L’église Sainte-Anne, à Stanley, a vibré hier au rythme des prières et des chants dans plusieurs langues à l’occasion de la messe célébrée par le cardinal Maurice Piat pour marquer la Journée des migrants, placée sur le thème « Construire avec les migrants ». À cette occasion, il a invité tout un chacun à « mieux apprécier et valoriser la richesse et la contribution que nous apportent les migrants ».
Le cardinal a ainsi salué, entre autres, les migrants venus de Madagascar, d’Afrique, de l’Inde, du Bangladesh, des Philippines, « et de tous les continents, pour travailler dans toutes les sphères à Maurice, que ce soit dans les usines, les hôtels, les boulangeries, les stations-service, voire comme cadres dans le secteur privé et le centre financier ou comme étudiants dans les universités locales ». Il a eu également un mot spécial pour les réfugiés vivant actuellement à Maurice, en attendant de trouver un pays d’accueil, ainsi que pour les étrangers « qui sont incarcérés dans les prisons mauriciennes et qui sont soutenus par Caritas ».
« Il faut construire l’avenir avec les frères et les sœurs migrants et réfugiés. Notre avenir et ceux des migrants sont liés », s’est appesanti le cardinal Piat. Aussi, « personne ne peut rester indifférent vis-à-vis de nos frères et nos sœurs étrangers », tout en soulignant « l’importance d’aller à leur rencontre pour les écouter, nous intéresser à eux et les soutenir ». Tout en rappelant à ce titre que « beaucoup de Mauriciens travaillent également à l’étranger », il ajoute « ils savent apprécier ce que veut dire l’accueil. L’accueil passe par des gestes très simples. »
C’est dans cette optique qu’un bureau, spécialement dédié aux migrants, a été mis sur pied. Placé sous la responsabilité du diacre Josian Labonté, il a pour devise : « Accueillir, protéger, promouvoir et intégrer. » En outre, deux médecins volontaires aident les migrants qui ne sont pas familiers avec l’administration mauricienne des services de santé. De même, un avocat ainsi qu’un professionnel en ressources humaines soutiennent les migrants dont les conditions de travail ne sont pas satisfaisantes.
Le cardinal rappelle par ailleurs qu’il arrive que certains travailleurs, notamment des Bangladeshis, « n’évoluent pas dans des conditions respectables, entre autres en ce qui concerne le logement ». Sans compter que des cours d’alphabétisation sont dispensés dans les prisons à l’intention des étrangers, et ce, afin que ceux-ci, principalement ceux incarcérés pour des délits de drogues, « puissent se défendre convenablement ».
L’évêque de Port-Louis est revenu sur les valeurs de fraternité, de solidarité et de respect de leurs droits, de leurs conditions de travail et à des salaires convenables. « Tout cela fait partie de la préparation de l’avenir, qui implique également une éducation qui ne laisse personne au bord du chemin », dit-il.
Le cardinal a également eu une pensée spéciale pour tous les religieux étrangers qui exercent au sein du diocèse de Port-Louis pour « leur riche contribution » au sein de l’Eglise. À noter que la messe était animée par la chorale Amadeus, composée surtout d’étudiants congolais et burundais de l’Université de Mascareignes. « On a chanté en plusieurs langues, notamment en swahili, parlé également au Burundi, et en Lingala, parlé au Congo », a ainsi expliqué Pascaline, une ressortissante congolaise, et qui a dirigé la chorale d’une main experte, même si elle regagne son pays ce week-end après trois ans d’études.
Les travailleurs malgaches ont également impressionné par leurs chants, notamment lorsqu’ils ont remonté la nef centrale en compagnie des migrants congolais pour apporter les offrandes. Par ailleurs, une chorale ayant chanté le cantique final, en langue tamoule, a été chaudement applaudie.
Après la messe, le cardinal Piat a procédé à l’inauguration d’un centre dédié aux migrants, aménagé dans l’ancienne cure de l’église Sainte-Anne. Les personnes présentes ont pu avoir un aperçu des différentes cuisines proposées par des étudiants et travailleurs d’origine malgache, philippine, congolaise et kéralaise. Une animation culturelle a ensuite réuni les artistes représentant plusieurs pays.
Chipo Santos, un religieux affecté auprès de la communauté des Philippines, s’est dit pour sa part très touché par la célébration d’hier, tout en affirmant que l’église est « un lieu de rencontre et de ressourcement majeur » pour tous les travailleurs philippins en poste à Maurice, et qui se rencontrent régulièrement à Saint-Ignace.