Le ballet incessant de ces dernières semaines aura transformé la cour de l’ICAC en Showroom… malgré lui ! Grosses cylindrées et berlines rutilantes tiennent désormais compagnie aux autres hors-bord et multiples acquisitions similaires du cartel de l’Ouest, que l’institution se démène à démanteler. Et il y a amplement de quoi en rester bouche bée, certes. D’abord de par la rapidité avec laquelle cette enquête est menée, couplée à la vitesse à laquelle tombent certaines têtes. Tout ça en donne presque le tournis ! Et d’ailleurs, toute cette opération de démantèlement est diversement accueillie par les uns et les autres. Ainsi, il y a ceux qui, pour reprendre la formule si chère à Roshi Bhadain, trouvent qu’il s’agit de surtout de « met lafime dan lizie ». Se demandant, non sans justesse d’ailleurs, pourquoi et comment, durant toutes ces années, ces richesses mal acquises ont pu être réalisées sans qu’aucune institution ne s’en inquiète ? Et il y a ces autres qui applaudissent, sans se poser de questions, et sans que cela ne les interpelle plus que ça.
La grande majorité des Mauriciens s’aligne cependant sur un argument cinglant : quelle mouche a piqué le fameux bouledogue sans dent qui ronronnait jusque-là sans trop faire de vagues ? Est-ce qu’il y aurait d’autres intérêts en jeu pour qu’on nous en mette autant plein la vue, de sorte qu’on ait ainsi l’attention déviée ? Comment expliquer en effet ce réveil soudain et cette fougueuse activité de cette institution si souvent critiquée ?
Il ne se passe pas une semaine sans que des prête-noms, des acolytes et d’autres ramifications dans le giron de ce cartel de l’Ouest ne soient mis au jour. Le souci primordial de tout Mauricien est que l’enquête aille effectivement jusqu’au bout; que toutes les têtes impliquées dans l’érection de cette « mafiacratie » tombent et que les responsabilités soient bien assumées par toutes les parties concernées. L’homme fort de l’ICAC, Navin Beekarry, a donné cette semaine sa parole en ce sens. « Nou atann, nou gete » … comme dirait l’autre.
Il flotte ces jours-ci comme un (fort) parfum… d’élections générales. Comment d’accueillir autrement sinon ces promesses-annonces ? Comme le préprimaire gratuit très bientôt, l’octroi de 1 000 cartes professionnelles aux pêcheurs… pour ne citer que ces items. Le sale quart d’heure de Pravind Jugnauth à Surinam, en fin de semaine, transpire également de ces effluves d’un régime en fin de parcours, et qui s’essouffle pour ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir. Les observateurs politiques rodés et aguerris n’ont certainement pas raté cet épisode !
Notre pays a soufflé ses 55 ans bougies d’indépendance. D’aucuns s’attendaient à une grande fête nationale, et c’était amplement justifié. Après trois ans sous le joug de ce satané Covid-19, qui a mis notre patience et notre sens de la fête à très rude épreuve, tout Mauricien s’attendait à un retour des célébrations comme avant 2020. Au final, que nenni. Pour quelles raisons, puisque les restrictions sanitaires ont été levées depuis l’an dernier, nul ne le sait… Seuls Pravind Jugnauth et sa fameuse Lakwizinn en savent quelque chose.
Le chef du gouvernement est celui qui a décrété et qui maintient, dur comme fer, qu’il y a bel et bien un “feel good factor” dans le pays. Mais il n’est pas venu expliquer pourquoi, cette année encore, il n’y a pas eu de levée du drapeau au Champ de Mars, symbole d’accession à notre indépendance. 55 ans, ce n’est pas un âge anodin. C’est une lourde page d’histoire qui se tourne. Pourquoi, alors, avoir fait profil bas ?
Pravind Jugnauth ne s’est pas non plus exprimé sur le cartel de l’ouest. Sa principale prise de position a été de concéder qu’un nombre conséquent d’institutions du pays a été infesté par la mafia. Grave aveu (ou désaveu ?) de la part d’un chef de gouvernement ! Il aura donc fallu presque une décennie pour découvrir que cette mafia a à ce point pourri le système ? Et que fait-il des autres caïds qui continuent d’œuvrer dans l’ombre ? Car il est clair que ceux qui sont dans le radar de l’ICAC en ce moment ne sont pas les seuls parrains…