— Dis-moi un coup, maintenant que tu es proche du pouvoir…
— Attends un coup là, pourquoi tu dis que je suis proche du pouvoir ?
— Mais est-ce que ton cousin n’a pas viré mam ?
— Ayo, mais ça c’est mon cousin, pas moi.
— Tu vas me faire croire que s’il a son boutte, tu ne vas pas en profiter un petit peu même ?
— Hey toi là ! Est-ce que tu es en train de dire, que je un rodeur boutte ?
— Ayo, ne le prends pas mal. C’est un joke, toi !
— Laisse-moi te dire que c’est un joke de mauvais goût. Ça, je ne vais pas oublier de si tôt, je peux te garantir !
— Ayo, ne me dis pas que tu vas me garder dans un joint à cause de ce joke.
— Alors, reconnais que c’était un joke de très mauvais goût.
— Allez, prend gagné. Sorry, toi, je ne savais pas que tu étais devenue susceptible comme ça, moi.
— Je ne suis pas susceptible, je rétablis les faits, c’est tout. Je ne suis pas d’accord pour payer pour ce que mon cousin a fait. D’ailleurs, laisse-moi te dire qu’il est un petit cousin de loin. De très loin.
— Ah bon ? Je croyais que c’était un parent proche à toi.
— Jamais de la vie. C’est une branche de la famille qu’on ne fréquente pas trop.
— C’est vrai : je ne me rappelle pas de l’avoir souvent vu chez toi.
— Tu ne l’as jamais vu chez moi ! Je t’ai dit : on ne les voit qu’une fois de temps à autre, juste pour certains mariages et les enterrements, mais on porte le même nom.
— Comment il est, hein ?
— Ayo, tu sais bien que je n’aime pas dire du mal de mon prochain, mais il est un peu bête-bête. D’ailleurs, il vient de le prouver.
— Qu’est-ce qu’il a fait comme ça ?
— Il a viré mam sur une simple promesse. D’après ce que j’ai compris, on lui avait promis un ticket ou au moins une nomination par là, s’il change de parti.
— Et alors ?
— Lui qui est soi-disant dans la politique, il aurait dû savoir que les promesses n’engagent que ceux qui veulent les croire, pas ceux qui les font.
— Pourquoi tu dis ça ?
— Parce qu’il s’est fait entuber comme un bleu, comme dit mon aîné qui répète tout ce qu’il entend dans les films.
— C’est-à-dire ?
— Il a fait une conférence de presse pour dénoncer son ancien parti en accusant son ex-leader de tous les péchés du monde…
— J’ai vu ça sur la MBC…
— En même temps, il a tressé des couronnes de compliments pour son nouveau leader.
— En fin de compte, il a fait comme tous les transfuges qui quittent un parti politique pour un autre, c’est-à-dire…
— Les viré mam, comme on les appelle ! Et crois-moi, c’est plus un gros zouré mama qu’un compliment !
— Ça je sais. Il faut entendre les commentaires des militants quand ils voient passer un transfuge. Mais qu’est-ce qui est arrivé à ton cousin après ?
— Mon cousin de loin, je le souligne. Il a fait tout ce qu’on lui a dit de faire en attendant ce qu’on lui donne ce qu’on lui avait promis.
— Et alors ?
— Et alors, ça fait plus de trois mois qu’il a fait son Judas et il attend toujours le paiement, ses trente deniers, comme dit ma tante, qui connaît bien l’Évangile.
— Il n’a rien eu ?
— Zéro la queue, je te dis ! Il paraît qu’il n’a rencontré le big boss qu’une seule fois, avant sa démission. Que personne de la direction ne prend ses calls. On lui dit qu’on va le rappeler et on ne le fait pas.
— Ayo toi, c’est pas vrai !
— C’est vrai même comme ça, je te dis. Et en plus les membres de son nouveau parti, ils ne voient pas d’un bon œil les transfuges qui viennent prendre leur place !
— Et qu’est-ce que ton cousin… éloigné fait ?
— Il est tassé comme un lièvre ébloui par les phares d’une auto. Il ne peut rien faire.
— Pourquoi ?
— Tu le vois faire une conférence de presse pour dire qu’il s’est fait entuber et qu’il a viré mam pour rien du tout ?!
— C’est vrai qu’il va se faire ridiculiser s’il fait ça. Et je suppose qu’il ne peut pas retourner lakaz mama.
— Sûrement pas. Il a perdu dans bois et dans la forêt, comme on dit. C’est pourquoi je te dis qu’il fait partie de la branche bête-bête de la famille.
— Qu’est-ce qu’il va faire maintenant, selon toi ?
— C’est le dernier de mes soucis. Comme tu le vois, je ne suis ni de près ni de loin proche du pouvoir. C’est pas parce que je porte le même nom qu’un petit cousin très éloigné que je suis du même bord que lui.
— Ça, on l’a très bien compris !
— C’est vrai toi. Tu connais cette jolie chanson de Maxime Le Forestier Né quelque part ?
— Qui c’est, Maxime Le Forestier ?
— Un très bon chanteur français qui a fait des grands succès comme Melissa.
— Cette chanson, je la connais. Mais pourquoi tu me parles de ce chanteur ?
— Parce que dans Né quelque part, il a une phrase très juste qui s’applique à mes relations avec mon petit cousin très éloigné.
— Que dit cette phrase ?
— On ne choisit pas sa famille !
J.-C.A.
La famille
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