« La dernière colonie » : Philippe Sands et Olivier Bancoult confiants du retour des Chagossiens au Chagos

Philippe Sands, avocat des Droits de l’homme et de Maurice pour le dossier des Chagos et Olivier Bancoult, chef de file de Chagos Resilience Group, ont affirmé leur conviction vendredi que l’archipel des Chagos sera restitué à Maurice et que le retour des Chagossiens  peut être envisagé. C’est ce qui se dégage de la cérémonie de lancement du dernier livre de Philippe Sands, La dernière Colonie et sa version anglaise The last Colony par la libraire Petrusmok, à Hennessy Park Hotel.

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Me Philippe Sands dédicaçant son livre sur les Chagos

Ce lancement, qui intervenait quelques jours après son lancement à l’île de La Réunion, a été l’occasion pour Philippe Sands de revenir sur sa carrière et sur les circonstances dans lesquelles il a été associé à ce dossier. « Après le décès du juriste Ian Brownlie, le Premier ministre d’alors Navin Ramgoolam m’avait approché en me disant que vous êtes le seul avocat à pouvoir confronter le gouvernement britannique », explique-t-il.

Il évoque également les instructions reçues de sir Anerood Jugnauth, qui avait demandé à son équipe ainsi qu’aux légistes mauriciens de tout faire pour trouver le chemin menant à La Haye, où siège la Cour Internationale de Justice. Le livre retrace en détail les étapes laborieuses qui ont mené à la Cour internationale de Justice.

Pour lui, plusieurs facteurs ont joué un rôle crucial au succès remporté par Maurice à la CIJ. En premier lieu figure le fait que la cession de Maurice à la Grande-Bretagne a été faite sous pression en échange de l’indépendance de Maurice. Il rappelle que les pressions effectuées par Harold Wilson sur Seewoosagur Ramgoolam alors ont été révélées dans les documents concernant les négociations qui ont été rendues publiques en Grande-Bretagne.

De plus, la déclaration de Liseby Elysé, native des Chagos, par le biais d’une vidéo devant la CIJ, a été un moment transformateur qui avait touché directement les juges de la CIJ. Philippe Sands a souligné également le rôle joué par les juristes mauriciens pour lesquels, il a rendu un vibrant hommage. Il a dit son admiration qu’une petite île Maurice puisse produire des légistes d’un tel acabit.

Philippe Sands  a aussi souligné la continuité de l’Etat pratiquée par les gouvernements successifs à Maurice. Malgré les changements de gouvernements, son équipe et lui ont été maintenus comme conseillers du gouvernement dans cette affaire et la volonté des gouvernements en vue d’obtenir la restitution des Chagos est restée inchangée.

Il a aussi rendu hommage à Olivier Bancoult qui a été au four et au moulin durant une vingtaine d’années.  Sans l’apport des Chagossiens la lutte pour le retour des Chagos aurait été très difficile.

À l’heure des questions, les accusations à l’effet que les dirigeants d’alors avaient accepté de vendre l’archipel des Chagos pour un montant de 3 millions de livres ont été évoquées, entre autres, par Jean Claude de l’Estrac. A quoi Philippe Sands a répondu par un argument juridique pour expliquer que le droit n’est pas appliqué mécaniquement et qu’en droit international le fait qu’il a été démontré que la cession de l’archipel a été effectuée sous pression donc illégalement tous les autres arguments et accusations qui sont utilisés par les Britanniques tombent automatiquement.

Contrairement aux doutes exprimés par certains dans la salle, Philippe Sands s’est dit convaincu que le retour aux Chagos est possible dans un cadre administratif qui devrait être mis en place par les autorités mauriciennes. Comme il l’avait fait à La Réunion, il a estimé que le Royaume-Uni, apparemment, a reconnu la décision de la Cour internationale de Justice, et avec cela, on peut mettre fin à cette histoire et envisager prochainement le retour des Chagossiens très bientôt.

Il relève que les États Unis sont partants pour un accord qui reconnaît la souveraineté de Maurice, la continuation de la base militaire, le retour des Chagossiens et la création d’une aire maritime pour la protection de l’environnement. Pour lui, la démarche de maintenir la base militaire de Diego Garcia par les autorités mauriciennes est « a wise decision ».

Avant de quitter le pays durant le week-end, Philippe Sands a été accueilli par le Chagos Resilience Group (CRG) à Pointe-aux-Sables lors d’une réception.

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