Ex-SMF Married Quarters Complex et MUG : Des vestiges qui s’inclinent face au développement…

Quand le développement s’invite, le passé tire sa révérence. Tandis que Vacoas s’active pour le passage du métro, les vestiges de l’ancien SMF Married Quarters Complex, faute de n’avoir pu être restaurés à temps, sont en ruine. Et le bâtiment du Mauritius Underwater Group, dans un état pitoyable, est devenu un refuge pour chiens errants.

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Un jour, ces  bâtisses en bois, témoins d’une autre ère, disparaîtront. À ce jour, il n’y a aucun plan de sauvetage pour elles. À l’agonie depuis des années, elles finiront par céder face à l’érosion du temps. La page anglaise et post-coloniale sera alors définitivement tournée. Peu après 1960, le quartier des Casernes de Vacoas a connu une certaine vie sociale avec des résidents britanniques et locaux.  “About 250 sailors and officers lived in the area, many in the base’s own living quarters, as well as about sixty British civilians, including teachers for the base school” (Source: Mauritius, Carol Wright, 1974, Britain).

Mais l’homme qui n’arrose pas la plante qu’il a reçue en héritage prive ses racines d’eau et la verra mourir. Parce que ces bâtiments n’ont pas été entretenus, restaurés, pour être préservés, ils ne seront plus que des souvenirs…

L’ancien SMF Married Quarters Complex, occupé auparavant par des officiers du HMS (Her Majesty’s Ship) de la base navale de Vacoas et leurs familles, n’a aucune valeur historique aux yeux de l’État mauricien, n’étant pas répertoriés comme patrimoine national. C’est ce qu’avait précisé le Premier ministre, Pravind Jugnauth, en se basant sur la National Heritage Act 2003 au Parlement, alors qu’il répondait à une question de la députée Joanna Bérenger sur le sort des bâtiments, en juillet 2021. Autre fait, qui ne peut que remuer le couteau dans la plaie pour bon nombre de défenseurs des legs matériels du passé, Pravind Jugnauth avait aussi déclaré: “The SMF has no obligation to preserve same.” Néanmoins, la SMF a sauvé deux bâtiments pour les rénover et les utiliser dans le cadre des activités de ses membres.

Deux autres bâtiments ont été démolis pour faire de la place au nouveau gymnase. Le quartier des casernes de Vacoas comprend sept structures en bois, métal, pierre, tôle en décrépitude, toutes renvoyant aux passants une image affligeante. À cause de leur état et de la présence de l’amiante dans les toits en ardoise pour certaines, elles ne peuvent être sauvées. Une opération de sauvetage aurait coûté extrêmement cher. Certes! Mais qu’adviendra-t-il de ce pan de l’histoire de Vacoas ? Pendant que la végétation envahit les différents bâtiments par endroits et défigure la façade des maisons – notamment celles qui longent la rue Willoughby, non loin de la prison de la Bastille –, la réponse se fait attendre…

“Les anciens SMF Married Quarters font partie de l’identité de Vacoas”, rappelle Arrmaan Shamachurn, président de SOS Patrimoine. Ce dernier insiste sur la nécessité d’un état des lieux des structures, d’un heritage impact assessment,avant de se prononcer sur la probabilité de sauver les vestiges qui faisaient, sans aucun doute, la fierté de la région, voire du pays. Il faut collecter, dit-il, toutes les informations, historiques et techniques, sur les bâtiments. Pour parvenir à préserver le cachet historique du quartier, Arrmaan Shamachurn plaide pour une consultation collégiale en premier lieu. Si toutes les parties concernées, explique-t-il, s’engagent dans une réflexion collective, on pourra alors dégager un cahier des charges en vue des travaux. Pour Arrmaan Shamachurn, une chose est claire : les bâtiments des Casernes de Vacoas, s’ils sont en état d’être restaurés, ne pourront pas rester figés dans le temps. À l’instar des blocks rénovés par la SMF, ils peuvent être équipés pour être fonctionnels.

De son côté, un autre témoin de notre passé, le bâtiment du Mauritius Underwater Group (MUG) à Phœnix, en face du Centre Indira Gandhi, est réduit à l’état d’épave. Il y a deux ans, le petit local au toit incliné a dû fermer ses portes dans le sillage des travaux pour la construction de la route qui relie l’échangeur de Palmerstone. Ce bâtiment – qui a servi de résidence aux chefs de gare des trains jusqu’en 1956, avant d’accueillir le chef de poste de Phœnix, puis le comité du groupe de plongée de Maurice à partir de 1964 – a dû céder son enceinte à la Road Development Authority (RDA).

Des portes et fenêtres de ce bâtiment, qui date aussi de l’ère britannique, sont désormais grandes ouvertes. Non que le MUG ait repris ses activités dans le local de Phœnix face à une nouvelle route, mais parce que celui-ci est devenu un repère pour chiens errants et oiseaux. C’est non sans tristesse que Cassamjee Bechoo, président du MUG, assiste, dit-il, à la détérioration du bâtiment, sauvé de justesse de démolition. Depuis que MUG a été délocalisé, son effectif opère dans un des blocks rénovés de la SMF. Qu’adviendra-t-il du bâtiment de Phœnix ? Son président, qui concède ne pas connaître l’avenir qui lui est réservé, s’en remet aux autorités.

 

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