La pression a fini par avoir raison du ministre des Sports, Stephan Toussaint. Sa décision de dissoudre le comité directeur de la Mauritius Football Association (MFA) le 2 mars a été revue vendredi. La Fédération internationale de football associations (FIFA) ayant pris l’avantage en brandissant la menace internationale pour faire reculer Stephan Toussaint qui, pourtant il n’y a pas longtemps, semblait tenir ferme.
Le vent a donc tourné avec également cette carte sortie de nulle part par le Comité olympique mauricien (COM). Celle de faire croire que l’ensemble des sports olympiques locaux pourrait, à son tour, faire les frais d’une suspension du Comité internationale olympique ! Alors que son président, Philippe Hao Thyn Voon, peinait pourtant, il y a deux semaines, à justifier l’absence d’un de ses membres au sein du Temporary Committee mis en place par le ministère des Sports ! Forcément, le week-end passé a porté conseil ou plutôt permis à certains de donner un sacré coup de main au voisin !
Au même titre, les forces obscures et malsaines, agissant en toute impunité à l’intérieur du gouvernement, peuvent commencer à jubiler. Car, ce n’est pas uniquement le sport qui a perdu sur ce coup-là, 55 ans après notre indépendance, mais bien tout le pays ! Preuve qu’on peine, des décennies après, à se débarrasser de ce vulgaire et dénigrant “nou bann” ou encore de ce “sakenn bizin protez so montagn”.
Peu importe ce qu’en diront d’autres, on continuera, nous, à appeler un chat, un chat ! N’en déplaise à certains de nos politiciens qui pensent être capables à faire avaler toute sorte de couleuvre, au même titre que ceux de la MFA et de la FIFA. Aux corbeaux plumés et mal coiffés peut-être ! Ceux-là mêmes qui pullulent sur la place publique et qui ont décidé de prendre fait et cause en faveur d’une association qui souffre gravement à l’échelle des valeurs. Au lieu, malheureusement, de comprendre le fond même du problème et le vrai sens du débat.
Posons-nous d’ailleurs cette question fondamentale : c’est quoi l’autonomie ? C’est la liberté de se gouverner par ses propres lois, d’être libre, indépendant, self-déterminé, selon le Larousse. C’est un principe sacro-saint auquel on ne peut et ne doit imposer quoi que ce soit. C’est justement cette autonomie de la MFA qui était questionnée par la FIFA suivant la posture du ministère des Sports.
Faut-il cependant savoir si autonomie signifie avoir carte blanche pour outrepasser les principes de la bonne gouvernance comme l’a fait la MFA. Ou encore abuser de ses droits et ignorer ses obligations et responsabilités. Peut-être que Gianni Infantino, président de la FIFA et juriste de profession, saura mieux répondre à ces interrogations.
Aussi, demanderons-nous à la FIFA et à ceux qui croient détenir le monopole de la pensée, ce qui est mieux pour le football local dans la conjoncture actuelle. Car, jusqu’ici, aucun des opposants à la décision gouvernementale n’a proposé une quelconque solution concrète et durable. Même si certains pensent de façon ridicule que se mettre autour de la même table pour se pencher sur la Sports Act 2016 et les statuts de la MFA permettra de guérir le football de tous ses maux !
Aux avertis et aux plus avisés de venir avec des réponses ou autres idées concrètes pour aider le football durablement. Ceux-là mêmes qui se cachent derrière des paravents préférant jouer aux voyeurs au lieu d’assumer leurs responsabilités !
Que fait-on alors dans ce cas de figure ? Selon la FIFA, le ministère des Sports devait révoquer sa décision et permettre au comité directeur de reprendre le contrôle total de la MFA. En d’autres mots, il faut le laisser tranquille, même si l’autonomie de la discipline a été violé à maintes reprises de l’intérieur par des actions très peu sportives !
Faut-il aussi savoir qui sanctionne la MFA pour ses écarts, afin de redonner un sens à cette autonomie si sacrée et ce, au nom de la démocratie ? La FIFA ? Certainement pas. Qui alors, si le ministère des Sports et sa loi sportive, donc le gouvernement, n’est même pas apte à appliquer sa loi sur son propre territoire ? Personne, même si nous avons — comme des déplumés — soutenu financièrement la MFA pendant des années par le biais des caisses publiques !
La façon dont la FIFA agit est déplorable. Elle qui prétend avoir chercher le dialogue dans l’intérêt de toutes les parties concernées, mais qui utilise tout de même un “one-way traffic”. Celui de la menace à travers toute sorte de diktats, considéré comme l’arme des faibles ! Elle qui impose une dérogation aux statuts dans le cas de la MFA, alors que les autres fédérations se sont, elles, conformées aux lois du pays tout en respectant celles de leurs fédérations internationales !
Si la FIFA aimait réellement le football, alors pourquoi n’avoir pas coupé la poire en deux dans le but de satisfaire tout le monde tout en essayant de comprendre la complexité d’un Etat souverain ? Aussi, faut-il qu’on nous explique le pourquoi de l’absence d’un trésorier ou d’un secrétaire au sein de ses associations membres ?
Au nom de la légalité et de la démocratie, l’instance internationale trouve-t-elle juste que ce soit une minorité de délégués qui décide à la place de la majorité ? Dans ce contexte, pourquoi la FIFA n’applique-t-elle pas le même principe à l’heure de ses propres élections ?
C’est dire que la MFA est bien partie pour durer. Et elle peut remercier, pour cela, la FIFA, visiblement pas disposées à faire des concessions afin de combattre l’opacité dans laquelle opère l’association de Trianon. Quitte à ce que, sportivement, l’histoire du football local continue à marcher dans les pas de notre malheureux dodo !