Les promesses d’une formation technique dans un centre du Mauritius Institute of Training and Development (MITD) ne se sont pas concrétisées pour de nombreux jeunes issus de l’Extended Programme (EP). C’est ce que déplore l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE) qui réclame des sièges réservés pour ces élèves tout comme c’était le cas à l’époque du Prevoc.
Le nombre de jeunes dans cette filière ayant échoué au National Certificate of Education (NCE) est si élevé que les centres de formation techniques sont submergés de demandes, d’où un exercice de sélection.
Personne ne sera laissé derrière. C’est ce qu’avait promis la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, dans le cadre de sa réforme. Cinq ans plus tard, force est de constater que tel n’est pas vraiment le cas. Chaque année, une moyenne de 2 500 à 3 000 enfants n’ayant pu atteindre le minimum requis au Primary School Achievement Certificate (PSAC) intègrent l’Extended Programme au secondaire. Après quatre années, où ils passent du Gade 7 au Grade 9+, ils ont pris part aux examens du NCE, comme leurs camarades du mainstream. En 2022, la première promotion de l’EP a, en effet, passé le NCE.
A l’approche des examens, les acteurs de l’éducation et les parents déploraient un manque de communication sur la suite du parcours, pour ceux qui n’atteindront pas le minimum requis. Car ceux qui réussiraient passeront en Grade 10. La VPM et ministre de l’Éducation était alors venue rappeler que ces jeunes pouvaient se tourner vers la formation technique au MITD ou redoubler le Grade 9. Sauf que dans la pratique, ce n’est pas aussi évident.
Après les résultats du NCE le 16 décembre dernier, de nombreux parents sont ainsi allés inscrire leurs enfants dans un centre de formation technique. Sauf que la demande dépasse la capacité d’accueil et certains centres ont dû procéder à une sélection. Ce que déplore Munsoo Korrimbocus, secrétaire de l’UPSEE, qui a lui-même accompagné des élèves de l’EP dans son collège. « On avait dit que ces jeunes pourraient poursuivre leur parcours dans un centre MITD. Or, tel n’est pas le cas car beaucoup n’ont pu avoir de place. Il y a des centres qui ont procédé à des interviews et autres procédures de sélection. »
Des parents ont même déploré que certains centres imposent un examen d’entrée, alors que ces jeunes sont déjà stigmatisés par des échecs successifs aux examens. L’UPSEE suggère ainsi que des places soient réservées pour les élèves de l’Extended Programme dans les centres MITD.
« C’est quelque chose qui existait déjà lorsqu’il y avait le Prevoc. On a retiré le Prevoc pour le remplacer par l’EP, mais on n’a pas pris les dispositions pour s’assurer que ces enfants allaient avoir une place dans ces centres de formation. Ne parlons pas de Polytechnics Mauritius, c’est un mythe, car on ne recrute qu’à partir du School Certificate. »
Le danger, poursuit Munsoo Korimbocus, c’est que tous ces jeunes risquent de se retrouver à la rue, avec les dangers que cela représente. « Le Prevoc était un système qu’il fallait améliorer, mais au moins, l’avenir des jeunes était assuré. Aujourd’hui, beaucoup parmi eux sont devenus des professionnels dans des métiers manuels. Mais pour ceux qui sortent de l’EP, c’est le flou total. Je le redis, il fallait des places réservées. Maintenant, s’il y en a qui déclinent cette offre, c’est leur choix. »
L’UPSEE fait ainsi un plaidoyer en faveur des élèves de l’EP afin qu’ils ne soient pas exclus du système et que leur avenir soit assuré.
MANQUE D’ENSEIGNANTS : Pagaille dans les collèges d’État
Alors que les managers des collèges privés évoquent leurs difficultés à recruter des enseignants en raison des nouveaux règlements de la PSEA, la situation n’est pas plus sereine dans les collèges d’État. Des enseignants montent aujourd’hui au créneau pour dénoncer une situation qui devient compliquée. « Il y a une moyenne de six enseignants qui manquent dans chaque collège d’État. Cela fait plus de 300. Vu la situation, l’on se demande si le recrutement des Supply Teachers a été fait ou si ces derniers ont déjà pris leurs postes. »
La conséquence est que les élèves se retrouvent sans enseignant dans certaines classes, alors qu’on aborde déjà la deuxième partie du premier trimestre. « Chaque année, vers le mois de juin, le ministère fait un relevé du nombre d’enseignants nécessaires dans chaque collège afin de faire le planning. Comment se fait-il qu’à ce jour, il y ait autant d’enseignants qui manquent ? Sans compter ceux qui partent à la retraite. »
Pour ceux qui sont en service, cela veut aussi dire des périodes de remplacement chaque jour, alors que selon leurs conditions de travail, ils doivent au moins avoir un certain nombre de périodes libres chaque semaine.
Soulignons que la situation est similaire dans les écoles primaires également. Des Support Teachers avaient tiré la sonnette d’alarme récemment sur le fait qu’ils étaient appelés à faire le travail des General Purpose Teachers pour lequel ils ne sont pas formés, en raison d’un manque accru d’enseignants dans le secteur.
De faux billets à la cantine
Ce collège d’État des basses Plaines-Wilhems est connu pour l’indiscipline qui y règne. Tant et si bien qu’à un certain moment, le ministère de l’Éducation avait décidé de le fermer, mais on a dû le rouvrir avec la réforme.
La dernière frasque des élèves en date, cette semaine, est que certains ont payé leurs achats à la cantine avec de… faux billets de Rs 100 et de Rs 50. Le cantinier a alors alerté la direction du collège. Il a également déposé une plainte à la police. Un responsable du collège a, lui aussi, passé au moins deux heures au poste de police lundi, dans le sillage de cette affaire. L’enquête devra maintenant déterminer si c’est un délit commis entre élèves ou si cela remonte à un réseau à l’extérieur du collège.