Le constat est accablant à la fin de la saison 2022 : la piste du Champ-de-Mars se trouve en piteux état. Des photos prises par Le Mauricien, hier après-midi, démontrent qu’après une longue saison de 41 journées où il y a eu les courses toutes les semaines depuis le 5 juin, la piste n’a jamais été aussi maltraitée et aussi mal entretenue. Si vous faites un tour à pied sur la piste du Champ-de-Mars, vous ne croirez pas vos yeux. À partir du poteau des 400m et ce, jusqu’à celui des 800m, vous verrez qu’un sillon profond s’est formé à l’intérieur.
L’état de la piste a été au centre des débats avec le début de la saison 2022. En effet, depuis deux siècles, jusqu’au début de la saison 2022, le MTC gérait et entretenait la piste du Champ-de-Mars, dans le cadre de son bail avec la municipalité de Port-Louis, qui a été abusivement annulé en avril dernier par le gouvernement. La gestion de la piste a alors été confiée au ministère des Terres et puis à une entité mise sur pied sous l’égide du ministère des Finances, la COIREC. Par la suite, cette instance est passée sous l’autorité du PMO.
La COIREC, qui a désormais la charge de l’entretien de la piste, a pris la décision de passer ses responsabilités premières, une semaine à la MTCSL qui a de l’expérience et alternativement une autre semaine à PTP, qui n’en avait pas. Comme il fallait s’y attendre, l’état de la piste a été une source d’inquiétudes tout au long de la saison et ce sont non seulement les courses qui ont pris un sale coup, mais toute l’organisation.
La problématique de l’intersaison
Avec l’arrivée de l’intersaison, aucun organisateur de courses ne peut techniquement gérer la piste et c’est la COIREC qui doit le faire mais elle n’a ni les hommes, ni l’expertise à cet effet. Laisser la piste sans entretien jusqu’ à la reprise de la saison 2023 serait un crime de lèse-majesté. La piste requiert donc un entretien urgent et express si on veut que les courses redémarrent dans de bonnes conditions en 2023. Or, ni le MTC/MTCSL et ni le PTP n’ont le droit d’utiliser la piste pendant l’intersaison donc ne peuvent la traiter.
Ce qui est inquiétant, c’est que la COIREC donne l’impression de ne vouloir rien faire pour remédier à cette situation chaotique. Pourtant, selon les renseignements du Mauricien, la MTC/MTCSL en a fait la demande et a même eu une rencontre avec la COIREC. En fin de compte, elle a essuyé un refus des plus directs vu que son contrat a expiré depuis le 18 décembre.
Ce refus de la COIREC d’agir ou de la confier à l’un des organisateurs des courses est suspect et donne l’impression qu’au niveau des autorités, l’entretien de la piste bicentenaire du Champ-de-Mars n’est pas une priorité. Et comme les pluies se sont toujours attendre, du côté de l’organisateur historique des courses, des inquiétudes sont ressenties pour la saison 2023.
Stratégie pour tuer le Champ-de-Mars…et le MTC ?
La question qui se pose est de savoir si cela n’est pas un acte délibéré et un subterfuge pour laisser le Champ-de-Mars dans un état délabré afin que la piste soit déclarée à terme inapte pour l’organisation des courses hippiques. Tout cela, dans une conjoncture où la HRD et ses nouveaux dirigeants donneraient le feu vert au démarrage de la prochaine saison sur les pistes en sable de Petit-Gamin, dans le domaine appartenant, entre autres, au magnat des paris, l’incontournable Jean Michel Lee Shim.
Ce développement d’infrastructure majeur dans une zone humaine aussi sensible à cause de la présence conjointe d’un bois originel, du voisinage de plusieurs établissements hôteliers, d’un complexe d’habitations de luxe et de deux cours d’eau adjacents, n’a jamais obtenu le feu vert d’une étude d’impact environnemental nécessaire à tout développement de cette envergure sur une piste en sable qui nécessitera un besoin massif d’eau dans les périodes très chaudes de l’été.
En effet, depuis quelques mois, une accélération du développement du complexe de Petit-Gamin a été enclenchée, avec le développement à vitesse grand V de deux pistes en sable susceptibles d’accueillir des courses de chevaux alors que son mentor JMLS déclarait publiquement que ce n’était pas le business model de ce développement.
Des informations persistantes, mais non confirmées officiellement, annoncent un début de saison 2023 prématuré dès fin janvier, début février à Petit-Gamin où il est bien entendu, seul People’s Turf Club, dont le plus gros actionnaire est toujours JMLS, en mesure d’opérer.
Dans tous les cas, le non-entretien de la piste du Champ-de-Mars qui est sous la gestion exclusive de la COIREC relève d’un acte criminel pour un patrimoine national qui mérite plus de considération. Dans les coulisses, une action judiciaire à cet effet n’est pas à écarter !
Entre-temps, les turfistes sont en droit de s’inquiéter pour la prochaine saison et on peut même se demander si le refus aux MTC/MTCSL d’entretenir la piste n’est pas une indication que le club bicentenaire n’aura pas un nouveau bail pour 2023, faute de piste pour organiser des courses !