Les membres fondateurs et à vie décideront du destin immédiat du club, mercredi prochain
La vente des « actifs » de Floréal pour éponger les dettes semble acquise, mais poursuivre l’organisation des courses sera âprement débattu
Les ex-présidents du MTC Gavin Glover et Jean-Michel Giraud ont des avis divergents sur la question
L’une des dernières œuvres d’Armand Maudave fut ce magnifique ouvrage où il évoqua à sa façon le bicentenaire du Mauritius Turf Club en 2012 et les rôles centraux de Farquhar et Draper dans le lancement des courses hippiques à Maurice dans le but de réconcilier les habitants de l’île autour de leur amour du cheval et des courses hippiques le 25 juin 1812. Jamais il n’avait imaginé à ce moment-là que dix ans plus tard, c’est l’avenir même de ce club respecté mondialement — qui a fait vibrer tant des générations entières de Mauriciens avec des courses fantastiques — allait décider de sa survie ou tout simplement la fin d‘une fabuleuse histoire. « Le Mauritius Turf Club perpétue dans l’océan Indien, avec une constante détermination, un divertissement hippique qui remonte à des milliers d’années. Il fut conclu, à partir de ce constat, que l’évocation d’un épisode de deux cents ans, si les références au cheval s’inséraient dans l’antériorité prestigieuse que confèrent l’histoire, la tradition, l’attachement à une cause, la fidélité, la gratuité du dévouement par rapport à des pratiques qui remontent très loin dans le temps. L’autorité hippique mauricienne reflète tout cela », racontait-il sans savoir que l’État à travers le gouvernement et la Gambling Regulatory Authority (GRA) allait, par étapes successives ces dernières années, confisquer petit à petit les attributions d’autorité hippique du MTC. Avant de porter le coup de massue l’année dernière en créant la Horse Racing Division (HRD), une succursale de la GRA qui agit aujourd’hui comme l’autorité hippique de notre pays. Cette nouvelle donne a accentué les difficultés du MTC, dont les membres sont appelés ce mercredi à prendre une décision capitale de vendre une partie des actifs et décider si elle va continuer à organiser des courses ou non. Sur cette question, deux visions s’opposent, et Week-End a donné la parole à deux anciens présidents du MTC, Jean-Michel Giraud et Gavin Glover. Autant dire que personne ne peut affirmer à cet instant quel sera l’avenir du MTC, d’où la question : Quo Vadis MTC ?
Ainsi, la vie de la MTCSL qui, en vertu des amendements scélérats à la loi de la part du gouvernement, est une filiale imposée au MTC, dont la mission est d’organiser des journées de courses, sera décidée mercredi après-midi pour donner suite à un vote des membres après que les arguments des uns et des autres seront débattus.
Liquidation ou vente des actifs
Cette situation s’est corsée lorsqu’il a été mis en alternance avec une autre compagnie, Peoples Turf PLC, qui a pris naissance de nulle part en 2021 et qui s’est installée au Champ de Mars au prix d’usurpations abusives par l’État et ses organismes des droits acquis du MTC, qui a, certes, entamé des actions légales « coûteuses ». Incidemment, celles-ci prendront des années avant d’aboutir, avec un résultat aléatoire tant les conditions actuelles de décomposition des institutions de notre pays ne donnent aucune garantie que justice sera un jour rendue !
En attendant toutes ces échéances lointaines, c’est le destin immédiat du MTC qui va se jouer dès ce mercredi. Les enjeux sont de trois ordres :
l Liquidation de la MTCSL et arrêt immédiat d’organiser les courses dans les conditions actuelles
l Vente des actifs de Floréal et régler des dettes de la MTCSL et réduction massive du personnel de la MTCSL et deux options :
— arrêt immédiat d’organiser les courses
— organiser les courses jusqu’à la fin de la saison.
À ce stade, avec l’utilisation des proxys pour cette décision lourde de conséquences, personne ne peut dire comment les 600 membres du Mauritius Turf Club vont réagir à l’invitation à l’Assemblée Générale Extraordinaire (AGE) prévue ce mercredi 24 août 2022. Une invitation en bonne et due forme a été adressée aux membres la semaine dernière par les deux présidents actuels du MTC et de la MTCSL, Paul France Tennant et Maxime Sauzier respectivement.
Ils expliquent comment le HRD a repris sous sa juridiction la plupart des fonctions d’organisateur de courses ainsi que la propriété intellectuelle des programmes du MTC. « Le club, à travers sa filiale MTCSL, n’est aujourd’hui qu’un simple opérateur de Champ de courses et prestataire de services ; de plus, il est tenu de mettre à la disposition de la HRD toutes ses facilités, cela sans rémunération aucune. »
Dette financière colossale
Tennant et Sauzier racontent aussi comment, malgré le bail existant et valable jusqu’à 2028 avec la municipalité de Port-Louis, l’utilisation de la piste et des autres facilités à l’intérieur de la plaine pour lesquelles le MTC s’est donné corps et âme pendant des décennies leur a été enlevé par un organisme, né sous les Finances, maintenant sous l’ombrelle du Prime Minister’s Office, Côte d’Or International Race Course and Entertainement Complex (COIREC), le 27 avril dernier, « sans dédommagement des investissements consentis chaque année de Rs 6 à 7 millions pour la maintenir en bon état, sans prendre en considération le capital investi. »
Les dirigeants du MTC et de la MTCSL ne cachent pas la situation désastreuse des finances de l’ex-autorité hippique qui a fait « des pertes colossales » de Rs 63 M au 31 décembre 2021 attribuées au Covid-19, à la baisse conséquente sur les chiffres d’affaires des paris, aux paris clandestins et à l’augmentation de la Betting Tax. Aux dernières nouvelles, comme rapporté en exclusivité par Week-End, les dettes du Mauritius Turf Club à ce jour se chiffrent à plus de Rs 120 millions.
Pour tenter de remédier à la situation, un plan de sauvetage sera présenté aux membres, avec à l’ordre du jour l’obligation de la part du MTC de se défaire d’une partie de ses « Actifs », car en cas de vote négatif de la part de la moitié plus un des membres fondateurs et à vie, l’étendue de l’endettement de la MTCSL vis-à-vis des instances bancaires qui est garanti par le MTC, faute de quoi ces institutions mettraient le MTCSL en liquidation et entraîneraient la perte de sa licence d’organisateur ainsi que le licenciement de ses employés.
Il n’est pas entendu que les membres du MTC soient sur la même longueur d’onde que leurs dirigeants actuels ou passés, et tout vote surprise ne serait pas étonnant, d’autant que comme lors des précédentes consultations pour la gestion et le choix de leurs dirigeants, les pouvoirs de vote ont été happés à travers des proxys, offerts ou vendus. En particulier de la part de ceux qui ont fourvoyé le MTC et qui ont fait le choix aujourd’hui d’être de l’autre côté de la barrière, mais qui ont gardé leurs capacités de décider du sort de leur concurrent !
L’actif principal qui serait vendu : Le centre d’entraînement Guy Desmarais
Le centre d’entraînement Guy Desmarais, qui se trouve à Allée Brillant à Floréal sur une superficie de 17 arpents, a vu le jour en 1968. Pourquoi ce nom ? Tout simplement parce que l’initiative en revient à Guy Desmarais, qui était alors le président du Mauritius Turf Club.
Au départ, il n’y avait que douze boxes, et un peu plus tard, douze autres boxes devaient être ajoutés, et au fil des années, avec la naissance de nouvelles écuries et l’achat de plus de chevaux, le MTC devait agrandir graduellement le centre, qui peut accueillir 160 chevaux. Toutefois, avec la prolifération des centres privés, il y a actuellement 50 boxes de libres. Du jamais vu ! Le centre hippique comprend également un store pour nourriture de chevaux.
La piste qui s’y trouve est longue de 800m, piste qui est utilisée pour parfaire la condition physique des chevaux avant qu’ils ne viennent au Champ de Mars pour leurs galops de préparation et leurs courses.
Il faut aussi dire que le Club Hippique de Maurice, qui existe depuis les années 1950, compte un peu plus de 300 membres qui pratiquent l’équitation en tant que loisir ou la compétition. Il fait également partie de ce centre d’entraînement. Que deviendra ce club et de ses activités si l’ensemble va être vendu ?