Doomila Moheeputh ne peut donc compter que sur l’aile féminine du PTr et d’un groupuscule, le Hindu Ladies Council, des anonymes, qui ont eu le courage de protester contre le traitement ignoble qui lui a été infligé avec la fuite de vidéos et photos intimes de son compagnon, Me Akil Bissessur, et elle le week-end dernier. Mais Doomila Moheeputh ne peut pas compter sur ces associations féminines officielles, celles qui adorent se pavaner devant les caméras des médias, se faire prendre en photo, passer à la télé ou sur les ondes des radios, pour dire tout et rien à la fois. Celles qui réagissent au quart de tour et condamnent de manière ferme et de vive voix si une femme proche de la majorité est égratignée.
Peut-être pensent-elles que Doomila Moheeputh, une femme, avant tout, une Mauricienne, ne mérite ni leur soutien ni leur solidarité dans l’épreuve qu’elle traverse. Que son intimité ait été délibérément violée, jetée en pâture pour on ne sait quelle raison d’ailleurs, ne semble aucunement les toucher. Pour ces associations de femmes, il existe peut-être deux catégories de Mauriciennes, who knows ?
L’ignominie dont sont victimes Doomila Moheeputh, et avant elle Simla Kistnen, la veuve du chef agent orange décédé dans des circonstances jusqu’ici encore énigmatiques, mérite définitivement des sanctions et des mesures fermes. Parce que cela peut arriver à n’importe qui ! Pourtant, jusqu’ici, c’est un assourdissant silence radio. De fait, la fulgurante déclaration de Pravind Jugnauth, qui se targuait au début du mandat de Lalyans Sosyal en ces termes, « Pran tou bann dirizan, bann lider bann parti politik ki ena aspirasion pou vinn Premier minis. Nek panse enn kou sak madam ki isi, si met ou, ou tifi tou sel dan enn lasam ar sak lider de bann parti politik-la, dir mwa ar kisanla ou pou pli santi ou pli an sekirite ?», résonne encore plus fort dans nos tympans et nos mémoires.
Quel pourrait être le but de ceux qui ont commis un tel acte ignoble ? Souiller Doomila Moheeputh ?
La faire passer pour une traînée ? Parce qu’elle faisait l’amour avec l’homme qui partage sa vie ? Pudibonderies et hypocrisies mises à part, ces adultes consentants sont ensemble, comme tant d’autres couples. Comment ce qui se passe dans leur chambre à coucher concerne… l’affaire de drogue pour laquelle ils ont été interpellés et détenus ? Voit-on le couple fumer ou se faire un shoot sur les clips ? Ou qu’ils y manipulent des “exhibits” ?
Rares sont ceux qui n’ont pas eu un haut-le-cœur en découvrant ces clips et photos. Un affreux sentiment de voyeurisme, de s’immiscer sans être invité dans l’intimité des autres, une nausée ressentie en réalisant qu’on viole la vie privée de nos compatriotes, qui auraient pu être nos proches ou parents, ou amis, font que ce type d’agissements mérite de lourdes sanctions.
Drôle de mentalité ! Est-ce avec ces Mauriciens qui ont fait fuiter ces images que nous allons bâtir une société où nos enfants vivront paisiblement et s’épanouiront ?
En parlant d’enfants, justement, aux Assises, cette semaine, les bourreaux et parents de la défunte Farida Jeewoth ont suscité l’indignation. La fillette avait 10 ans quand elle a péri sous les coups de Deven Chiniah, compagnon de sa mère. Chiniah, qui a plaidé coupable, l’avait frappé fatalement avec un rondin à la tête. Puis il a voulu découper le corps pour s’en débarrasser, avant d’y mettre le feu.
Lors de son passage en cour cette semaine, Pallavi Khedoo, mère biologique de Farida, a avoué que la fillette était victime d’attouchements de la part de Deven Chiniah. Mais elle n’a pas tenté de l’arrêter, même quand elle a surpris son compagnon embrassant le petit corps sans défense de Farida ! A la place, elle a accepté la version de l’agresseur, à l’effet que l’enfant l’aurait provoqué. Quelle mère laisse tuer sa propre chair et dédouane celui qui massacre l’innocence de son enfant sous ses yeux ?
Jusqu’où peut-on aller dans la bassesse ? N’y a-t-il donc plus aucun respect dans ce pays ? Se pourrait-il que, que l’on soit femme ou fillette, si l’on est pas née sous une bonne étoile ou qu’on ait pas les bonnes connexions, on soit fichues ?
Husna Ramjanally