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(Rencontre) Norah Julie : le trait d’union… indispensable !

Du haut de ses 18 petites années, cette jeune fille du sol le clame haut et fort, sur un ton résolu : « Non ! Li pa bon. Mo ena linpresion antr twa ek mwa pena enn tre dinion… » Ce samedi 8 octobre, Norah Julie, jeune auteure-compositrice-chanteuse, sera sur la scène d’Edith, à Port-Louis, aux côtés d’autres jeunes de sa génération – Despoir, Ras Kenco, Solda Kenzz, Solda Kaz Bad – ainsi que de ses aînés et mentors, OSB. Rencontre avec une jeune Mauricienne très éveillée et qui n’a pas l’intention de la fermer… D’autant qu’elle a une belle voix et du talent à composer !

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« Pou mo kapav dir Moris enn paradi, foder premierman mo exprim seki mo resanti ! » De sa voix cristalline et limpide, sur un ton qui ne cache pas ses fêlures, Norah Julie se fait l’écho de ces sentiments et inquiétudes qui taraudent autant une foule de jeunes comme elle, mais également des adultes. Bref, tous ceux qui se soucient de ce qui se passe dans notre pays et qui ternit le magnifique arc-en-ciel populaire.

Tre dinion, son premier single, est sorti au premier trimestre de cette année. Norah Julie respire la joie de vivre et l’envie de mener une existence pleine et riche. Des aspirations légitimes de tout Mauricien, en somme. Seulement voilà, ce qu’elle vit et découvre au quotidien, ce qu’elle vit et ressent ne correspondent pas à ce qu’elle s’attend. « Je ne suis pas une anarchiste », précise-t-elle, de son timbre doux et posé. « Seki mo vinn dir, mo pa pe kriye, braye, pou fer enn revolision. Ce n’est pas un cri de révolte, mais un cri du cœur. » Un cri de ralliement. Norah Julie aime son pays autant que ses compatriotes. Elle le dit dans Tre dinion. Ce qu’elle récuse, ce sont les injustices et les embrouilles qui sèment la souffrance.

« On déplore souvent que les jeunes sont passifs », souligne-t-elle. « Que nous ne sommes pas intéressés avec ce qui se passe autour de nous. C’est faux ! » Jeune fille originaire de Plaisance, Rose-Hill, qui grandit à Bambous, au caractère bien trempé, elle a choisi de faire la différence. « Je crois en des valeurs comme la méritocratie, l’effort, la persévérance. Ce que mes parents, mes aînés et mentors m’ont transmis. Tre dinion est cette prise de conscience. » Elle le chante d’ailleurs : « Pa pou naryen tonn ariv o pouvwar ; alor kan tonn ariv lao, fer byen to devwar ! »

Dès sa plus tendre enfance, se souvient-elle, « mo ti kontan sante ». Ses parents, Kersley et Jennifer, la poussent vers ses rêves. Son père était d’ailleurs membre de la formation BTM, au même moment où OSB émergeait dans la périphérie de Rose-Hill. « Quand je lui ai montré ce que j’écrivais, il m’a tout de suite encouragé à continuer. »

Conservatoire et Elvis Heroseau

L’étudiante qui aura ses examens la semaine qui suit le concert du 8 octobre a fait ses armes au Conservatoire de musique François Mitterrand de Quatre-Bornes. « J’étais dans la chorale, confie-t-elle. Et j’ai aussi suivi une formation de la guitare. C’est sûr que cela m’a énormément aidée ! J’y ai, par exemple, appris mes vocalises. Aujourd’hui, pour le chant, c’est un atout immense. » Elle opte pourtant pour continuer son parcours autrement, après quelques années au conservatoire. Entre-temps, il y a la rencontre avec celui qui devient son mentor, Elvis Heroseau.

« Je lui dois beaucoup, énormément », concède Norah Julie. « Depuis que mon père m’a emmenée le voir, pour me guider dans le métier, ce grand monsieur ne m’a pas lâchée une seule seconde ! » La jeune artiste est pleine de gratitude envers toutes ces personnes qui m’entourent et m’encadrent : « Mes parents et mes sœurs, Axelle et Karlie ; Elvis Heroseau, Bruno Raya et Blakkayo. Chaque pas que je fais, ces personnes sont là pour moi. »

Pour elle, « rien n’est arrivé au hasard : les choses se sont mises en place pour que j’en arrive là ». La chanson est devenue son médium pour se dire et partager son vécu. Mais même si au temps où elle faisait des reprises des morceaux de Blakkayo, dont Vey lor nou, avec sa sœur Axelle, et que ça leur avait attiré « plus de 100 000 vues sur YouTube », Norah Julie ne pensait pas que Tre Dinion allait avoir une réverbération aussi importante.

De fait, il y a peu, alors qu’elle est sur scène et qu’une dame d’un certain âge reprenait, texto, son morceau, « mo larm inn kuler » Et d’ajouter : « Je pensais que ma chanson avait touché des jeunes de ma génération. D’ailleurs, il y en a beaucoup qui m’ont écrit pour me le dire à la sortie de “Tre Dinion”. Mais là, j’ai réalisé que j’avais touché également des adultes ! Je ne m’y attendais pas du tout. Et ça m’a tellement émue. »

Pour l’heure, la jeune artiste organise son temps entre l’écriture de nouvelles chansons, avec, pourquoi pas, un album en préparation et ses études. Samedi le 8 octobre, elle confie que « ce sera un honneur immense pour moi de partager la même scène que mes aînés et mentors ». Norah Julie fera aussi partie des choristes de Solda Kaz Bad. Autant d’excellentes raisons de ne pas rater son tour de scène !


Jamais sans ma sœur !

Entre Axelle, 14 ans, « plus intéressée par le sport, elle est athlète ! », et Norah, « c’est une complicité et un lien inexplicable, li mo lonbraz ! » La jeune artiste continue : « Quand je suis sur scène, et si je ne la vois pas, quelque chose ne va pas. » Norah Julie confie : « Blakkayo m’a expliqué que c’était aussi le cas avec son petit frère… Il y a des liens, comme ça, qu’on ne peut pas expliquer. Bien qu’Axelle soit davantage intéressée par les sports, quand je chante et que je l’entraîne, elle s’y met aussi. » Elle ajoute : « C’est pareil pour mes parents. C’est grâce à eux si je suis là aujourd’hui. À chaque pas, ils me soutiennent et m’accompagnent. Ce que je serais, un jour, c’est à eux et à Elvis Heroseau, OSB que je le devrais. »

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