« Y’a plus d’eau! »: en France, la police de l’environnement tente de faire passer le message

En France, où sévit une sécheresse historique, la police de l’environnement repère lors d’une patrouille dans le sud-est une pelouse bien trop verte, signe que les restrictions d’utilisation de l’eau n’ont peut-être pas été respectées.

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– « Bonjour, c’est la police de l’environnement, on voulait vérifier l’arrosage de vos pelouses », lance Christophe Chaboud, agent de l’Office français de la Biodiversité (OFB).

– « C’est une location de vacances et ce sont des employés qui gèrent l’arrosage », lui répond un jeune homme, sortant de la piscine de ce domaine située dans le Luberon (sud-est), une des régions les plus touristiques du pays.

Christophe Chaboud relève le nom du propriétaire et promet de faire le point avec lui.

Et pour cause, la situation en France est critique: la quasi-totalité des départements sont en alerte sécheresse. La moitié vit même une « crise ».

Une dizaine d’agents de l’OFB sillonnent le département du Vaucluse pour faire respecter les restrictions imposées sur l’usage de l’eau et ainsi tenter de préserver une ressource de plus en plus rare.

Le week-end dernier, l’un d’entre eux est tombé sur une riveraine qui arrosait sa pelouse en plein après-midi avec de l’eau potable. Elle pensait comme beaucoup que « ce n’est pas sa petite utilisation qui allait avoir un impact sur la sécheresse ».

Pourtant, dans un tel contexte, chaque geste compte.

« Oui, la pelouse est jaune en Provence, non, tu ne remplis pas ta piscine en plein été, on ne ponctionne pas non plus son puits car la ressource souterraine aussi manque: il faut faire des efforts à tous les étages », martèle Gilles Blanc, inspecteur environnement.

Les fontaines typiques de ces villages provençaux doivent être mises à sec et les agriculteurs n’ont pas le droit d’irriguer en journée.

« Y’a plus d’eau! On essaie de faire passer le message », insiste Christophe Chaboud.

A fin juillet, sur la centaine de contrôles estivaux effectués dans ce département, les policiers de l’environnement ont surtout fait de la pédagogie, expliquant aux contrevenants qu’ils risquaient jusqu’à 1.500 euros d’amende pour un particulier et 7.500 euros pour un professionnel.

L’OFB a des moyens limités. Les maires, la police et gendarmerie ont aussi ce pouvoir de contrôle mais ils n’ont pas le temps.

 

– « Dans l’inconnu » –

 

En août, ils craignent des conflits pour l’usage de l’eau. Dans cette région à la fois très touristique et agricole, la situation est complexe car certains agriculteurs ont le droit d’irriguer librement via les bornes de la Société du canal de Provence.

Une réserve d’eau que la Provence s’est constituée en aménageant au XXe siècle les lacs de barrages du secteur, destinés notamment à assurer l’alimentation en eau et l’irrigation de la région jusqu’à Marseille (sud-est).

Mais Gilles Blanc plaide pour un usage plus raisonné de ce « trésor bleu » alors que les trois-quarts du département seront placés en situation de crise d’ici le 8 août.

A Sault, un village comptant quelque 1.500 habitants permanents, l’afflux massif de touristes cet été a fait doubler la consommation d’eau.

« La station de lavage des voitures va fermer et il faudra expliquer à des viticulteurs qu’ils ne pourront pas irriguer, même en goutte-à-goutte, à 15 jours des vendanges », note Gilles Blanc.

« On va avoir un mois d’août terrible » et s’il ne pleut pas cet automne « on entre dans l’inconnu », anticipe l’inspecteur de l’eau.

Un peu plus à l’ouest, près d’Apt, le lit de la rivière est dur comme de la pierre, faisant craindre des inondations au moindre épisode cévenol, ces pluies abondantes et brusques typiques des zones méditerranéennes.

« On est inquiet », répètent les policiers de l’environnement. Pour eux, il faudrait de toute urgence adapter les cultures, systématiser le goutte-à-goutte, lutter contre l’imperméabilité des sols et restaurer les zones humides qui stockent l’hiver et restituent de l’eau l’été.

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