La transition de 2022 à 2023 revêt une touche critique sur l’échiquier politique. Et cela pour tous les Stakeholders. Qu’ils soient calés dans les maroquins ministériels sous les arcanes du pouvoir ou qu’ils fassent partie des formations extra-parlementaires, qui tenteront de laisser bientôt leurs empreintes de manière irrémédiable. L’opposition parlementaire se mobilisant contre vents et marées.
Dans la conjoncture, aucune de ces forces politiques ne veut donner l’impression d’être une rame de métro en retard sur le Timing du rendez-vous des prochaines législatives. Les leaders des partis d’opposition ont accepté de mettre de l’eau dans leur vin pour tenter de rééditer ce que Rodrigues a réalisé lors des dernières élections régionales en renvoyant l’Organisation du Peuple de Rodrigues (OPR) de Serge Clair dans les rangs de la minorité.
Alors que ce même bloc d’opposition est en mode de trêve de confiseurs, Lakwizinn du Prime Minister’s Office, plus particulièrement les aficionados du Sun Trust, n’a nullement senti le besoin de mettre un bémol à son offensive politique sur le terrain. Même si les ténors donnent l’impression de se tenir à distance.
Pour cause, dans la conjoncture, l’enjeu semble être de moindre importance mais pourrait revêtir une note stratégique de premier plan pour la séquence 2023. L’élection des présidents des cinq conseils de district de l’île mobilise ces jours-ci les ressources politiques et logistiques du MSM. À l’exception de Grand-Port où le président est de tendance de l’opposition, plus exactement travailliste, les autres présidences sont sous contrôle de l’Establishment au pouvoir.
Pourtant, le MSM s’est lancé dans un exercice de pouvoir en démonstration avec l’élection des cinq présidents de conseil de district car il n’est un secret pour personne que l’Hôtel du Gouvernement ambitionne encore de prendre le contrôle de Grand-Port. Techniquement, cela aurait dû être kouma kouto dan diber. Comme on le dit si suavement en Kreol Morisien.
Pourtant, les différentes tendances cohabitant à l’Hôtel du Gouvernement, voire même au QG du Sun Trust, se livrent à un exercice de démonstration de pouvoir pour le placement des poulains à la tête de ces collectivités locales.
Dans le Sud, la lutte reste fratricide au sein du Sun Trust avec deux membres en vue du Jugnauth Cabinet étant au coude-à-coude pour installer leur favori à la présidence de Savanne, avec les villages se trouvant dans les limites de la circonscription de Savanne/Rivière-Noire, réclamant leur Pound of Political Flesh au sein de cette collectivité locale.
À Flacq, où le ministre Sudheer Maudhoo affirme avoir enterré le Roi de l’Est, les ministres Hurdoyal et Balgobin ont sué sang et eau pour imposer leur favori au candidat récalcitrant et faisant fi au mot d’ordre et à la discipline de parti. Kishore Kumar Jeewooth a eu besoin d’un second tour pour se débarrasser de son adversaire, Manoj Ramrup, qui n’était autre que le vice-président sortant. Avec une seule voix d’avance au décompte final.
Au Nord, le président du MSM et principal porte-parole du gouvernement en périodes de crise, Joe Lesjongard, a dû s’avouer vaincu devant le choix tactique de Lakwizinn du PMO. Voyant que son candidat n’avait aucune chance de se faire élire à la présidence du conseil de district de Pamplemousses, il a préféré se mettre en retrait le jour du vote.
À l’Ouest, se profile le match politique le plus sournois avec Alan Ganoo, l’incontournable sur le terrain depuis 1982, devant faire face à une exigence à l’effet que le prochain président devrait sortir des rangs du Sun Trust. Dans l’attente du vote au QG du District Council de Bambous annoncé pour ce mercredi, les manoeuvres et initiatives se multiplient.
Cet exercice de pouvoir politique se donnant en démonstration ou s’engager dans une démonstration de pouvoir se déroule dans un climat avec en toile de fond de démocratie l’autre moitié de l’électorat, en l’occurrence des électeurs des cinq villes du pays, ayant vu son droit de vote devenir presque caduc entre les mains du pouvoir.
Les dernières élections municipales remontent à 2015, soit plus de sept ans déjà. Depuis, les renvois sont devenus légion avec le virus du Covid-19 ayant bon dos.
Tout porte à croire que le renvoi du scrutin dans les limites des cinq villes pourrait être une option politique non-négligeable menant à des législatives, le tout dépendant des résultats du sondage, visant à tâter le pouls de l’électorat, devant démarrer dès les premiers jours de janvier 2023 et confié aux services des renseignements sur la base d’un format revu et corrigé…