« Un Tramway nommé Désir » au Caudan Arts Centre les 15, 16 septembre 2020

Guillaume Silavant : « L'imagination est un des outils les plus puissants de l'acteur »

Un Tramway nommé Désir, de Tennessee Williams, adapté par Ashish Beesoondial, avec comme principaux personnages Rachel de Spéville (Blanche Du Bois, Guillaume Silavant, Stanley Kowalski et Clémence Soupe dans le rôle de Stella Kowalski), revient au Caudan Arts Centre les 15 et 16 septembre 2020. En amont de cette représentation, nous avons invité Guillaume Silavant à se faire entendre dans sa diversité et son approche sensible de la pièce. Ce jeune acteur de 33 ans a été exposé très jeune au théâtre et tourne actuellement dans des productions étrangères, quand il n’assure pas des cours de théâtre. L’imagination est, selon lui, un des outils puissants de l’acteur et à trop voir de près, à force d’établir des parallèles, ne risque-t-on pas de perdre la capacité d’imaginer, de porter un regard critique sur soi ?  

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Quel est votre rapport au théâtre ? C’est la grande expérience de votre vie ?

C’est un rapport passionné, fusionnel. Ça a été une grande chance d’avoir été exposé à cette discipline artistique. Ça a été un moment incontournable dans mon histoire. Un moment qui a eu un bel impact sur le reste de ma vie. Je crois que le théâtre fait de moi un meilleur être humain, ça demande une certaine empathie d’incarner des personnages qui n’ont parfois rien à avoir avec ce que nous sommes. Et le théâtre est du coup plus qu’une discipline artistique, pour moi, c’est un peu une religion. Une grande part de ma spiritualité découle du théâtre. Ça m’aide à mieux comprendre l’humanité de manière générale.

Est-ce qu’il faut de l’invention pour être acteur de théâtre ?

Oui. L’imagination est un des outils les plus puissants de l’acteur. Le plus vous pouvez imaginer des choses, le plus vous pouvez faire passer ces choses aux gens pour qu’ils puissent imaginer à leur tour. Pour ce qui est de mon personnage dans Un Tramway nommé Désir, ça a été un travail basé sur les animaux parce que le personnage que je joue a une part d’animalité, de bestialité. Ce n’est pas ce qu’on retrouve chez moi dans la vie de tous les jours. J’incarne un personnage rustre, macho, parfois brutal. Mais le texte m’aide beaucoup, ça me donne une image et je viens coller des pièces de puzzle autour de cette image.

Quelles ont été les œuvres charnières dans votre formation théâtrale ?

Ça a été beaucoup de théâtre classique parce qu’on est exposé à ces textes, notamment au collège. Shakespeare, Molière, Beaumarchais. J’ai toujours adoré lire mais principalement des romans. J’ai eu aussi l’occasion de jouer des pièces classiques. Mais j’ai eu une grand-mère qui m’emmenait au théâtre quand j’étais petit. J’ai été exposé aux productions théâtrales très jeune.

Quels sont les gens de théâtre que vous avez eu la chance de côtoyer ?

Le fait d’avoir eu l’occasion de travailler avec Philippe Houbert et le metteur en scène Daniel Mourgues était super intéressant. Ça a été une initiation au théâtre à un autre niveau. J’ai eu aussi l’occasion de rencontrer l’acteur français de théâtre et de cinéma Francis Perrin, qui a été un coach, un professeur incroyable. J’ai eu l’occasion de travailler avec une prof du cours Florent, Antonia Malinova et avec l’actrice française Marie Raynal qui a animé un atelier de travail à Maurice. Il y a aussi mon coach Per, qui vit ici, en matière de dramaturgie. La liste est longue. On m’a appris le rythme, comment on approche un texte, comment on le délivre, comment on prend son temps avec les mots pour faire comprendre une idée, comment s’ancrer pour que le rythme crée la magie.

Ce qui fait qu’un comédien est mystérieux. On découvre ce que c’est d’être comédien tous les jours. Quels sont les mécanismes du métier, les blocages, la difficulté de travailler sur soi ?

On n’arrête pas de s’améliorer de jour en jour, d’être confronté à nos forces et à nos faiblesses. Chaque projet met en avant, d’abord, nos faiblesses par rapport à un personnage colossal. Ensuite, on se rappelle qu’on a sa force pour conquérir ses faiblesses. Il y a un travail sur soi pour s’inventer, ne pas rester sur ses acquis. On va chercher chez les autres aussi. On observe les gens. Être un bon comédien, c’est se connaître, connaître sa part d’ombre, de lumières, ses qualités, ses forces, ses faiblesses. Ensuite, s’inspirer des autres et fusionner tout ça pour créer quelque chose de nouveau.

Un Tramway nommé Désir transporte, pour un jeune, une vision, une morale, une philosophie du monde, une performance éphémère ?

Ce que Tramway m’a appris, c’est une pièce qui met en avant l’humanité mise à nu. Il n’y a pas de bon ou de méchant, il n’a y a pas d’extrême opposé. C’est beau, parce que c’est vraiment humain. Les personnages s’affrontent dans une joute sanguinaire mais on les comprend et le public est capable d’émotion pour eux sans pour autant les condamner. C’est une pièce intemporelle. Ce sont des thématiques qui ont traversé des décennies et qui sont toujours d’actualité. Le théâtre est effectivement une petite fabrique de talents, de travail, de rêves éphémères. On travaille des mois et des mois mais la représentation théâtrale est unique. Elle laisse pourtant des traces.

(Crédit photos : Eric Lee)

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