La presse kenyane spécule sur une sortie de la Banque d’État de ce pays d’Afrique
La SBM Holdings parle d’allégations infondées quant à la vente ou le transfert de ses opérations bancaires
Le SBM Group se penche sur l’option de la vente de sa filiale au Kenya cinq ans après son entrée sur le marché via le rachat de la Fidelity Bank et ce, en dépit du soutien financier accordé par la Central Bank of Kenya (CBK). Cette potentielle vente a été révélée en marge d’un procès instruit par d’anciens propriétaires de la Fidelity Bank, qui veulent bloquer l’accord ou être payés des réclamations de l’ordre de Rs 950 millions qu’ils prétendent avoir perdues dans la vente forcée de la banque kenyane à SBM Holdings pour 1 shilling en 2017.
La divulgation de cette vente potentielle et de la sortie de SBM Holdings du Kenya intervient dans une période au cours de laquelle la banque a révélé qu’elle devait à la Banque Centrale du Kenya 11,3 milliards de shillings, soit Rs 4 milliards, offerts pour maintenir à flot le prêteur en difficulté. De son côté, la SBM Holdings affirme qu’elle reste attachée au marché kenyan. Toutefois, ce retrait du Kenya est évoqué par la presse du Kenya.
La State Bank of Mauritius a en effet lancé ses opérations au Kenya en 2017 lorsqu’elle a racheté la banque Fidelity avec 14 succursales pour Sh1. Toutefois, la banque a révélé dans ses états financiers pour le semestre se terminant en juin dernier qu’elle supportait un passif de 11,3 milliards de shillings de la Central Bank of Kenya, soit Rs 4 milliards, représentant une ligne de financement exploitée principalement par des prêteurs en difficulté tels que Spire Bank. Ces informations sont mises en avant dans le cadre du procès en réclamation qu’intentent d’anciens propriétaires de la Fidelity Bank à la CBK mais aussi à la SBM Holdings.
« Je suis informé de manière fiable que la filiale de la SBM Holdings, SBM Bank Kenya, n’a pas réalisé une bonne performance sur le marché kenyan ces derniers temps et que les dirigeants sont en pourparlers pour céder la banque et quitter le marché kenyan », a avancé Sultan Khimji, l’un des actionnaires représentant les propriétaires de Fidelity Bank, dans un affidavit soumis à l’attention de la High Court.
Dans la conjoncture, Sultan Khimji et ses partenaires sont à la recherche d’une injonction interdisant la Central Bank of Kenya ou encore la SBM Holdings ainsi que leurs préposés ou agents d’effectuer des transactions ou de céder, d’accepter toute transaction avec les actions ou la propriété de SBM Bank Kenya en attendant détermination et règlement de l’indemnité due dans les circonstances expliquées.
En effet, le groupe bancaire de l’État mauricien est entré sur le marché kenyan en 2017 grâce aux acquisitions de Fidelity et de Chase Bank dans le cadre d’opérations pilotées par le régulateur bancaire kenyan avec ces deux banques kenyanes traversant des crises financières. Les bénéfices annuels de SBM Bank Kenya ont chuté de 46,9 % pour atteindre 346,7 millions de shillings en décembre 2021, au cours d’une période au cours de laquelle la plupart des banques ont enregistré une croissance des bénéfices à deux chiffres.
On laisse entendre que la filiale kenyane de la SBM s’est appuyée sur la Banque Centrale du Kenya pour répondre à ses besoins de liquidités à court terme et n’aurait pas fourni de Breakdown pour le soutien vital de la CBK de Rs 4 milliards. Mais au cours de la période allant jusqu’en décembre de l’année dernière, la SBM Bank Kenya a révélé que la CBK lui avait offert 2,5 milliards de shillings, représentant Rs 950 millions comme soutien de liquidité et 6,6 milliards de shillings en facilités de pension à court terme garanties par des parcelles de terrain et 8,5 milliards de shillings de titres publics.
« La banque a supposé que 2,8 milliards de shillings auprès de Fidelity Commercial Bank étaient un montant emprunté à la Banque centrale du Kenya dans le cadre d’un soutien aux liquidités accordé avant 2017. Le montant était en partie garanti par deux propriétés appartenant au groupe », indique le rapport annuel de la SBM.
La CBK accorde des prêts aux banques par le biais du marché des pensions (repurchase agreement) où les banques vendent des titres à court terme au régulateur avec la promesse de les racheter plus tard ou des bons du Trésor à prix réduit. Cependant, les banques ne sont jamais trop désireuses de retirer de l’argent de la Banque Centrale, préférant d’autres canaux comme la prise de dépôts les unes des autres.
La SBM Bank Kenya aurait renvoyé des dizaines d’officiers chez eux en décembre de l’année dernière dans le cadre d’un licenciement massif après avoir échoué à atteindre son nombre cible dans le cadre d’une Voluntary Exit en octobre. La banque serait aussi « liable » de payer 400 millions de shillings d’impôts et de pénalités sur un prêt sans intérêt de 9,6 milliards de shillings contracté auprès de la CBK lors de l’achat des actifs de la Chase Bank en faillite.
Selon la plainte de Fidelity Bank, le groupe SBM avait cherché à entrer au Kenya depuis 2015 mais a été mis en lock-out en raison d’un moratoire sur les licences imposées par la CBK. Lorsque Fidelity avait demandé un renflouement à la CBK après avoir rencontré des difficultés financières, le régulateur les a liés à un associé principal d’un cabinet comptable qui agissait en tant que courtier pour le groupe bancaire mauricien, évoquant une possible « collusion » dans ce rachat qui est désormais qualifié de « forcé ».
Réagissant à cette sortie évoquée du Kenya, la SBM Holdings Ltd rassure ses parties prenantes au Kenya qu’elle reste attachée au marché bancaire local à travers ses investissements à long terme au niveau de la SBM Bank (Kenya). Le conseil d’administration de la Holdings maintient que toutes les procédures légales et bancaires ont été dûment respectées lors du processus d’acquisition d’une banque kenyane en 2017, notamment la Fidelity Bank.
« En tant que deuxième plus grand groupe de services bancaires et financiers coté à Maurice, la SBMH reste disciplinée et proche de ses organismes de réglementation, clients et autres parties prenantes. En tant que tel, le SBMBK se réserve le droit d’explorer toutes les voies légales contre toute allégation fausse, infondée et malveillante concernant la vente ou le transfert de l’une de ses opérations bancaires au Kenya », fait-on ressortir du côté de la SBM Tower.
Affaire à suivre…