L’appréhension de l’effet domino sur les prix de vente des aliments
de base
Depuis le 1er février, la facture d’électricité connaît une majoration dans une fourchette de 19% à 29,5%, dépendant de la consommation. En s’appuyant sur une série de témoignages, on constate une hausse globale qui oscille entre Rs 200 et Rs 300 du côté des foyers les plus modestes ou issus de la classe moyenne. Dans une période où les climatiseurs fonctionnent à plein régime, les ménages aisés subissent forcément une charge supplémentaire importante qui varie entre Rs 800 et Rs 1200. Au niveau des commerces, tout semble indiquer que seuls ceux stockant une grosse quantité de produits surgelés, nécessitant une consommation de plus de 400 unités, ont été grandement impactés par cette majoration.
La principale raison ayant poussé le Central Electricity Board (CEB) à dégainer une majoration du tarif de l’énergie demeure « la flambée des prix des matières premières telles que l’huile lourde ou encore le charbon sur le marché international a affecté les coûts de production de l’organisme. » Un constat qui a vivement été contesté par l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM) et le député rouge Patrick Assirvaden, qui se sont fondés sur le fait que « le cours mondial de l’huile lourde est en baisse », selon eux, tout en s’interrogeant sur ce qu’il était advenu du surplus de Rs 15 milliards dans les caisses du CEB. Quelles ont donc été les premières répercussions sur le porte-monnaie des 59 948 ménages, 12 488 commerçants et 53 286 industriels que compte le pays ?
« Rs 50 000 en plus »
Si l’on se fie à la grille du pourcentage d’augmentation appliquée par le CEB pour les consommateurs, ceux qui utilisent entre 501 unités et 1000 unités mensuellement sont censés payer 21,8% en plus. Forcément, avec l’été et les grosses chaleurs qui l’accompagnent, la consommation de la climatisation est au summum. Les nombreux témoignages recueillis par Week-End auprès de cette catégorie d’abonné (13 000 environ) tendent à corroborer la grille brandie par le CEB. En moyenne, pour une utilisation d’environ quatre heures par jour du climatiseur, la facture d’électricité a augmenté de Rs 800. En revanche, les abonnés qui affirment se rafraîchir plus de quatre heures par jour, on peut constater une augmentation atteignant les Rs 1200.
En recevant leurs dernières factures au début du mois de mars, les ménages consommant moins de 300 unités ont constaté une hausse de l’ordre de Rs 200 ou Rs 300 pour les ménages. Une majoration qui peut paraître dérisoire pour certains, sauf que les personnes à faibles revenus, y compris pour les familles issues de la classe moyenne, craignent d’être fortement frappées au portefeuille au moment de faire leurs courses. Il y a fort à parier que la hausse du tarif de l’électricité du côté des commerces consommant plus de 400 unités aura, dans les semaines à venir, un effet domino sur les prix de vente des produits essentiels.
« Mes quatre congélateurs, où je stocke des produits de base alimentaire en tout genre comme la viande et du poulet, sans compter les réfrigérateurs, restent allumés jour et nuit pour ne pas briser la chaîne du froid et forcément, les consommateurs risquent d’être touchés de plein fouet », confie le propriétaire d’un supermarché, sis à Rose-Hill.
Les yeux rivés sur sa dernière facture, il souligne qu’il devra débourser Rs 50 000 en plus ce mois-ci. À en croire les statistiques rendues publiques par le ministère de l’Energie et des Services publics, 12 488 commerçants sont concernés par cette hausse de tarif, alors que 34 226 restants ne seront pas touchés. D’autres catégories, dont ceux dans le secteur industriel, ont eu une incidence des hausses de tarifs à divers pourcentages.