C’est un échange de courriels effectué dans le cadre d’un “damage control exercise” qui est venu remettre en cause le fonctionnement et la gestion du High Performance Centre (HPC) à Côte d’Or. Sans cela, ce qui était perçu et rapporté comme “an incident”, le 19 juillet à Côte d’Or, après l’interview refusée de Noa Bibi à Week-End, aurait certainement été déjà clos.
C’est d’ailleurs en tant que presse responsable que nous avons pris le temps et la peine de bien analyser les propos échangés entre Yannick Lincoln et son Chief Operating Officer, Ben Hiddlestone, deux jours avant le forfait de Noa Bibi aux Jeux du Commonwealth. Tout simplement inquiétant en tenant compte de ce qui a été écrit, noir sur blanc ! Preuve que professionnalisme et “haute performance” semblent avoir, pour l’heure, du mal à cohabiter au HPC !
La situation est préoccupante, en effet, si nous nous en tenons aux propos de Ben Hiddlestone. Lui qui appelait à une collaboration “on how best to manage these last few days before departure…”, alors que le sprinteur était pourtant “out” ! Les professionnels sollicités ensuite par l’AMA dans le cadre d’un examen poussé ayant, eux, estimé qu’il devait être au repos pendant six semaines !
Son “Let’s work together on how best to manage these last few days before departure to ensure he can focus on his training. Let us know how we can assist ” se passe donc de tout commentaires ! Dans ce contexte précis d’ailleurs, la santé de Noa Bibi n’a-t-il pas été mise en danger en l’absence de mesure appropriée ?
Au même titre, que se serait-il passé si l’AMA n’avait pas payé pour des examens approfondis ? Est-ce à dire que Noa Bibi aurait tout de même pris l’avion pour Birmingham malgré une blessure aux ischio-jambiers, courant ainsi le risque d’aggraver davantage sa blessure ?
C’est justement cette absence de mesures préliminaires et évidentes dans le traitement d’un sportif de niveau mondial, médicalement et physiquement, qui nous inquiète. Alors même que Noa Bibi souffrait pourtant déjà d’une blessure aux ischio-jambiers et n’était pas apte à prendre part aux Jeux du Commonwealth !
Certains diront que la première responsabilité d’une échographie aurait dû revenir au club de Nancy avec lequel Noa Bibi a été en préparation et compétition pendant trois semaines. Lui qui disait ressentir des douleurs à la cuisse à l’issue des épreuves de relais avant qu’il ne rentre à Maurice.
Cependant, n’était-il pas important et du devoir du HPC de s’assurer de la gravité de la blessure en réclamant d’abord des examens avant de procéder ensuite aux soins ? Aussi, on aurait bien aimé savoir sur quelle base de données les responsables du HPC sont-ils partis pour savoir comment aborder cette blessure s’ils en ignoraient la gravité ?
Ce “modus operandi” est-il normal et responsable lorsqu’il s’agit d’un athlète qui vient tout juste de réaliser l’exploit de couvrir un 200m en moins de 20 secondes ? D’où la question de savoir si le HPC disposait d’un médecin de service pour ausculter d’abord Noa Bibi avant de décider de la suite ? Cela, afin de pouvoir assurer d’un service “Cinq Etoiles” à un centre de haut performance et capable surtout d’accompagner nos élites vers l’excellence…
Dans le cas où le HPC ne disposerait pas d’un médecin, n’est-il pas important d’en avoir un pour un centre de cette envergure ? A qui revenait la responsabilité de solliciter les compétences de ce professionnel ? Ce qui est certain, c’est que le HPC ne semble être, pour l’heure, prêt à répondre à certaines attentes en tenant compte de ce qui s’est récemment passé à Côte d’Or !
N’oublions pas non plus que le HPC tourne depuis plusieurs mois et profite, qui plus est, d’un gros soutien financier de l’Etat. Malgré cela, l’AMA s’est retrouvée contrainte de payer pour s’assurer de la santé de son athlète et pour un service qui aurait dû être dispensé gratuitement par le HPC !
L’affaire Noa Bibi est venue confirmer que certains ont failli sur un sujet qui nécessitait pourtant un minimum de professionnalisme. Preuve que le fonctionnement et la gestion du HPC comportent, à ce stade, des failles. Et ça, c’est très grave en considérant les gros moyens financiers puisés des caisses publiques pour subventionner ce centre.
Forcément, certains auront des comptes à rendre dans cette affaire. D’autant qu’il ne s’agit pas uniquement d’un sportif de haut niveau, mais bien d’un collectif de sportifs appelés à fréquenter le HPC régulièrement en quête d’excellence.
Il est aussi important de préciser que la “haute performance” ne se fait pas au petit bonheur. La haute performance est quelque chose de très sérieux, qui se pratique de façon méticuleuse et qui nécessite un professionnalisme jusqu’au bout des ongles.
Autant dire que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, gagnerait à en prendre note. Il gagnerait aussi et surtout à se montrer beaucoup plus mesuré dans ses propos à l’avenir. Lui qui vantait pourtant récemment le complexe de Côte d’Or — tout en prenant le soin d’évoquer le HPC — comme faisant partie de l’un des meilleurs
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