Depuis mardi soir, le sport mauricien est sous le choc et pleure le décès du basketteur Krishen Valydon. Lui qui a malheureusement succombé en fi n du match qui opposait son club, Forest-Side SC, à Curepipe Starlight SC au gymnase de Phoenix. Un coup qui s’est avéré malheureusement fatal pour celui qui était très apprécié de son entourage. Non seulement dans ce club de la banlieue curepipienne, mais aussi au sein de Curepipe Starlight SC où il a passé une bonne dizaine d’années en tant que capitaine. Coïncidence ou pas, il aura fallu qu’il tombe face à son ancien club !
Ce décès survenu sur un site de compétition donne froid dans le dos. Krishen Valydon (39 ans) devenant le troisième sportif à connaître un triste sort dans l’exercice de son action en moins de deux ans ! Cela, après la disparition des triathlètes Jayrajsing Hazareesing (55 ans) et Hughes Rivet (45 ans), qui nous ont quittés dans des circonstances tragiques en l’espace de trois semaines seulement en janvier-février 2021 ! Le premier avait péri noyé, tandis que le second avait succombé des suites d’un accident de la route.
Si la Fédération mauricienne de Triathlon a déposé un rapport au ministère des Sports suivant les circonstances de ces deux drames, en revanche, on ne connaît, depuis, toujours pas l’issue des discussions entre les deux parties. A-t-on pu situer les failles ayant conduit à ces accidents mortels ? Des mesures appropriées ont-elles été prises en conséquence dans l’intérêt du sport en général ? Y a-t-il eu des réunions de conscientisation auprès des fédérations pour éviter une rechute ? Malheureusement non, serait-on tenté de dire après ce qui s’est passé mardi soir.
Dans ce contexte, il est très important que les autorités réagissent promptement, afin d’assurer la sécurité de nos sportifs. D’autant que ces trois drames dépassent largement le simple cadre fédéral de deux disciplines uniquement. Tout le monde est concerné et qui plus est, n’importe quelle fédération peut être à risque. Désormais, les responsabilités suite au décès de Krishen Valydon doivent être situées. À commencer par celles de la Fédération mauricienne de basket-ball (FMBB), organisatrice du tournoi et donc forcément responsable des équipes et des joueurs. Elle dont l’absence est déplorée à ce match, tout comme celle d’une équipe médicale spécialisée !
Certes, Forest-Side SC avait, comme recommandé à tous les clubs à l’heure de la soumission du playing strength, inscrit un first aider sur sa liste. Mais est-ce raisonnable compte tenu de la gravité de ce qui s’est produit mardi à Phoenix ? Un first aider a-t-il été suffi samment formé, dans le cas qui nous concerne, pour faire face à une situation aussi compliquée ? Visiblement non serait-on tenté de dire après ce qui s’est passé mardi. Le président de la FMBB, Hedley Han, concède, lui, ce manquement. Toutefois, se défend-il, le manque de moyen pose problème pour assurer un service médical qu’il considère onéreux sur toute la durée du championnat. Sauf qu’on dira, nous, que la santé n’a pas de prix et qu’il était très important de trouver des alternatives, afin de parer justement à toute éventualité.
Au même titre, comment ne pas questionner encore le rôle du ministère des Sports et par conséquent, du gouvernement, après un tel drame ? Comment peut-on évoquer l’excellence et viser des médailles aux Jeux olympiques de Paris en 2024, alors qu’on n’est même pas capable d’offrir à nos sportifs l’essentiel. Trouver des millions pour viser le ciel c’est bien, mais ne pas être capable d’assurer la sécurité physique de ses sportifs sur ses propres sites de compétition est très grave, voire même dangereux. N’était-il donc pas du devoir du ministère des Sports, avec la collaboration de celui de la Santé, de mettre à disposition une permanence médicale sur les sites de compétition ? Ce faisant, n’aurait-on pas sauvé la vie d’un sportif, voire de ce père de famille qui laisse malheureusement derrière lui un grand vide familial, notamment une fille en bas âge ?
Ce qui s’est passé mardi soir à Phoenix est intolérable et prouve qu’on est encore très loin de pouvoir passer à l’excellence comme le veulent ardemment certains bureaucrates. Alors même qu’on n’est pas en mesure de revoir tout simplement ses horaires de travail pour se mettre davantage au service du sport au-delà des heures ouvrables ! Dans ce même ordre d’idées, des tests médicaux adéquats ont-ils été effectués par ceux ayant atteint un âge avancé — les trois décédés ayant dépassé la trentaine ? Cela, en tenant compte des conditions de la reprise, rendues extrêmement difficiles après deux ans de restrictions sanitaires ?
Ce troisième mort dans le sport local mérite une profonde réaction, voire même une remise en question de la part de tous ceux concernés. Car, si tel avait été le cas depuis le décès des deux triathlètes, il est certain que nous ne serions pas là aujourd’hui à épiloguer sur un drame qui aurait pu être évité si les autorités avaient assumé pleinement leurs responsabilités. Krishen Valydon, Jayrajsing Hazareesing et Hughes Rivet nous ont quittés dans des circonstances dramatiques et personne ne pourra les ramener à la vie. En revanche, leurs décès peuvent toujours servir à faire avancer les choses par le biais d’une réaction responsable. Au moins, éviterat-on alors d’avoir d’autres accidents tragiques sur la conscience.