Hépatite – Dr Rittoo (HEP) : « Il faut dépister dans chaque région de l’île »

Si à Maurice, la maladie ne préoccupe plus comme autrefois, le traitement étant disponible gratuitement contre l’hépatite C, le Dr Prithiviputh Rittoo, fondateur de HEP Support, fait voir qu’un défi demeure. Notamment dans la perspective d’éliminer l’hépatite d’ici 2030 comme préconisé par l’OMS.

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« Sans dépistage de la population, on ne pourra pas dire à l’OMS qu’on n’a plus d’hépatite. Celle-ci demandera des preuves. Il faut que 90% de la population aient été testés et une fois les malades testés et malades traités, là on pourra affirmer qu’on a éliminé les hépatites », souligne le Dr Rittoo.

L’hépatite virale est une pathologie du foie. « Dans le passé, les gens pensaient que c’étaient les personnes qui consommaient de l’alcool qui étaient susceptibles d’en souffrir. Ce qui n’est pas vrai. Il existe cinq virus principaux de l’hépatite : A, B, C, D, E. Mais, il y a trois mois, le monde a recensé un nouveau type d’hépatite parmi les enfants de 3-10 ans en Europe. Les cas étaient si graves au point que les enfants ont eu à avoir recours à la transplantation. On ne connaît pas encore les causes exactes de ce nouveau variant. Ce qu’il faut savoir, c’est que quand les jeunes enfants en souffrent, c’est grave », fait ressortir le Dr Rittoo.

Si jusqu’ici les enfants arrivaient à être affectés, c’était à travers les mères enceintes infectées par le virus de l’hépatite B. Mais nous n’avons actuellement pas de tels cas de transmission mère-bébé car comme le fait note le Dr Rittoo, toutes les femmes enceintes se font vacciner contre l’hépatite B pendant leur grossesse et les enfants aussi reçoivent gratuitement le vaccin contre l’hépatite B à leur naissance. « Ce qui fait que l’hépatite B a diminué drastiquement. »

À ce jour, à Maurice, il n’y a aucun cas recensé du nouveau type d’hépatite découvert en Europe récemment, poursuit le fondateur de HEP Support.
Quant à l’hépatite A, explique le médecin, le virus surgit lorsqu’il y a un manque d’hygiène comme une eau insalubre dans des cas de refoulement d’eau usée par exemple, où quand on ne se lave pas les mains convenablement après avoir été aux toilettes. « Il existe un vaccin contre les hépatites A et B. Les hépatites D et E sont pratiquement inexistantes à Maurice. »

L’hépatite C, qui était le type le plus préoccupant pour Maurice, se guérit aujourd’hui à 100% grâce au traitement disponible gratuitement dans les hôpitaux depuis maintenant plus d’un an. « On ne voit donc pas de nouveaux cas d’hépatite C. Cela, grâce à deux grosses campagnes de dépistage depuis ces derniers quatre mois. On n’a vu aucun cas positif des hépatites B ni C. »

L’hépatite C se transmet au contact du sang infecté et parmi les personnes affectées, on trouve des usagers de drogue injectable, des personnes ayant plusieurs partenaires sexuels ou ceux qui ont recours au tatouage. Mais le fait que le traitement existe aujourd’hui, la personne infectée guérit et ne peut donc transmettre la maladie à un autre, explique encore le Dr Rittoo.

HEP Support organise des dépistages et consultations gratuitement sur rendez-vous à travers sa hotline (5701 5828). Par ailleurs, l’ONG participe aussi à des Health Day et autres activités autour de la santé pour faire des dépistages gratuits.

Si les médicaments sont gratuitement disponibles aujourd’hui, un défi demeure, souligne le Dr Rittoo. « L’OMS veut éliminer les hépatites virales d’ici 2030 dans le monde. S’il est vrai que lorsque nous, au niveau de HEP Support, nous ne voyons pas de cas lors de nos campagnes de dépistage, il importe encore de conscientiser la population sur ce qu’est cette maladie et ses symptômes et se faire dépister. Ce n’est que lorsque chaque région de l’île se sera fait dépister qu’on saura s’il n’y a plus de cas d’hépatite C. Il faut le faire par région. Ce n’est qu’alors qu’on pourra avoir des données et confirmer qu’on n’a plus d’hépatite dans la population. Ceux qui sont découverts doivent être traités. Sans dépistage de la population, on ne pourra pas dire à l’OMS qu’on n’a plus d’hépatite. Celle-ci demandera des preuves. Il faut que 90% de la population aient été testés et une fois les malades traités, là on pourra affirmer qu’on a éliminé les hépatites. »

N’empêche, reconnaît le fondateur de HEP Support, on est sur la bonne voie. « C’est seulement l’approche qui laisse à désirer. En effet, on n’a pas de données à part celles sur les cas positifs chez les ONG s’occupant des personnes avec VIH/sida par exemple. Mais, pas de base de données pour le grand public. »

Si certains se targuent que Maurice soit susceptible d’être le premier pays en Afrique pour éliminer l’hépatite C, le Dr Rittoo n’est pas d’accord.

« Nous n’avons pas le système préconisé pour le faire. En revanche, l’Égypte a déjà éliminé l’hépatite C. Le Rwanda est en voie de l’éliminer. L’Égypte a procédé village par village, en y emmenant médecins et laborantins. Ils ont fait le dépistage et après les résultats, ils ont tout de suite donné les médicaments à ceux testés positifs. Quand ils avaient fini avec un village, ils sont allés dans un autre village jusqu’à éliminer tout cas. Sur la base de ces résultats et des données de personnes positifs et traités et ensuite testés négatifs, l’OMS a reconnu l’élimination de la maladie dans ce pays. À Maurice, ce ne serait pas difficile de le faire car nous avons plusieurs centres de santé et dispensaires. Il suffit de procéder de manière ordonnée. HEP Support est disposée à aider pour le dépistage. Il faut embarquer les ONG dans ce processus. »

Quant aux symptômes pour les diverses hépatites, le Dr Rittoo rappelle qu’ils peuvent apparaître 10-15 ans après l’infection. Parmi ces symptômes, il y a des problèmes digestifs, l’urine foncée, nausées, vomissements et douleurs abdominales. Comme prévention, le médecin préconise un mode de vie sain, ne pas partager les seringues et se rendre dans des centres de tatouage agréés. « Nous avons le vaccin contre l’hépatite A et B mais pas pour l’hépatite C. Mais nous avons le traitement contre l’hépatite C. »

Le thème de la Journée cette année est I can’t wait. Ce qui amène le médecin à dire : « I can’t wait to know more about hepatitis. I can’t wait to be tested, I can’t wait to be cured. Ce qui met en lumière l’importance de se faire dépister et de se soigner si on est positif. »

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