Membre exécutif de l’Africa Down Syndrome Network (ADSN) depuis deux ans, Ali Jookhun, militant pour la cause des personnes en situation de handicap, notamment ceux avec le Down Syndrome, a été désigné président 2022-2024 lors de l’élection du nouveau comité exécutif. Le fondateur d’U-Link/Down Syndrome Association à Maurice avait été nommé ambassadeur international de la Down Syndrome Wall 47 Foundation en 2020.
En tant que membre exécutif de l’ADSN, Ali Jookhun avait signé un MoU avec le Global Council for Tolerance and Peace (GCTP), lors de la huitième session plénière du Council for Tolerance and Peace au Forum international sur la Jeunesse et la Paix en janvier dernier, aux Comores. Le président du GCTP, Ahmed bin Mohamed Al-Jarwan, avec lequel Ali Jookhun a tissé un lien, devrait bientôt venir à Maurice.
« J’ai eu l’occasion de lui parler hier et on a commencé à établir un calendrier de travail. Le soutien du GCTP nous aidera à militer davantage en faveur du bien-être des personnes avec le Down Syndrome en Afrique », explique-t-il.
Ali Jookhun dit travailler, par ailleurs, sur un projet autour du jiu-jitsu brésilien « qui a bien fonctionné avec des jeunes de Down Syndrome à Maurice. Il existe une fédération africaine du jiu-jitsu dont le secrétariat est basé à Maurice. « Nous établirons donc une collaboration avec divers pays d’Afrique pour que les jeunes africains puissent profiter de cette activité. J’ai le soutien du haut-commissariat de l’Iran qui a un bon réseau en Afrique en ce sens avec pour but de promouvoir le bien-être des jeunes avec le Down Syndrome en Afrique. »
Le nouveau président de l’ADSN pourra aussi compter sur le soutien de Down Syndrome International pour faire avancer la cause des jeunes trisomiques en Afrique. L’ADSN a pour but, entre autres, la mise en réseau des pays africains en vue de travailler en faveur des personnes trisomiques.
Quelles priorités pour Maurice ? « Nous militons pour que les enfants intègrent la société et aient une vie normale. Récemment, j’ai plaidé pour 35 tablettes en faveur des enfants trisomiques sur les 120 qu’Accenture distribuait à des personnes en situation de handicap. C’est un moyen pour eux d’intégrer la société à travers l’inclusion numérique. »
Ali Jookhun préfère parler de normalisation que d’intégration sociale pour les personnes en situation de handicap. « Quand on parle d’inclure une personne en situation de handicap dans une salle de classe, elle ne fera que s’asseoir dans la classe. En revanche, la normalisation implique qu’il y ait les infrastructures nécessaires pour que la personne mène une vie normale. Certes, on ne peut se contenter de mettre ces enfants dans une école normale mais il faut les infrastructures appropriées, des enseignants qualifiés, etc., pour les aider à vivre le plus normalement possible. »
Revenant sur son élection comme président de l’ADSN, Ali Jookhun a dit avoir soumis sa candidature avant d’avoir été élu. « C’est un gros défi. Le handicap est un défi pour moi depuis la naissance de mes regrettées filles en 93. Je continuerai de faire entendre ma voix et celle des sans voix. »
Aux parents, il lance cet appel : « Vos voix sont importantes. Faites-vous entendre. Il faut que vous joigniez vos forces. On ne crée pas une association pour créer la division, la sensation ou pour avoir la grosse tête mais pour être au service des autres. Moi, je suis là pour être au service des handicapés et non pas pour me servir des handicapés. Je l’ai fait bénévolement depuis bientôt 30 ans. Je n’ai pas attendu l’âge de la retraite pour être bénévole. Je le ferai tant que j’ai le courage. »
Il lance un appel à l’État pour qu’il assume ses responsabilités. « Sans investissement, on ne pourra accomplir grand-chose. On ne ferait qu’émettre de belles paroles. Il faut investir beaucoup dans le secteur du handicap : l’éducation, l’emploi, la santé, les équipements. »