- La Bail & Remand Court rejette la motion pour la remise en liberté conditionnelle de l’homme de loi en détention depuis vendredi
Me Akil Bissessur, arrêté vendredi après la saisie de 53 grammes de drogue, est soupçonné de faire partie d’un réseau de trafiquants. C’est ce qu’a déclaré l’inspecteur Ramlagun du Central CID à la Bail and Remand Court lors de la motion de remise en liberté débattue devant la Bail and Remand Court, hier. L’enquêteur de la police n’a rien voulu dévoiler à ce stade en soulignant que « l’enquête vient de débuter et il y a la possibilité que d’autres personnes soient mêlées à cette affaire ».
Cet argument a pesé de tout son poids lorsque la police a objecté à la motion de remise en liberté conditionnelle présentée par Me Sanjeev Teeluckdharry. Me Rubesh Dawoodharry du State Law Office (SLO) a argué que Akil Bissessur pourrait s’enfuir s’il est remis en liberté sous caution. Il a aussi fait état du risque de récidive et d’interférence avec des témoins et des preuves. C’est le dernier argument qui a été retenu par le magistrat Prashant Bissoon dans son Ruling en faveur de la police à ce stade de cette High Profile Probe.
L’inspecteur Ramlagun a déclaré qu’il y a des soupçons d’un autre délit possible sans donner la moindre indication. Il ajoute qu’Akil Bissessur pourrait faire partie d’un réseau. Mais, il n’a pas donné plus de précision s’il fait référence à l’affaire de drogue ou un réseau d’un autre genre de délits. Il n’a pas non plus voulu dévoiler les noms en soutenant que « the inquiry is on a preliminary stage ».
Me Dawoodharry a aussi fait ressortir que la police a saisi des équipements informatiques lors de la perquisition comme une tablette et qu’il y a un risque qu’Akil Bissessur puisse effacer des e–mails et d’autres communications qui pourraient faire avancer l’enquête. D’ailleurs, ces équipements informatiques seront examinés par l’Information & Technology Unit de la police.
Par ailleurs, l’inspecteur Ramlagun du Central CID a donné les détails de l’opération menée au domicile de Sweety Moheeputh (46 ans) à Palma vendredi soir. Il a expliqué que la Striking Team de la police était en possession d’un mandat de perquisition. Une fois à l’avenue Jeewoonarain, l’équipe de l’ASP Ashik Jagai a demandé aux occupants d’ouvrir la porte qui était fermée à clé. C’est à travers une fenêtre que les policiers ont trouvé Akil Bissessur dans une pièce de la maison et ils ont à plusieurs reprises demandé de leur donner accès, sans succès.
« Le suspect (Akil Bissessur) a pris un sac de couleur noir et gris près d’une table pour le sortir de la chambre », révèle l’enquêteur de la police. Il fait comprendre que la Striking Team soupçonne que le sac en question renfermait de la drogue. C’est alors que les policiers ont commencé à donner des coups de pieds dans la porte pour l’enfoncer « to prevent suspect and other occupants to destroy evidence ». Ainsi, c’est au sol des toilettes que les policiers ont retrouvé le sac.
L’inspecteur Ramlagun a déclaré qu’il y avait des « particles of dry leaves on toilet vase ». La Striking Team a également brisé le tuyau de décharge où l’équipe est tombée sur des traces de substance soupçonnée d’être de la drogue. Il a affirmé que depuis l’extérieur, les éléments de la Striking Team ont pu entendre le ‘flush’ des toilettes.
Me Teeluckdharry a répliqué que le sac en question contenait des vêtements et que la police n’y a trouvé aucune drogue. C’est dans une autre pièce que les officiers de police ont finalement saisi environ 53 grammes de drogue synthétique dont le montant est évalué à environ Rs 260 000. Elle a aussi mis la main sur des téléphones portables et trois Booklets’ de papier à rouler dont chacun contenait 49 feuilles.
La police ajoute être en possession de Video Recording de l’opération et se dit prête à la présenter à la Cour.
Le magistrat Prashant Bissoon a expliqué que c’était pas nécessaire et que cela pourrait se faire au cas où un MainCase est logé contre le suspect.
Me Dawoodharry a qualité cette affaire de Serious Offense et estime qu’Akil Bissessur pourrait s’enfuir et qu’il risque de récidiver. Cependant, le magistrat de la Bail and Remand Court (BRC) a estimé que ces deux risques sont minimes. D’autant plus que Me Teeluckdharry a expliqué que son client est un avocat qui jouit d’une réputation professionnelle et que toute sa famille est à Maurice. Il a aussi déclaré que le passeport d’Akil Bissessur n’est plus valide et qu’il l’a d’ailleurs égaré.
Le Parquet a aussi mis de l’avant l’argument d’un possible délit sous l’Information & Communications Technology Acten soutenant que le suspect a filmé une partie de l’opération de vendredi soir pour inciter le public. Le représentant du ministère public allègue que le suspect a tenté de «mislead the general public».
D’ailleurs, Akil Bissessur était poursuivi pour infraction à ICTA suite à sa dernière arrestation en mai pour avoir divulgué le nom d’un policier qui aurait agressé Darren Activiste lors de l’arrestation de ce dernier. Prenant cet exemple en considération, la police estime qu’il y a le risque qu’il récidive pour le délit de drogue.
Mais, Me Teeluckdharry ne partage pas cet avis et avance que c’est deux cas différents.
De son côté, Akil Bissessur a déclaré dans sa déposition que la drogue a été « plantée » lors de cette opération chez sa compagne. Il note qu’il gagne bien sa vie comme avocat et qu’il ne va pas faire de trafic de drogue pour Rs 260 000. Son interrogatoire au CCID reprendra fort probablement mardi.
En ce qui concerne Sweety Moheeputh, son avocat, Me Neelkanth Dulloo, a retiré sa motion de remise en liberté présentée la Bail and Remand Court la veille. Celle de son confrère Sanjeev Teeluckdharry a été présentée et débattue.
Le magistrat Prashant Bissoon a donné son Ruling avant 17 heures. Ce dernier a expliqué que la Cour allait siéger jusqu’à fort tard le soir si c’est nécessaire. Mais, Me Dulloo a déclaré qu’il présentera la motion de remise en liberté conditionnelle au tribunal de Rose-Hill où l’accusation provisoire de Drug Dealing contre sa cliente sera logée ce lundi. Akil Bissessur est lui aussi attendu dans ce même tribunal aujourd’hui.
Affaire à suivre…
Akil Bissessur sur Facebook :
« Lapolis pe atak mwa, pe kraz partou »
Déclenchant, vendredi soir, une vidéo de son compte Facebook alors que les éléments de la Special Striking Team de la police tentaient par tous les moyens d’accéder au domicile de sa compagne, Akil Bissessur affirmait que « lapolis pe atak mwa, pe kraz partu ».
« Pe kraz vit, pa konpran ki zot pe rod vinn fer », disait-il dans ce live, alors que Doomila Moheeputh est aperçu filmant elle aussi la scène. Mais dans cette vidéo, l’homme de loi est aussi vu tentant de ranger quelque chose sur une armoire. Il n’y avait visiblement pas le sac gris sur l’une des chaises qui était dans la pièce à ce moment-là.