Le Guide - Législatives 2024

Pravind Jugnauth lors du 1er-Mai :« Nous irons jusqu’à la fin de notre mandat »

  • Il accuse l’opposition d’être associée à la mafia de la drogue et des courses hippiques; « Les masques vont tomber », lance-t-il
  • À l’attention de Ramgoolam, le leader du MSM affirme : « Biento ou pou kone kot pou anway li ! »

L’Alliance Morisien a renoué avec les meetings publics en réunissant plusieurs milliers de personnes – aux dires du leader du MSM, Pravind Jugnauth –, non seulement pour célébrer la Fête du travail, mais également pour marquer le 40e anniversaire du MSM. Même si le Premier ministre a annoncé qu’il ira jusqu’au bout de son mandat de cinq ans, c’est-à-dire jusqu’à l’année prochaine, il a donné le ton en vue d’une campagne électorale avec des attaques dirigées essentiellement contre le Ptr et le MMM, ainsi que leurs leaders, respectivement Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. « Les masques vont tomber », a-t-il lancé, en associant ces partis à la mafia de la drogue et des courses hippiques.

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À l’attention de Navin Ramgoolam, il affirme que « biento ou pou kone kot pou anway li », alors qu’il est revenu à la charge contre Paul Bérenger en l’accusant d’avoir touché un chèque de Rs 10 millions de Dawood Rawat, directeur de l’ex-BAI. Le meeting, qui était présidé par Joe Lesjongard, avait vu des interventions de Soodesh Callichurn, Renganaden Padayachy, Fazila Daureeawoo, Leela Devi Dookun-Luchoomun ainsi que Steven Obeegadoo, Alan Ganoo et Ivan Collendavelloo. La parole n’a toutefois pas été accordée au secrétaire général du MSM, Maneesh Gobin.

Pravind Jugnauth a rappelé que c’est à Vacoas qu’a été créé le MSM, en 1983. « C’est pourquoi cette ville est un grand symbole pour le MSM », dit-il. Il a également rendu hommage à feu sir Anerood Jugnauth.

« C’est aussi l’occasion de célébrer les 40 ans d’existence de ce parti. C’est ce parti qui a contribué aux plus grands progrès, que ce soit au niveau économique ou social. Je voudrais rendre hommage à sir Anerood. Lorsqu’il avait pris les rênes du pays, le Ptr avait mis ce pays dans un précipice. Il y avait de la misère, personne ne croyait en l’avenir de ce pays, et beaucoup de personnes avaient quitté Maurice pour bâtir leur avenir ailleurs. Il avait une vision. Il a été sincère envers ce pays. Devant le progrès accompli, le monde a appelé cela le miracle économique mauricien. Là où il est, il doit être heureux de voir ce meeting » a-t-il poursuivi.

S’attaquant à ses principaux adversaires , en particulier le Ptr, le Premier ministre a déploré qu’un parti « né dans la lutte de la classe des travailleurs soit absent sur le terrain en ce 1er mai. » Il ajoute qu’« ils ne peuvent mobiliser leurs partisans. Zot ti pou gagn onte si zot ti fer enn meeting. » Il a aussi fait état des dissidences et des critiques des activistes et des dirigeants contre le leadership de Navin Ramgoolam, qu’ils considèrent « indigne », selon lui, d’être leader de ce parti.

Pravind Jugnauth révèle que le Ptr avait réservé deux endroits pour organiser son meeting, soit à Port-Louis et Saint-Pierre, ajoutant que dès que le choix d’organiser le meeting de l’Alliance Morisien à Vacoas a été annoncé, le Ptr a été avisé que Port-Louis était libre. « Mais il n’a pas été de l’avant. » La Plateforme de l’Espoir n’a fait « aucune réservation de place », tout en critiquant le MMM, « dont le leader est né dans le syndicalisme ». Il estime ainsi que le MMM « est devenu un petit parti », qui plus est « plus faible que jamais » et il dit savoir que le Ptr lui aurait offert 15 sièges pour les prochaines élections générales, mais qu’en vérité, « il ne mérite pas plus de 10 tickets ».

Justice sociale

Pravind Jugnauth est revenu sur le bilan de son gouvernement en matière de justice sociale, soit l’introduction du salaire minimum de Rs 13 075, « alors qu’il était de Rs 1 500 dans le gouvernement précédent » (2005-2014, Ndlr), la révision à la hausse des pensions et le fait que la MRA ait accordé une assistance financière à une catégorie de travailleurs.
Il a aussi évoqué l’introduction de la gratuité au niveau des universités publiques et de l’éducation préscolaire, en vigueur l’année prochaine. Pour lui, les mesures sociales introduites par le gouvernement ont permis à la population « d’empocher Rs 125 milliards ».

Pravind Jugnauth a commenté les conséquences de la pandémie du Covid-19, notamment un frein à la croissance et ajoute que la guerre en Ukraine n’a pas facilité les choses, avec la hausse des prix des commodités de base et la hausse de l’inflation. Il a par ailleurs parlé des subsides introduits sur les commodités de base afin d’alléger le fardeau des personnes les plus vulnérables, mais aussi de l’allocation de Rs 1 000 pour ceux touchant jusqu’à Rs 50 000.

Concernant l’augmentation de la pension de vieillesse, il rappelle que celle-ci est à Rs 11 000. « Nou ena ankor letan, pa kone ki pou arive pli divan ! » dit-il. À ce propos, il accuse le Ptr de considérer la hausse de la pension de vieillesse comme bribe electoral, non seulement devant la Cour suprême, « mais maintenant devant le Privy Council ». Concernant cette affaire qui fait suite à la contestation des élections dans la circonscription No 8 en 2019, il explique qu’il ne fera pas de commentaires, et qu’il est « serein ».

Il est ensuite revenu sur l’entrée en opération du métro qui, selon lui, démontre la capacité de son gouvernement à exécuter des projets. À ce propos, il a parlé du prolongement du métro vers Réduit et, bientôt, vers Côte-d’Or et Saint-Pierre. À Curepipe, le métro sera prolongé jusqu’à La Vigie et, éventuellement, vers le Sud. Le projet Victoria Urban Terminal sera répliqué à Rose-Hill, Vacoas, Quatre-Bornes et Curepipe tout en faisant mention du projet de construction de 8 000 maisons.

Au chapitre de la drogue, Pravind Jugnauth a accusé le Ptr d’avoir « protégé les barons de la drogue » entre 2005 et 2014, leur permettant d’amasser des milliards, selon lui. Il accuse également des avocats du Ptr et du MMM de « défendre les trafiquants » de drogue. Tout en rappelant qu’une valeur de Rs 14 milliards de drogues a été saisie par son gouvernement et que des arrestations ont été effectuées.

Il a en outre rejeté les accusations concernant les atteintes à la démocratie, estimant qu’il y a « un abus de la démocratie sur les réseaux sociaux ». Il s’est cependant réjoui qu’une institution comme l’ Economist Intelligence Unit ait, dans son dernier Democracy Index, classe Maurice à la 21e place dans le monde. Tout en reprochant aux USA, « qui sont 30e » de « dire des faussetés sur Maurice » dans le rapport publié par le département d’État. « Ils auraient dû balayer devant leur porte », trouve-t-il.

Délimitation du territoire mauricien

Évoquant le jugement de l’ITLOS, concernant la limitation du territoire mauricien, Pravind Jugnauth s’est réjoui que la Cour ait non seulement dit que les Chagos appartiennent à Maurice, mais que le territoire maritime de Maurice a été démarqué. « Ce jugement est Binding et, désormais, tous les pays dans le monde doivent le respecter », répète-t-il.

Il a conclu son intervention en lançant des attaques contre l’opposition, qu’il accuse d’être associée à la mafia de la drogue. « Il y a tellement eu de saisies que les revenus des partis de l’opposition diminuent », a-t-il déclaré.
Le Premier ministre a aussi évoqué la coopération entre les îles de l’océan Indien pour combattre le trafic de drogue. « Bann mafia kouma mous zonn. Zot pe finans lopozision », allègue-t-il. Il dit aussi que « des mafias opéraient dans les courses hippiques », avant de dire avoir fait son travail « avec conviction ».

Pour lui, l’opposition comprend « des corrompus, des voleurs et des fraudeurs, qui pratiquent le blanchiment d’argent ». Tout en promettant que « les masques vont tomber », il a accusé le leader du MMM d’avoir obtenu de l’argent de Dawood Rawat. Quant à Navin Ramgoolam, il a affirmé que celui-ci « n’a pas encore expliqué où il a obtenu ses Rs 220 millions », qui ne sont plus qu’en « gadjak ». Il promet à son propos : « biento ou pou kone kot pou anvway li ! ».
Il a finalement affirmé que l’Alliance Morisien « est une alliance soudée » et que son objectif est « d’amener le développement et des projets » tant au niveau économique que social. « Ce gouvernement ira jusqu’à la fin de son mandat », a-t-il fait comprendre.

Plein emploi

Soodesh Callichurn estime que le pays connaît le plein-emploi et qu’il manque de travailleurs. Il a par ailleurs annoncé un alignement des salaires dans les secteurs couverts par les Remuneration Orders, comme c’est le cas pour le PRB.

Fazila Daureeawoo a parlé des mesures sociales au niveau de son ministère.
Renganaden Padayachy a évoqué les mesures prises au niveau de la protection de l’emploi et des personnes vulnérables pendant la pandémie. Leela Devi Dookun est revenue sur la réforme dans le secteur de l’éducation.
Prenant à son tour la parole, Ivan Collendavelloo a estimé que, « sans l’unité dans l’Alliance Morisien, il n’y aurait pas pu avoir l’unité des travailleurs ». Après quoi il a souligné l’importance de « l’unité gouvernementale autour d’un Premier ministre qui inspire la décision politique ».

Il a ensuite rappelé que la Plateforme Militante, le Mouvement Patriotisme et le Movman Liberater « sont ensemble dans un même combat ».

Pour sa part, Alan Ganoo a fait une sortie « contre ceux qui font des allégations », mais aussi contre Paul Bérenger, « qui s’agrippe à la braguette de Duval » et à la presse, « qui est contre le gouvernement ». Pour Steven Obeegadoo, le programme des militants est « incompatible avec l’entrée de Duval dans le gouvernement, et l’arrivée de Navin Ramgoolam comme Premier ministre ».

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