Presque une année après avoir été remis au DPP, le rapport de l’enquête judiciaire sur les circonstances de la mort de Soopramanien Kistnen n’a pas encore été rendu public. Sans le lanceur d’alerte que l’Attorney General souhaite faire arrêter et punir, on aurait fini par oublier ce rapport, comme les autres, ceux qui dérangent et que l’on range au fond de tiroirs qui ne sont jamais ouverts. On traite ce rapport comme un document ultraconfidentiel alors qu’il n’est que l’analyse des déclarations faites par les différents témoins pendant l’enquête judiciaire dont les séances ont eu lieu en public et ont été largement répercutées dans la presse et sur les réseaux sociaux. Sans compter les déclarations et analyses quotidiennes des avocats à la fin de chaque séance. Que peut-il avoir de secret — et qui doit rester secret — dans un rapport basé sur des faits connus de tous et largement commentés ? L’acharnement du gouvernement à insister sur l’absence de papier en-tête, de sceau de la cour, de la signature de la magistrate et le manque d’un certain nombre de pages n’ont fait qu’ajouter à la confusion — voulue, entretenue ? — autour de ce rapport. L’opposition du ministre de la Justice à sa publication alors que le ministre des Affaires étrangères adoptait une position contraire n’a fait qu’épaissir l’atmosphère de confusion. La seule manière d’y mettre fin, c’est de publier le rapport. C’est ce que devrait faire le DPP sans attendre que l’enquête de la police n’ait eu le temps de respirer. Il avait rendu publiques les conclusions de l’enquête judiciaire sur les inondations de 2013 dans l’intérêt public. Est-ce que la publication du rapport de l’affaire Kistnen, deux ans après sa mort, qualifiée de suicide par la police et définie par le magistrate comme un homicide, n’est pas dans l’intérêt public ? Sinon, c’est dans l’intérêt de qui faut-il mettre le compte de cette volonté de non publication ?
*
Comme il fallait s’y attendre, la manifestation de samedi a été boudée par la moitié des partis de l’opposition. Si les leaders du PTr et du Reform Party étaient présents, ceux de l’Entente de l’Espoir brillaient par leur absence. Ce qui a donné l’occasion à Bruneau Laurette de dire que les lions étaient dans la rue et les moutons chez eux. On glosera sur le nombre de participants à la manifestation, sur la composition ethnique de la foule, mais il faut reconnaître qu’elle était un acte politique d’opposition. Tranchant sur ces longues conférences de presse de fin de semaine où chaque leader vient faire sa petite déclaration aseptisée pour dénoncer le gouvernement, qui s’en fiche pas mal. Depuis des mois, les leaders des partis de l’opposition s’engluent dans leurs contradictions, leurs guerres de place et leurs crises d’ego au lieu de créer une plateforme pour faire face au gouvernement. Cette mésentente ne peut que faire grossir les rangs des électeurs qui refusent d’aller voter. Est-ce que les leaders des partis d’opposition réalisent que leur désunion ne peut que profiter au gouvernement ? Est-ce qu’ils réalisent que leur comportement infantile ouvre un boulevard au MSM pour les prochaines élections ?
*
Est-ce que la police est associée à la réalisation d’un sondage sur les habitudes des automobilistes ? C’est la question que se sont posée plusieurs automobilistes du nord en fin de semaine. Jeudi, plusieurs d’entre eux ont été arrêtés sur l’autoroute du nord, juste après Pamplemousses, par des motards leur faisant signe de se ranger sur le bas-côté de l’autoroute. Quand un automobiliste reçoit ce genre d’invitation, tout de suite, il se wdemande tout d’abord s’il roulait plus vite que la vitesse autorisée. Ensuite, tout en sortant son permis de conduire de la boîte à gants, il essaye de passer en revue l’état de sa voiture en priant qu’il n’y ait rien qui puisse lui valoir une contravention, dont les montants ont été doublés avec les derniers amendements à la loi. Il baisse sa vitre en attendant de s’entendre dire « test de routine », mais constate, avec surprise, que le motard qui l’a arrêté ne vient pas vers lui. À la place, c’est un jeune homme avec un gilet fluo qui lui dit qu’il est en train de faire un sondage sur les habitudes des automobilistes et lui demande de répondre à un questionnaire. L’automobiliste réalise alors que sans le concours du motard, aucun automobiliste ne se serait arrêté pour participer au sondage. D’où la question du début.