelons pour devenir un directeur d’école, puis un inspecteur des écoles. Et c’est grâce à son talent d’enseignant qu’il participe activement à la campagne de valorisation culturelle et de fierté de notre identité. Karl Allas a également été vice-président du comité d’organisation du Festival créole de 2003 à 2006, et membre de l’organisation de la Journée Rodrigues en même temps.
Avant l’avènement de la télévision dans les années 1990 et de l’autonomie dans les années 2000, la vie à Rodrigues tournait autour de la communauté et la culture. Et Karl Allas en était la cheville ouvrière. Non seulement populaire, il a été un homme digne, respectable et respecté, et surtout un bon diplomate. Il savait comment éviter les conflits, préférant rapprocher les gens.
Karl Allas était présent dans de nombreux autres contextes, toujours comme bénévole. Son dernier projet était la création de la Rodrigues Unity Organisation pour mobiliser une aide financière en faveur des personnes qui doivent être traitées à l’extérieur du pays.
Nombreux sont les Rodriguais qui espèrent que son nom sera donné à un bâtiment important ou une route. Ou que seront créés des institutions et des prix en sa mémoire afin d’inspirer les générations futures et encourager les jeunes à valoriser leur appartenance à leur île.