Wakashio, deux ans après : La nature a repris ses droits, les hommes… non

Ce lundi 25 juillet 2022 marque le deuxième anniversaire de l’échouage du vraquier MV Wakashio sur les récifs de Pointe d’Esny. Depuis, beaucoup d’eau a coulé, avec la Cour d’investigation bouclée et le capitaine écroué. Et si la faune et la flore semblent se remettre lentement mais sûrement, les habitants de la région eux attendent toujours leur compensation. Retour sur ce désastre écologique…

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Dimanche 26 juillet 2020. Week-End titre sur « Le vraquier Wakashio sur les brisants de Pointe-d’Esny ». La veille, les habitants de la région sont réveillés par des images surréalistes, celles d’un navire battant pavillon panaméen qui a fait naufrage au large de Pointe d’Esny aux alentours de 20h30. Rien ne laissait présager, à ce moment-là, ce qui allait devenir la plus grosse catastrophe écologique jamais connue de l’île. Après une semaine, une première brèche est détectée dans la coque le 6 août 2020. Apparaît alors un énorme élan de solidarité, avec la fabrication de bouées artisanales par des milliers de bénévoles pour tenter de stopper l’huile.

L’intitiave est signée Rezistans ek Alternativ, qui finit par trouver un moyen simple mais efficace pour empêcher l’huile d’atteindre les côtes. Les dépollueurs Le Floch Dépollution et Polyeco ont été dépêchés en toute urgence à Maurice par l’assureur Japan P & I Club. Et c’est vers mi-août, et après avoir identifié plusieurs sites à traiter, que les opérations de nettoyage commencent, pour prendre fin en janvier 2021.

Le vraquier contenait près de 4 180 tonnes d’huile. C’est le chiffre officiel qui avait été communiqué un mois après l’échouage du Wakashio. 3 184 tonnes ont été pompées du vraquier et près de 800 tonnes se sont déversées dans le lagon à travers une brèche dans la coque du navire. Polyeco, dont les travaux de nettoyage ont commencé le 21 août 2020, a livré 21 km de littoral propre, le 15 décembre 2020. Blue Bay, Pointe d’Esny, Preskîl Hotel, Pointe Jérôme, le Mahebourg Waterfront, Petit Bel Air, Anse Fauvrelle, Rivière des Créoles, Pointe Brocus, l’île Aux Aigrettes, l’Îlot Mouchoir Rouge et l’île des Deux Cocos ont été nettoyés. S’occupant pour sa part des sites 4, 5, 6, 7, soit de Rivière-des-Créoles à Pointeau-Diable, en passant par la jetée de Bois-des-Amourettes et la Case du Pêcheur, Le Floch Dépollution a livré plus de 20 km de plage linéaire le 9 janvier 2021.

Pas moins de 2 660 tonnes de déchets dangereux collectés et stockés au Interim Storage Facility for Hazardous Waste (ISFHW) à La Chaumière après le naufrage du MV Wakashio seront acheminés vers un site agréé de Polyeco, en Grèce, à partir de la première semaine de juillet. Un premier lot de 200 tonnes sera expédié cette semaine, conformément aux dispositions de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontiers de déchets dangereux et du Code maritime international des marchandises dangereuses. Entre-temps, les activités ont repris sur les îles de la région un an après, notamment sur l’île aux Aigrettes, d’une superficie de 27 hectares et abritant plusieurs espèces d’animaux et de plantes, le 7 décembre 2020. Lourdement impactés par la fuite d’huile, l’île aux Aigrettes avait dû être évacuée en urgence et plusieurs oiseaux avaient été placés à la volière de Rivière Noire et les reptiles captifs avaient été relâchés.

Deux ans après, la nature semble avoir repris ses droits. Quant aux hommes, eux, ils attendent toujours leur dû. Dans un article du Mauricien publié la semaine dernière, il est ainsi indiqué que tous les paiements ont été gelés avec la demande en Cour d’Okiyo Maritime Corp de limiter le montant des réclamations à Rs 719 millions et que Maurice n’a pas encore déposé sa plainte pour dégâts environnementaux. Rs 175 millions ont été versées au gouvernement, Rs 111 millions aux pêcheurs et Rs 23 millions aux particuliers à ce jour. « Deux ans après le naufrage du MV Wakashio et la marée noire qui s’est ensuivie, différentes parties affectées n’ont toujours pas été dédommagées.

Le gouvernement et l’armateur du vraquier, Okiyo Maritime Corp, n’arrivent pas à s’entendre sur le montant des réclamations. En novembre dernier, la compagnie japonaise a fait une demande à la Cour suprême en vue de limiter la somme pour les paiements individuels à Rs 719 658 463,31 au lieu des Rs 2 Md réclamées. Ce que conteste le gouvernement mauricien. En attendant que la cour tranche, c’est le statu quo. »

 

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