2022 se termine sur une note tragique avec, d’une part, l’atroce accident de Beau-Plan, ses quatre victimes et toute une famille terrassée, et de l’autre, l’accident en mer, dans l’est, de ce jeune pêcheur, Mike Anthonio Jean Lise, victime d’un requin. La palme de la plus mauvaise nouvelle revient toutefois au ministère géré par Joe Lesjongard. Week-End publiait, dans sa dernière édition, le spectacle de désolation, source de graves inquiétudes, qu’offrent nos réservoirs. Un peu plus et on se croirait dans un désert jonché de cadavres d’oiseaux et d’autres animaux morts de soif ! Mais ces images sont bel et bien de chez nous. Et les pauvres diables qui en font les frais, c’est le peuple.
Une fois de plus, les autorités, tant le ministre concerné que le nominé politique catapulté à la tête de la CWA, en l’occurrence Prakash Maunthrooa, se sont fendus d’explications et de justifications à dormir debout. L’amateurisme à son comble ! Le summum. Comme si soudain, cette année 2022 était la toute première fois que les pluies d’été ne tombaient pas. Que c’est par surprise que nos réservoirs se sont vidés. Que depuis 2015, date à laquelle Lalyans Lepep est arrivée au pouvoir, le problème de sécheresse ne se pose que maintenant. Que la population est dupe à ce point, ou mieux, amnésique, au point qu’elle aurait « oublié » que cette situation perdure depuis déjà trop d’années. Qu’une (autre) des (fausses) promesses de ce présent gouvernement pour arriver au pouvoir, c’était que le robinet coulerait… 24/7. Une définition qui est sérieusement malmenée, selon les puissants du jour, qui décident de lui offrir une nouvelle formulation, dépendant de leurs caprices et humeurs !
Ce qu’on a du mal à comprendre néanmoins, c’est comment (et pourquoi) les gouvernements successifs des Jugnauth père et fils n’ont pas jugé important de s’atteler à : 1) investir pour changer les kilomètres de tuyaux usés et dépassés du pays; 2) identifier de nouveaux sites de captage d’eau et construire de nouveaux réservoirs, entre autres, sachant que la demande va en augmentant et que la fourniture accuse des pertes importantes; et ainsi 3) faire de l’approvisionnement en eau potable dans tout le pays une priorité.
Quand en comparaison, entre 2015 et maintenant, on a vu sortir des mêmes sols où sont enfouis nos tuyaux d’eau depuis des lustres, des stations de métro et des chemins de fer, de plus en plus de Mauriciens réalisent (enfin !) que ce gouvernement se trompe de priorités. Et quand on voit pousser aussi des centres commerciaux tels des champignons, alors que depuis le Covid-19 le pays connaît sporadiquement des détresses alimentaires importantes, ne se pose-t-on pas les bonnes questions ? À savoir pourquoi ne pas investir davantage dans ce secteur ? Est-ce que créer des emplois, cultiver pour rendre le pays autosuffisant et remplir les ventres de nos enfants ne sont pas importants ?
2023 doit absolument être l’année du changement. D’un “shift in mentality” qui nous fera repousser nos limites afin d’offrir le meilleur de nous-mêmes. Pour le bien de notre pays, pour assurer un vrai lendemain à nos enfants. Pas un futur virtuel bâti sur des châteaux de cartes. LPM a déjà engagé le travail de réflexion en ce sens. Reste à la population d’y mettre un peu du sien. Depuis trop d’années déjà, les Mauriciens se sont déconnectés de ce qui fait notre identité. À force de matraquage médiatique et de pressions diverses, de basculer vers une culture de société matérialiste et consumériste, sans âme ni racines solides.
En cette fin d’année, une des dernières icônes de notre temps, le roi Pelé, a tiré sa révérence. Avec le départ de ce grand homme se tourne une page importante de l’histoire de ce monde. Pelé a symbolisé la lutte, la persévérance et la réussite des enfants du ghetto, des démunis. Il était une source d’inspiration pour tous. Mais dans notre Maurice moderne, où l’on circule en métro, qui sont nos modèles ? Des politiques vautours qui se repaissent sur la moindre occasion pour s’en mettre plein les poches et en faire profiter leurs proches ? 2023 devrait être l’année de la réinvention. Et pour cela, il faut l’unité.