« Nous rentrons dans une période creuse de 25 à 30 jours ! » C’est ce que prévoit Kreepalloo Sunghoon, de la Small Planters Association. Avec les averses de la fin de la semaine dernière, il ne voit pas d’amélioration en vue avant la fin de la saison pluvieuse, estimant que plus de 60% des cultures, prêtes pour la récolte a été affecté. Quant à Dany Chan, directeur de Zardin La Laura, entreprise pratiquant la culture sous serre, il penche pour le changement de système de culture dans le contexte du changement climatique.
« La situation devient plus difficile. Graduellement, des champs qui n’étaient pas encore complètement sous eaux finissent par être endommagés. Des cultures de pommes d’amour s’assèchent. Les feuilles des grimpantes, comme les patoles et les calebasses, sont en train de jaunir et ne portent pas de fruits. » Tel est le constat amer de Kreepalloo Sunghoon. Ce qui l’amène à prévoir une période creuse de 25 à 30 jours avec très peu de production. « Le peu de légumes qu’on aura proviendra de cultures sous serre et de certains champs se trouvant sur des hauteurs et qui ne sont pas affectés par les grosses averses. C’est plus de 60% des cultures où on devait faire des récoltes qui ont été affectées », ajoute-t-il. « Même les nouvelles cultures, qui ont été faites en janvier, ont été affectées. »
Ce n’est que fin avril/début mai que s’annonce la récolte des productions de nouvelles semences. « La situation ne s’améliorera pas tant que l’été ne finira pas. Beaucoup de planteurs, découragés par cette situation, ne comptent pas aller de l’avant avec la culture de légumes. Après la sécheresse, ils sont maintenant confrontés aux inondations », dit-il. Il exhorte ainsi les partenaires concernés, dont les autorités, à avoir une réflexion sur le long terme. « Sinon, on n’aura pas de légumes locaux; il faudra miser sur l’importation. »
Il poursuit : « il faut prendre des précautions : produire sous serre et avoir un stock de légumes pendant au moins trois mois. Il faut que l’État investisse dans le stockage à travers des chambres froides pour stocker des légumes dès octobre/novembre. Ou alors transformer les légumes pour les conserver. Avant novembre, le chouchou se vendait à Rs 15, contre Rs 80 maintenant. Idem pour les pommes d’amour. On aurait pu les conserver ! »
De l’autre côté, dit-il, le consommateur doit savoir s’adapter. « Si nous n’avons pas de haricots frais, on peut aller vers des haricots locaux frigorifiés, qui coûteront moins cher que ceux importés. » Pour les cultures sous serre, il prévoit un système de bail sur une période de 20 ans. Il poursuit : « on pourrait importer des infrastructures Low Cost d’Espagne. Il faut revoir le secteur et attirer les jeunes. »
Danny Chan n’a pas rencontré de grandes difficultés avec les averses, si ce n’est que l’humidité et la chaleur peuvent provoquer des maladies. Dans le contexte du changement climatique, il est d’avis qu’il faut réfléchir à l’avenir de l’agriculture conventionnelle. « Je pense qu’il faudrait changer notre système de culture. Cela coûtera bien plus, mais aujourd’hui, on ne peut s’attendre à avoir une botte de thym à Rs 5. Si on veut aller vers l’agriculture moderne, il y a un prix à payer. »