Nous sommes au début de février 2023, le pays est inondé par de fortes pluies, violentes et localisées, que la météo n’arrive pas à prévoir, malgré les radars et autres instruments de mesure moderne dont elle dispose. Ce qui ne l’empêche pas de publier des avis de fortes pluies pratiquement tous les jours. Ce qui permet au ministère de l’Éducation de pratiquer ce qui semble être sa principale activité du moment : la fermeture des écoles et collèges pour cause de mauvais temps. 15 jours après la rentrée, les écoles et collèges ont fermé 7 jours. Déjà une semaine en moins sur le programme scolaire.
Malgré cela, disent les mauvaises langues, le taux de réussite augmentera encore à la fin de l’année, selon les statistiques du ministère. Les pluies transforment les rivières en fleuves, donnent aux rues de Port-Louis de faux airs de Venise, transforment des flancs de montagne en cascades, tandis que l’eau potable – qui était censée alimenter les robinets 24/7, selon les promesses de l’élection de 2019, si ce n’est pas en 2014 – ne coule toujours pas dans certaines régions, malgré le fait que le niveau des réservoirs s’est amélioré. Ce qui a poussé des habitants des régions sinistrées de descendre dans la rue et des députés à faire ce pour quoi ils ont été élus et sont payés : s’occuper de leurs mandants. Une élue s’est plainte d’avoir été obligée de veiller tard dans la nuit avec ses mandants, qui avaient exigé l’arrivée de camions-citernes. D’autres députés et même des ministres ont été rudement interpellés par leurs mandants en colère quand ils se sont, enfin, rendus sur le terrain pour faire un constat.
Pravind Jugnauth, qui profite du moindre évènement, mêmes les négatifs, pour se montrer à la télévision, a fait des site visits abondamment couvertes par la MBC et sa page Facebook. À tel point qu’on peut se demander si les site visits n’avaient pas été organisées uniquement pour obtenir ces images. Le PM a choisi des endroits safe, c’est-à-dire des places où les drains ont bien fonctionné pour se livrer à un exercice qu’il adore : flatter certaines actions de son gouvernement pour pouvoir s’auto-congratuler. Il a déclaré que les drains construits par son gouvernement ont bien fonctionné. Ces drains « finn soulage situation dans plusieurs régions de l’île ».
Ce qui n’est pas le cas pour des dizaines d’autres drains aux quatre coins du pays où les pompiers ont dû intervenir pour aller au secours de personnes coincées dans leurs maisons inondées, en raison de drains non entretenus ou carrément bouchés. Ces choix de site visits premier ministérielles ont été condamnés par des élus de l’opposition. Ils ont posé sur les réseaux sociaux la question qui embarrasse : pourquoi est-ce que le PM, au lieu de se concentrer sur ces infrastructures, n’est pas allé rendre visite aux victimes des inondations bien souvent causées par des drains qui ne fonctionnent pas ? Réponse : les drains qui ne fonctionnent pas et laissent des centimètres de boue derrière n’intéressent pas le PM. Il est englué dans sa campagne affirmant que, malgré la crise économique mondiale et ses conséquences sur notre île, il existe un « feel good factor » à Maurice !
Nous sommes en février 2023 , des centaines de Mauriciens subissent encore les conséquences des fortes pluies et savez-vous à quoi jouent nos politiciens ? Ils font table rase du présent pour se refugier dans le passé. C’est Navin Ramgoolam qui a tiré le premier en déclarant que le métier de politicien était fatigant et ingrat. Si c’est le cas, on se demande pourquoi il fait toujours de la politique et, depuis 2014, bataille dur pour être le leader de l’éventuelle alliance de l’opposition, en négociation depuis des mois, et imposer sa candidature au poste de PM ? Navin Ramgoolam a fait état du bonheur total que, selon lui, les Mauriciens ressentaient quand il était au pouvoir. Quelques jours, après Maneesh Gobin, le secrétaire général du MSM, lui répondait pour affirmer le contraire. Jusqu’à quand les politiciens se battront-ils sur le bilan du passé, dont chacun a une version contradictoire, au lieu de se préoccuper du présent déjà compliqué et de l’avenir, qui est loin de s’annoncer brillant ?
Plus ça change…