Ce qui s’est passé, mardi à la mi-journée, au complexe sportif de Côte d’Or, est tout simplement répugnant, voire même très grave. La démarche découlant même d’un manque d’élégance et de professionnalisme à l’égard de notre profession. Celle d’un organisme gouvernemental qui décide, par la voix de son directeur, à la place d’un sportif de haut niveau avec lequel nous avions pourtant pris rendez-vous ! Décidément, plus le temps passe, plus on se laisse aspirer par cette dangereuse spirale de « c’est moi qui décide. » Un peu comme le font malheureusement et trop régulièrement même certains de nos décideurs !
Ainsi, l’ignorions-nous jusque-là, qu’il fallait avoir la permission de Yannick Lincoln, directeur du High Performance Centre (HPC), pour interviewer Noa Bibi ! Le premier Mauricien à réaliser l’exploit de descendre sous les 20 secondes au 200m. Il n’était, en effet, pas question, selon Yannick Lincoln, que Week-End s’entretienne avec Noa Bibi, précisant que c’était « too much » pour le jeune homme ! En aurait-il fait autant à l’égard d’un journaliste étranger ?
En somme, c’est Yannick Lincoln qui décide à la place de Noa Bibi. A-t-il été nommé manager et obtenu l’autorisation exclusive pour le faire ? Alors même que l’Association mauricienne d’athlétisme (AMA), au même titre que l’entraîneur Georges Vieillesse et Noa Bibi avaient donné leur accord pour discuter avec Week-End ?
C’est dire à quel point la démarche de Yannick Lincoln est déplaisante à l’égard de cette même presse qui l’a pourtant, pendant des années, soutenu en tant que sportif de haut niveau. Pas plus tard que dimanche dernier, Week-End a parlé de sa victoire lors d’une récente course.
Ainsi, voudrions-nous savoir, pourquoi « too much » quand il s’agit de Week-End et non des autres titres qui ont pourtant fait du « matraquage » depuis le retour de Noa Bibi de France le 13 juillet ? Pourquoi ne l’avons-nous pas fait avant ? Eh bien, pour justement laisser, en tant que presse avisée et responsable, le temps à Noa Bibi de reprendre ses esprits et de récupérer d’abord.
Malheureusement, l’interview a été avortée par la faute de certains pourtant responsables d’une structure privilégiant la « haute performance », privant du coup nos fidèles lecteurs de deux pages d’informations ce matin ! Nous aurions pu insister ou encore organiser un autre rendez-vous.
Mais nous ne l’avons pas fait. Par professionnalisme et pour ne surtout pas embarrasser Noa Bibi qui, malheureusement, a dû entretemps déclarer forfait aux Jeux du Commonwealth pour cause de blessure aux ischio-jambiers. Contrairement au HPC qui, au lieu de s’occuper de l’exposition médiatique de l’athlète, avait beaucoup mieux à faire en s’intéressant de plus près à la cause de sa blessure.
La façon de procéder de Yannick Lincoln nous déçoit, notamment pour le sportif de haut niveau qu’il a incarné. Lui qui connaît très bien les rouages de la presse et qui sait à quel point cette même presse est un partenaire privilégié et incontournable pour le bon fonctionnement du sport local.
L’accueil réservé à Week-End mardi était froid, très peu sportif surtout, voire même pas amical. Et il est de notre devoir de le dénoncer en considérant certaines circonstances atténuantes qui nous ont empêché d’accomplir notre travail. Alors qu’un peu de bon sens n’aurait fait de mal à personne.
Sauf qu’on savait, dès le départ, que l’interview était foutue en tenant compte du mouvement constaté pendant un quart d’heure passé à la réception du complexe. D’abord, par la posture d’Abel Thésée, head coach au HPC, qui a nous fait comprendre, avant l’arrivée de Yannick Lincoln, qu’il se peut qu’on ne puisse pas interviewer Noa Bibi sur place ! Ah bon ! Et où devrions-nous alors le faire monsieur ? Dans « karo kann » peut-être ?
Une autorisation était-elle nécessaire ? On aurait compris si tel était le cas ! Malheureusement, personne n’en a fait référence. On avait surtout ce sentiment qu’on n’était pas le bienvenu et qu’on était beaucoup plus intéressé qu’on quitte les lieux le plus rapidement possible. Abel Thésée nous dira ensuite que le sprinteur était très fatigué après une « grosse séance ». De quelle « grosse séance » parlait-il au point que Noa Bibi soit autant fatigué, alors qu’il était venu pour des soins ? Avant de nous quitter, le head coach disait qu’il allait part de notre présence à Noa Bibi !
Sauf que ce monsieur n’est jamais revenu vers nous ! Tout simplement irrespectueux de sa part ! L’enseignement étant un tout, associé aux nombreuses valeurs de la vie et non seulement à la préparation physique ! Quelques minutes plus tard, c’est vers une dame qu’on s’est renseigné. « Noa Bibi est déjà parti » ! nous disait-elle avec un sourire qui en disait long ! Tout comme ceux qui nous guettaient à l’étage !
Visiblement, quelque chose ne tournait pas rond ! D’autant que, par trois fois, ce n’est pas Noa Bibi qui nous a répondu, mais bien la voix du HPC ! Et ça, c’est honteux. Alors même que Noa Bibi a changé de statut en devenant un personnage public avec ses 19”89, localement et mondialement.
Désormais, il a une carrière et une image à gérer. Il a aussi grandement besoin de la presse pour communiquer. Malheureusement, la façon dont Week-End a été « poussé vers la sortie » mardi nous fait croire que le HPC l’a cloué au pilori ! La faute à une communication exécrable !
Ainsi, dira-t-on, nos décideurs, dont le Premier ministre, Pravind Jugnauth, ont beau se vanter d’avoir construit un complexe sportif de très haut niveau — au coût Rs 5 Mds et dont le pauvre contribuable est appelé à payer. À quoi bon toutefois si l’on ignore l’importance de la bienséance, valeur essentielle pour aider un sportif à atteindre l’excellence !
De notre côté, on continuera à faire notre travail avec le même sérieux et la même rigueur. Même si certains n’épousent pas notre ligne éditoriale que nous estimons juste, vraie et professionnelle.