« Mo’nn vann zis enn savat » : désillusion des commerçants du Victoria Urban Terminal

Fièrement inauguré par le gouvernement, cette infrastructure moderne devait aider à résoudre le problème de marchands ambulants dans la capitale. Ces derniers

Très peu de gens savent que les commerces du Victoria Urban Terminal s’étendent sur un étage supérieur. Les commerçants qui ont récemment été relogés dans cet espace, vendu comme une vision de Port-Louis de l’avenir, désillusionnent.

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Entre les étals, pas de brouhaha ou d’effervescence des foires habituelles. Ici, c’est le calme plat. Tant et si bien que les visiteurs se pressent pour redescendre les escaliers et abandonner cet atmosphère quelque peu oppressante.

Un étage fantôme, pourrait-on qualifier.

Les commerçants, entre-temps, kas enn poz. De petits groupes bavardent ou font les cent pas. Ils consultent inlassablement leurs téléphones portables en attendant que passent les heures. Peu de clients se présentent quotidiennement.

Certains mettent cette situation sur le compte des décisions de la mairie de Port-Louis. D’autres dénoncent l’état de l’économie, dont la cherté de la vie subi par l’ensemble du pays ces derniers temps.

« Mo’nn vann zis enn savat yer. Pena dimoun mem », confie Sunita. « Nou tou ena depans zanfan ek lakaz. Kouma pou pay sa lwaye Rs 4 000-la? » demandées pour un étal dans ce complexe flambant neuf.

Même son de cloche du côté d’Ivan, qui s’est converti en marchand depuis huit ans. « Hier j’ai préparé 25 pains, mais uniquement dix ont été achetées ». Ce qui constitue une perte quotidienne pour lui.

« Pa mem kone nou la ».

« Pe bizin tir kas dan pos », ajoute Ricardo, un autre commerçant. « Dimounn pa mem kone ki nou la. Nou bizin soutien parski sitiasion extra difisil ek lamerie ki’nn met nou isi », relève ce père de famille, qui se dit inquiet pour l’avenir de ses enfants.

Ali, vendeur de bijoux et accessoires pour femme, réclame la baisse du prix du loyer, afin de soulager les marchands « dans une situation précaire ». Et d’ajouter : « Pa pe travay ditou. Nou pe demann otorite bes sa lwaye-la, pa pe kouver fre ditou ».

« Nous étalons quand même nos produits malgré les circonstances », se résoud Kenny, qui a travaillé toute sa vie comme marchand ambulant. « La municipalité ne nous écoute pas. Je pense que j’arrive à la fin de cette carrière. J’ai nourri ma famille avec ce travail. Mais les consommateurs n’ont plus de moyens. Cela rend notre quotidien difficile ».

Hier, la Street Vendors Association a indiqué qu’une dizaine de marchands ont déjà pris la décision de rendre leurs étals. De plus, sur les 1 000 marchands ambulants choisis par tirage au sort pour opérer au Victoria Urban Terminal, 800 ont signé leur contrat avec la mairie.

Ceux qui sont restés réclament notamment un moratoire sur leur loyer, voire un subside du gouvernement. « Nous sommes dans le rouge », soutiennent-ils.

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