Premier Mai

— Alors c’était comment ?
– Comment c’était quoi ?
– Le meeting du 1er Mai, enfin !
– Pourquoi tu …
– Je sais que tu as été avec ton bonhomme. Vous êtes devenus des chatwas, vous aussi ?
– Comment tu peux dire ça ! On a été obligé d’aller, toi.
– Ah bon ! Et pourquoi ?
– Tu sais, la compagnie où mon bonhomme travaille a eu des contrats avec le gouvernement. On lui a fait comprendre que s’il voulait avoir d’autres contrats, il avait besoin de marquer sa présence à Vacoas. Mais on est resté un petit moment même : on n’a pas fait les défilés, tout ça, nous.
– On m’a dit qu’il y avait des défilés de grosses berline avec des pavillons orange. Un quelqu’un a dit qu’il croyait que BMW sponsorisait le meeting.
– C’est vrai qu’il y avait pas mal de grosses voitures. On a croisé des autobus, pas du tout remplis, ça je peux te dire.
– Tu as été voir la tente des rejects ?
– La tente des quoi ?
– Tu n’étais pas au courant ? Au meeting du MSM, il y a avait une tente un peu en dehors de le tente des…
– …la tente des VIP, tu veux dire ? Non, on est resté derrière même, nous.
– C’était comme un stand où on exposait tous ceux qui ont quitté leur partis politiques pour adhérer au MSM.
– Les transfuges, tu veux dire ?
– Ils ont beaucoup de noms gâtés : transfuges, chamcha, venders, soucères maillots et chatwas. Quelqu’un sur Facebook les appelle aussi les rejects de la politique que le MSM a ramassés. On a même vu sous cette tente le tout dernier chamcha de la bande.
– De qui tu veux parler, il y a eu tellement de… chamchas, ces temps derniers…
– Tu le connais, il était tout le temps sur les radios : c’est ce jeune Mauricien qui parle français avec un accent, qu’est-ce que je vais te dire !
– C’est pas lui-même qui a quitté le MMM parce qu’il ne pouvait pas faire de la politique, à cause de son travail ?
– Lui-même !
– Mais si son travail l’empêche de faire de la politique, comment il peut aller dans un meeting MSM ?
– Tu sais : quand on est avec le MSM, on peut tout faire dans ce pays ! Déjà du temps de SAJ, on disait « gouvernement dans nous la main ! »
– Mais si c’était la tente des transfuges ? les trois oos étaient là, eux aussi.
– C’est qui les trois oos ?
– Tu ne sais pas que c’est comme ça qu’on surnomme Collendavelloo, Obeegadoo et Gannoo au MSM ?
– Je ne savais pas. Mais ma chère, eux, ils sont des chatwas premier grade qui ont affaire directement avec Pravind et la kwizinn. On ne peut pas les mettre ensemble avec les chatwas dernier grade.
– Ou ils étaient, alors, au meeting ?
– Mais sur la scène, toi ! Ils battaient la main pour tous les discours, plus fort évidemment pour celui de Pravind. Ils ont même applaudi Maneesh Gobin, l’Attorney General.
– Ah bon, mais on avait dit qu’il n’allait pas causer au meeting.
– Il n’a pas causé : le secrétaire national du MSM n’a pas eu le droit de prendre la parole au meeting du 1er Mai.
–C’est vrai qu’avec cette histoire de bribes, de chassé et carry cerf à Grand-Bassin, il valait mieux qu’il fasse profil bas… Mais dis-moi un coup : s’il n’a pas causé, pourquoi est-ce qu’on l’a applaudi ?
– On l’a applaudi parce qu’il a dansé, ma chère !
– Ne me dis pas : l’Attorney General a dansé sur la scène du meeting du MSM ? Vraiment, on peut voir de tout à Maurice ! J’espère qu’il sait danser au moins ?
– Je préfère ne pas faire de commentaires. Je vais t’envoyer la vidéo, tu vas voir par toi- même.
– Tout ça il y a eu au meeting ! On était sur place et on n’a rien vu de tout ça. Tu sais plus que moi sur tout ce qui s’est passé à Vacoas et pourtant tu es restée chez toi.
– C’est vrai. J’ai assisté au meeting depuis chez moi sur les réseaux sociaux. Et je ne te dis pas les commentaires des internautes ! Tiens, je vais te donner un exemple.
– Quel exemple ?
– Un internaute a écrit que le MSM pourrait ouvrir un cirque.
– Pourquoi ?
– Parce qu’il a un ministre chanteur, celui de la Santé ; un danseur, l’Attorney General ; pas mal de bouffons pour faire leur comique et même la sonorisation.
– La sonorisation ?
– Mais oui, toi : le MSM a, en plus, son propre loud speaker !
– Comme disent mes enfants : pas facile avec toi !

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