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Youth gone wild!

Des incidents impliquant des adolescents, cette semaine, ramènent une nouvelle fois sur le tapis la thématique des jeunes et de la violence. Une vidéo a d’abord fait le buzz, montrant une scène de bagarre dans un autobus. Puis un autre jeune a porté plainte, expliquant qu’il filmait une scène où des policiers s’en prenaient à d’autres jeunes. Cette victime allègue avoir été brutalisée par les mêmes policiers, qui lui reprocheraient d’avoir chanté le tube controversé Polico Crapo.

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Autant ces jeunes que les hommes en bleu se retrouvent donc sous les feux des projecteurs, et très souvent, pas pour les meilleures raisons. Néanmoins, et cela nombre de jeunes le soutiennent, ils sont une cible très facile, aisée, régulière, voire même gratuite. Les formules pullulent et reviennent tels des refrains inlassables : « Zot fer dezord dan bis », « Zot napa ekout personn », « Zot zoure », « Zot pena manier », « Zot indesan »…

Comme si ceux qui déplorent ces faits n’avaient jamais été jeunes. On concède que certains poussent effectivement le bouchon plutôt loin. Il faut pourtant ne pas faire d’amalgame. D’autant que l’on sait qu’être jeune, surtout en 2022, à Maurice, n’est pas aussi facile que l’on pourrait croire. Quand donne-t-on vraiment la chance à nos jeunes de s’exprimer ? De faire état de leurs inquiétudes, leurs appréhensions, leurs peurs et leurs doutes ? Pas à l’école : il n’existe que peu, ou carrément pas d’espace à cet escient. Certains établissements scolaires se font un devoir de le faire, mais ils ne sont pas légion.
On retiendra, sans hypocrisie, que la plupart de ces enfants taxés de fouteurs de désordre fréquentent des collèges moyens et modestes. Serait-ce la faute de ces jeunes s’ils poussent un peu de travers, faute d’encadrement adéquat ? Ou ne sont-ce pas les autorités concernées, nommément les ministères de l’Éducation et celui de la Jeunesse, qui ont « fauté » ?

Dans cette période post-Covid-19, nous avons de grosses séquelles à gérer, et donc dans une phase de réinvention totale. Il convient impérativement de repenser nos approches, revoir notre fonctionnement. Et ce, à pratiquement sur tous les plans, tant à l’école et à la maison que dans la rue.

Dans ses documents récurrents, l’Unicef fait ressortir les inégalités et les bouleversements qui impactent négativement les jeunes. « La perturbation du quotidien, de l’éducation, des activités récréatives ainsi que les préoccupations liées aux revenus et à la santé de la famille ont généré chez de nombreux jeunes un sentiment de peur, de colère et d’inquiétude pour l’avenir », lit-on dans le rapport La situation des enfants dans le monde 2021. Le même organisme a aussi établi : « En quelques mois, le Covid-19 a bouleversé la vie des enfants et des familles du monde entier. Bien que nécessaires, les mesures de quarantaine telles que la fermeture d’écoles ou les restrictions de déplacements ont perturbé les habitudes des enfants et déstabilisent leurs structures de soutien. En outre, elles constituent des facteurs de stress supplémentaires pour les personnes qui s’occupent d’enfants et qui doivent parfois renoncer à travailler. En raison de la stigmatisation associée au Covid-19, certains enfants sont plus vulnérables à la violence et à la détresse psychosociale. »

Quelles mesures ont été mises en place pour s’attaquer aux traumas causés par l’enfermement durant les deux confinements chez nous ? Il est encore temps de se ressaisir et de rectifier le tir. Encore faut-il en avoir la volonté politique ! Pour ne pas avoir à dire plus tard « Youth gone… rogue ! »

Quant aux policiers, les images encore fraîches d’actes barbares et atroces commis sur diverses personnes interpellées refusent toujours de partir des mémoires. Où en sont les enquêtes ? Va-t-on dans la même direction que celle autour du tug Sir Gaëtan ? Les veillées devant le Parlement, deux ans après ce tragique accident qui a coûté la vie à Lindsay Plassan (63 ans), Sujit Kumar Seewoo (53 ans), Jimmy Addison (60 ans) et du capitaine Moswadeck Bheenick (55 ans), déclaré mort par la Cour suprême le 7 décembre 2020, et la colère des survivants nous rappellent que ceux qui nous dirigent, actuellement, ont d’autres priorités que de panser les plaies des victimes. Hélas !

 

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