Qatar 2022 avait démarré sous des signes peu envieux. Le sort des travailleurs étrangers, en particulier ceux venus du Bangladesh, pour construire des stades majestueux en plein désert pour accueillir des matches de la Coupe du Monde continue à hanter plus d’un.
Et ce n’est pas fini. Avec la nouvelle tournure dans ce dossier au sein du Parlement européen.
Les arrestations au plus haut niveau opérées en fin de semaine dernière au sein de cette instance suprême de la démocratie en Europe pour des soupçons de corruption en relation avec des tentatives de Cover Up ou encore la volonté du Qatar de sauvegarder sa réputation décriée en matière de droits humains et de traitement des travailleurs étrangers.
Ce développement à Bruxelles, bien loin du Qatar, intervenait à la veille de la phase critique de la Coupe du Monde entamant sa semaine cruciale, soit la route vers la finale. Les répercussions sont à craindre d’autant plus que les autorités belges, qui avaient enclenché cette enquête sur cette sinistre affaire il y a quatre mois, ont choisi de frapper au coeur du Parlement européen pour la Journée internationale contre la Corruption.
Comme symbole de la détermination de la lutte contre la fraude et la corruption, il ne pouvait y avoir mieux.
Mais les dieux du stade ont tout simplement voulu que la fête du football soit grandiose. Que Qatar 2022 soit ce bain de jouvence pour la planète accablée par la pandémie de Covid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie et les catastrophes naturelles en cascades. Que Qatar 2022 entrera dans l’Histoire pour également d’autres raisons plus nobles que les sinistres desseins attribués.
En une fraction de seconde, la magie a illuminé de manière irrémédiable la Planète Foot. À la 42e minute du match Portugal/Maroc pour une place dans le dernier carré du gotha mondial, Youssef En-Nesyri a écrit de manière transcendante et renversante une page en Or de l’Histoire du Mondial.
Dans la présente compétition, d’autres acteurs plus illustres que lui jusqu’à samedi soir ont écrit à leur façon leur record. Neymar Junior, égalant le record de buts du Roi Pelé pour la sélection brésilienne et Ronaldo avec sa 196e sélection, devenant nouveau co-détenteur du nombre de sélections internationales, pour ne citer que ceux-là, ils ont été balayés par cette tête foudroyante de Youssef En-Nesyri.
Cette 42e minute du troisième quart de finale de Qatar 2022 a non seulement ramené le Portugal à la nouvelle réalité du football en propulsant le Maroc dans le dernier carré. Mais elle a surtout sonné le réveil de l’Afrique. Avec une fraîcheur déconcertante.
Pour la première fois, le continent africain s’invite de manière majestueuse, par le truchement des Lions de l’Atlas, sur le terrain des demi-finales de la Coupe du Monde.
La conjugaison de l’élégance du geste, de la générosité du mouvement et de la volonté de réussir se résumant dans ce but de la tête, aura d’abord libéré son équipe sur la pelouse du stade Al-Thumama de Doha, les supporters présents au Qatar et même dans les contrées marocaines lointaines et perdues.
Pour l’Histoire, cette détente et ce coup de tête, mettant le ballon hors de la portée du gardien portugais et au fond des filets, auront rallumé la flamme de la fierté de tout un chacun qui se dit Africain. Oui, l’Afrique a enfin vaincu le signe indien.
Depuis cette 42e minute, jusqu’au coup de sifflet, l’Afrique était de tout coeur derrière le Maroc. Et pour cause créer l’histoire sur la Planète Foot en mettant à genoux les Portugais à l’image de CR7 a valeur de symbole. Le Portugal n’était-il pas une des premières puissances coloniales à mettre les autres nations sous son joug. Un nouveau signe de la décolonisation complète.
Cette victoire du Maroc, qui ne souffre d’aucune contestation, est venue confirmer cette expression en Kreol Morisien « boul ron, laplenn kare ». L’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Brésil, maintenant le Portugal et avant l’Italie aussi, l’auront déjà appris à leurs dépens.
Le football et le sport en général viennent nous rappeler que dans la vie, il n’y a que l’effort dans l’abnégation, qui peut transcender les obstacles. Ceux qui prennent des raccourcis avec des principes se feront tôt ou tard rattraper comme cela a été le cas pour cette vice-présidente du Parlement européen, se croyant investie du pouvoir de défendre l’indéfendable…