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Le Port-Louis d’hier et d’aujourd’hui : quand progrès et patrimoine ne font pas bon ménage

Alors que Port-Louis terminait les années 1980 sur une note inédite avec la première visite papale de son histoire au Monument Marie Reine de la Paix lors de laquelle le pape Jean-Paul II animait la messe en présence de nombreux dignitaires religieux et politiques et une foule de Mauriciens de tous bords, la capitale saluait au début de la dernière décennie du 20e siècle une autre figure internationale en la personne du président de la République française François Mitterand. Il s’adressa «aux membres de l’Assemblée Législative lors de sa visite officielle en juin 1990.» (1)

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Sur le plan économique, Port-Louis tirait toujours profit du développement de la Zone Franche manufacturière. Cette dernière évoluait en dents de scie pour atteindre quand-même le record de 90,682 emplois dans le pays et de Rs 30, 961 millions (valeur d’exportations) en l’an 2000. Le tableau suivant donne une idée de la progression enregistrée au sein de la Zone Franche manufacturière depuis 1990 jusqu’à l’an 2000, au niveau emplois, entreprises opérationnelles et valeur d’exportations:-

Années Nombre d’entreprises Nombre d’employés Valeur d’exportations
(en million de roupies)
1990 568 89,906 11,442
1992 558……………………………………….86,937…………………………………..13,081
1994……………………………536……………………………………….85,821…………………………………..15,821
1996……………………………481……………………………………….79,793…………………………………..21,001
1998……………………………495……………………………………….90,116…………………………………..26,075
2000…………………………..518………………………………………..90,682…………………………………..30,961(2)

Une période de transition avec en point de mire la valeur ajoutée

La phase – 1992 à 2000 – , considérée comme la quatrième dans l’évolution de la Zone Franche manufacturière, est marquée par une transition du “labour intensive to higher value-added production”. (Idem) Le Professeur Lim Fat explique en ces termes cette progression de la Zone Franche manufacturière dans les années 1990: “This phase could be considered to have lasted from 1992 to 2000, as employment peaked in 1999 at 91,374 and exports in 2001 at 33,695,000 million rupees. During that period, new local investors, specially those previously engaged in the sugar industry entered the EPZ sector and brought along as capital much of the fruits of the sugar boom.”(Idem)

Toutefois, cette avancée de l’industrie manufacturière ne se fit pas sans douleur.: “…after 1990, Mauritius became a victim of its own success as by that time Mauritians had not only reached the enviable situation of full employment (almost unique in the world) but the EPZ started facing serious labour shortage. One major cause of this shortage which had never received attention was the strong movement of factory labour to the tourist sector which was fast expanding and the preference of labour for work as cleaners and waiters in hotels. In comparison with the strict schedule of factory work, the jobs in hotels proved more relaxing and enjoyable – not forgetting the usual generous tips of foreign tourists.”(Idem)

A la fin des années 1990, la zone franche manufacturière est toujours porteuse. «Le secteur textile est passé du bas de gamme au haut de gamme. Les quelques 500 entreprises de la zone franche manufacturière emploient plus de 90,000 personnes et les exportations des produits textiles vers les Etats-Unis et l’Union Européenne ont apporté US$1.2 milliards en 1999. L’exportation de vêtements prédomine représentant 80% des exportations totales de Maurice. Le secteur manufacturier contribue à hauteur de 24% au PNB mauricien.»(3)

Du nouveau dans le skyline port-louisien

La première moitié de la décennie 1990 fut marquée par plusieurs développements au niveau des institutions de la capitale – à titre d’exemple, le «dévoilement du nouveau logo de Mauritius Telecom le 2 juillet 1992»(1)coïncidant avec l’inauguration de son Telecom Tower; l’entrée en opération du nouveau bâtiment de la State Bank of Mauritius (la SBM Tower) sur la Place d’Armes en septembre 1995. D’une hauteur de 82 mètres, la State Bank Tower est le quatrième plus haut bâtiment du pays. Dessinée par Loebl, Schlossman & Hackl la State Bank Tower comprend seize étages et abrite le siège social de la State Bank of Mauritius.

On se souviendra que le bâtiment de la SBM fut construit à l’emplacement de l’ancienne Imprimerie du gouvernement. et qu’avant le début de la construction il y avait des protestations car l’Imprimerie du gouvernement était un monument historique. En effet, construit sous Mahé de La Bourdonnais et connu sous le nom des Boulangeries du Roi, le bâtiment fut détruit en juin 1991. Fort heureusement, l’Abreuvoir, classifié en 1951, au pied de la tour de la State Bank of Mauritius, fut préservé. Surmonté d’un mur orné d’une tête de cheval, il servait, à l’époque coloniale, à désaltérer les bêtes de trait, les mules, les mulets et les chevaux à leur arrivée dans Port Louis.

Le 23 novembre 1996, «le Caudan Waterfront, l’un des joyaux de l’architecture mauricienne conçu par l’architecte Maurice Giraud»(Idem) fut inauguré sur la partie sud du front de mer. Cette petite note sur les fronts de mer du Caudan et de Port-Louis: «Les fronts de mer du Caudan et de Port-Louis sont un régal pour les yeux avec leurs innombrables facilités: hôtels de classe, restaurants, banques, banques, salles de cinéma, casino, boutiques. Les lieux sont très fréquentés des touristes et des Mauriciens. On y organise des concerts en diverses occasions.» (4)

L’année suivante, 1997, le premier Parc Informatique fut construit à La Tour Koenig dans le sillage de «la création d’un ministère de la Technologie Informatique et des Télécommunications.»(Idem)

Développement accrû dans la zone portuaire

Port-Louis connut aussi dans cette première moitié des années 1990 la mise en place de la ‘Mauritius Freeport Authority’ (MFA). “In order to diversify our economy, Government initiated the development of a strong services sector in Mauritius as from 1992 specially in the fields of international finance and trade; hence the creation of Mauritius Offshore Business Activities Authority (MOBAA) and the Mauritius Freeport Authority (M.F.A.).”(2) Quels étaient les objectifs de ce port franc? “The main objectives of the Freeport were to develop Mauritius as an attractive customs free regional warehousing and distribution centre and thus enable African buyers to obtain from Mauritius goods in small quantities and for speedier deliveries as goods produced in bulk in Asia and Australia were generally sold by container loads and slow to reach African importers.”(Idem)

Depuis sa mise en place en 1992 jusqu’à 1999, le président de la MFA fut le Professeur Edouard Lim Fat. Son bilan et sa vision du devenir du port franc: “In spite of the recent world recession and political and economic crisis in Madagascar, the Freeport has been a success and has substantially contributed to the economic diversification and progress of the country. It is felt that if the regional sea and air transport services had been cheaper and more readily available and the purchasing power of African countries higher, the Freeport would have expanded far quicker…I am confident that the Freeport has a bright future specially if there is more coordination between the Freeport and other stakeholders and if we can take full advantage of our membership of the COMESA and the SADC, thus enabling products from Mauritius to enter the vast markets of the Eastern and Southern African Countries without import duties or with reduced duties and easier transfer of funds.”(Idem)

B. Burrun


Bibliographie

Maurice Images d’un Siècle, Mauritius Telecom, Editions Vizavi, 1999.
Lim Fat, Sir Edouard, From Vision to Miracle – Memoirs of.Sir Edouard Lim Fat and The Story of the Mauritius Export Processing Zone (EPZ), T-Printers Co. Ltd, 2010.
Félix, Ginny, L’île Maurice, un Eden dans l’océan Indien, Edité par l’auteur, 2001.
Mungur, Bhurdwaz & Burrun, Breejan, An Invitation to the Charms of Mauritius and of Mauritian Localities, édition bilingue, Les Editions du Printemps, 2010.

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