Après Ramapatee Gujadhur, c’est au tour de l’entraîneur Patrick Merven de mettre la clé sous le paillasson. Patrick Merven l’a annoncé à Le Mauricien, hier après-midi. Une décision prise selon lui, après mûre réflexion et déjà communiquée au président du Mauritius Turf Club, Gavin Glover, et à l’un de ses propriétaires les plus influents Paul Foo Kune. Tout comme le MTC, Paul Foo Kune était Targetted par la Gambling Regulatory Authority et son principal animateur, Dev Beekharry qui avait intimé à l’ex-Integrity Officer, Paul Beeby de le surveiller de près. Selon les premières informations disponibles, Paul Foo Kune aurait déjà signifié son intention de vendre ses chevaux pour s’accorder une période sabbatique.
Le départ de Patrick Merven était de plus en plus probable dans un environnement plutôt hostile à ses deux principaux propriétaires Paul Foo Kune et Gavin Glover. Ces derniers ne sont pas en odeur de sainteté du côté du magnat des paris, Jean-Michel Lee Shim, et People’s Turf Plc.
Contacté hier après des rumeurs incessantes, Patrick Merven s’est confié à Le Mauricien : « Depuis un certain temps déjà, l’idée de jeter l’éponge me trottait dans la tête. J’ai longtemps réfléchi, surtout depuis l’annonce que les barèmes de Stakes Money ont été réduits de 50%. J’ai travaillé sur les chiffres et je suis arrivé à la conclusion que la meilleure décision était de fermer boutique. Ce matin, j’ai pris mon courage à deux mains pour annoncer ma décision au président du MTC Gavin Glover et à Paul Foo Kune qui, comme vous le savez, est mon plus gros propriétaire. Ma décision est irréversible. Ce n’est pas de gaieté de cœur que je l’ai prise et croyez-moi cela me fait de la peine car j’ai toujours vécu dans cet environnement extraordinaire. Bon gré, mal gré, j’ai réussi à vivre et à survivre. Mais aujourd’hui, les données ne sont plus les mêmes et je ne peux prendre un tel fardeau sur mes épaules. Au fait, je savais que tôt ou tard, le couperet allait tomber. L’écurie Patrick Merven n’est rien comparativement à l’institution qu’est l’écurie Gujadhur qui a dû fermer boutique après 118 ans d’existence. Du reste, j’ai téléphoné à Ramapatee Gujadhur pour lui annoncer ma décision ».
Trois jockeys champions sous sa férule
Patrick Merven a débuté sa carrière au Champ de Mars en 1995 sous les couleurs de l’écurie Wahed Essa avant de passer Freelance Trainer en 1996, quand il a enregistré sa première victoire avec Travel Talk lors de la journée internationale. Il n’avait participé qu’à 40 courses au cours de cette saison où les chevaux de son écurie ne pouvaient courir que lorsqu’une des autres écuries n’avaient pas de partants. En 2005, Patrick Merven avait fait une pause pour des raisons personnelles avant de revenir deux plus tard.
Durant son passage au Champ-de-Mars, il a entraîné quelques très bons coursiers, tels Home Style (Ecurie Wahed Essa), Liquid Motion et Beat The Retreat, mais sa victoire la plus émotionnelle a été celle enregistré par City of Choice, monté par Cédric Ségeon le jour où son fils Camille fêtait ses dix-huit ans en 2013.
« Je n’oublierai jamais cette victoire. C’est une course que j’avais personnellement visée et lorsque nous avons été cherchés City of Choice sur la piste, Camille m’a dit : Papa, je suis sur un nuage. Il était si heureux qu’il avait perdu le sens des réalités. C’était vraiment une belle victoire et aujourd’hui encore quand j’en parle, j’ai les larmes aux yeux » raconte Patrick Merven.
Il n’a jamais été couronné entraîneur champion, mais trois de ces plus brillants jockeys, à savoir Guillermo Figueroa, Cédric Ségeon et Imran Chisty ont été sacrés champions sous sa férule, ce qui est un exploit en soi.
« Une décision difficile à prendre »
« Je pars non parce que j’en ai envie, mais tout simplement parce que les données ne me permettent plus de poursuivre ma carrière d’entraîneur entamée depuis 1995. C’était une décision très difficile à prendre. Avec les Stakes Money qui ont été réduits de façon drastique, il est impossible de tenir seul le fardeau financier. Je me demande comment les entraîneurs font. J’aimerai bien le savoir ! Peut-être, auraient-ils pu nous aider pour tenir le coup. Quel est leur Business Plan ? Comment font-ils pour payer les jockeys, la nourriture des chevaux, les palefreniers, les traitements des chevaux ainsi de suite avec ces modiques dotations ? J’aimerai qu’on m’explique cette formule magique », commente un Patrick Merven à la fois ému et déçu.
Durant sa très longue carrière, Patrick Merven a participé à 4 327 courses sous l’égide du MTC et il en a remporté 438 et s’est placé en pas moins de 1 437 occasions, remportant un total de Rs 97 387 550. Sa plus belle moisson a été réalisée lors de la saison 2014, avec Rs 12 523 000 avec 47 victoires et 149 placés.
Patrick Merven continuera à s’occuper de ses chevaux jusqu’au 31 mars. À hier, l’entraîneur, qui était jusqu’à tout récemment, le président de l’association des entraîneurs, avait les chevaux suivants toujours sous sa charge : Hubble 71, Padre Pio 66, Cartel Boss 62, Red Mars 53, Trip To The Sky 51, Var’s Elusion 46, Carlas Mambo 38, Arlington Revenge 36, Imperial Rage 33, Liquid 33, Viking Trail 31, Nimitz 30, Betathantherest 28, Secret Circle 27, Star Of Zeus 24, Anderson 22, Xanthus 22, San Andreas 21, Charlie Squadron 20 et les nouveaux: Alpine Challenge, Bon Voyage, Captains Consort, Gaudis Masterpiece, Superior Force et Xavion.
Il se chuchote que ceux appartenant à Paul Foo Kune seront proposés à la vente car le propriétaire ne semble plus disposé à courir sous la bannière PTP. Il prendrait alors un congé sabbatique en des jours meilleurs. Quant aux autres propriétaires, certains migreront vers d’autres entraînements ou chercheront aussi des acquéreurs.
Affaire à suivre avec la saison Soy tardant encore à démarrer…
PTP se prépare à affronter d’éventuelles pluies
La People’s Turf Plc est bien décidée à ne pas se laisser déborder par la pluie cette semaine car un nouveau renvoi serait catastrophique pour l’organisateur exclusif des courses en cette année 2023.
A cet effet, des mesures sont en voie d’exécution pour protéger la piste de tout débordement. Ainsi le long de la rue Eugène Laurent, là où l’eau est susceptible de pénétrer sur la piste en ligne droite finale, des sacs de sable ou de Rocksand ont été empilés sur le trottoir, avant d’être déplacés juste à l’arrière, sur le gazon des spectateurs, pour ne pas gêner les piétons, notamment dans le prolongement de la rue Corneille, près de l’arrivée et à la sortie du paddock du MTC.
Des travaux de fouille d’un drain le long de la piste en sable au niveau de la rue du Gouvernement étaient également en cours pour parer à toute éventualité.