Guerre en Ukraine: la situation sur le terrain au 145e jour

Six personnes ont été tuées lors d’un bombardement russe à Toretsk, ville du Donbass, où les bombardements ont repris depuis quelques jours avec plus d’intensité, Moscou ayant fait du contrôle total de cette région de l’est de l’Ukraine son principal objectif à court terme.

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Voici un point de la situation de la guerre en Ukraine, au 145e jour de la guerre, à partir d’informations des journalistes de l’AFP sur place, de déclarations officielles ukrainiennes et russes, de sources occidentales, d’analystes et d’organisations internationales.

– Donbass –

« Un immeuble a été détruit par un obus à Toretsk, bombardée dans la matinée. Les sauveteurs ont récupéré cinq corps. Trois personnes ont été dégagées des décombres dont une est décédée à l’hôpital », selon le service d’Etat ukrainien des Situations d’urgence.

Toretsk se trouve à 20 km environ derrière la ligne Sloviansk-Siversk-Bakhmout, sur laquelle les troupes ukrainiennes s’arcboutent pour empêcher les forces russes de conquérir toute la région de Donetsk, l’une des deux régions composant le Donbass avec celle de Lougansk.

Depuis début juillet, et la prise de Severodonetsk et Lyssytchansk, Moscou contrôle intégralement la région de Lougansk.

Lundi, le porte-parole du ministère russe de la Défense, Igor Konachenkov, a affirmé que 250 « mercenaires étrangers » avaient été tués lors d’une frappe aérienne russe sur le village de Konstantinovka, voisin de Toretsk, ce que l’AFP n’a pu vérifier.

M. Konachenkov a également fait état de frappes sur des objectifs ukrainiens près de Kramatorsk et à Novyi Donbass, dans la région de Donetsk, mentionnant aussi des duels d’artillerie à Siversk.

D’après l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), les forces russes ont mené dimanche des assauts terrestres « limités et infructueux » contre Siversk et Bakhmout.

 

– Le reste de l’Ukraine –

Les forces russes continuent à bombarder la région de Kharkiv (Nord), d’où elles se sont retirées il y a plusieurs mois.

Ces frappes « défensives », selon l’ISW, visent pour Moscou à s’assurer que les troupes ukrainiennes ne se rapprocheront ni trop près de la frontière russe ni de la ville d’Izioum, qu’ils ont conquise difficilement et qui se trouve près du Donbass.

Dans le Sud, où les forces ukrainiennes mènent une contre-offensive dans la région de Kherson depuis plus d’un mois, bombardant avec succès plusieurs entrepôts d’armes russes, l’armée russe se déplace dans des zones fortement peuplées pour empêcher de nouvelles frappes, selon l’armée ukrainienne, citée par l’ISW.

La région d’Odessa, sur la mer Noire, a été visée par quatre missiles, a indiqué Sergiï Bratchuk, le porte-parole de l’administration régionale d’Odessa, sur Telegram. Deux d’entre eux ont touché un objectif militaire, un troisième un pont, et le dernier a été neutralisé par la défense antiaérienne ukrainienne, a-t-il dit.

– Relevés de leurs fonctions –

Le président ukrainien Volodymyr Zelenksy a annoncé dimanche avoir relevé de leurs fonctions la procureure générale Iryna Venediktova et le chef des services de sécurité (SBU), Ivan Bakanov.

Andriy Smirnov, chef adjoint de la présidence, a précisé lundi à la télévision ukrainienne qu’ils n’étaient à ce stade que suspendus, et qu’il s’agissait « d’éviter toute influence de ces deux responsables sur les enquêtes criminelles contre des membres des services de sécurité et du parquet suspectés de coopération avec la Russie ».

Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 650 cas de soupçons de trahison de responsables locaux, dont 60 dans les zones occupées par les forces russes et prorusses, selon M. Zelensky.

Mme Venediktova a notamment dirigé l’enquête sur les atrocités présumées commises par les forces russes dans la ville de Boutcha.

Un adjoint de M. Bakanov, Vasyl Maliouk, a été nommé par interim à la tête du SBU.

 

 

– Lourdes pertes pour Wagner –

Le groupe paramilitaire russe Wagner, très lié au Kremlin, a subi « de lourdes pertes » dans le Donbass, où il a joué un « rôle central » dans la prise de Popasna et Lyssytchansk, affirme le ministère britannique de la Défense.

Pour regarnir ses effectifs, Wagner « abaisse ses normes de recrutement », embauchant notamment « des condamnés et des individus anciennement mis sur liste noire », ce qui devrait limiter à terme l’efficacité du groupe et « réduire sa valeur » pour Moscou, selon Londres.

– Dizaines de milliers de morts –

Il n’existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit. L’ONU a recensé près de 5.000 morts confirmés, dont plus de 300 enfants, mais reconnaît que leur nombre véritable est sans doute largement supérieur.

Pour la seule ville de Marioupol (sud-est), tombée en mai au terme d’un terrible siège, les autorités ukrainiennes évoquaient quelque 20.000 morts.

Sur le plan militaire, le chef d’état-major des armées britannique, l’amiral Tony Radakin, a évalué dimanche à 50.000 le nombre de soldats russes tués ou blessés – ainsi que 1.700 chars et 4.000 blindés détruits. Des sources de sécurité occidentales évoquent depuis des semaines de 15.000 à 20.000 soldats russes tués.

Kiev a fait état d’au moins 10.000 morts dans ses troupes.

Aucune statistique indépendante n’est disponible.

 

 

– Ukrainiens déplacés ou réfugiés –

Plus de six millions d’Ukrainiens sont déplacés à l’intérieur de leur pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR).

Ils s’ajoutent aux quelque 5,5 millions d’Ukrainiens enregistrés en tant que réfugiés dans d’autres Etats européens depuis le début de l’invasion.

– Lourde amende pour Google –

Un tribunal de Moscou a condamné lundi Google à 363 millions d’euros d’amende pour n’avoir pas supprimé des contenus dénonçant l’offensive en Ukraine, a annoncé le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor.

La plateforme de vidéos YouTube, propriété de Google, n’a pas bloqué « de fausses informations » sur l’offensive en Ukraine, ainsi que des contenus « faisant la propagande de l’extrémisme et du terrorisme », justifie Roskomnadzor.

Dans le même temps, Vladimir Poutine a juré de vaincre les « difficultés colossales » causées par le « blocage presque total » en produits de haute technologie de la Russie par les géants de la tech occidentaux.

L’Union européenne a de son côté annoncé lundi un accord avec l’Azerbaïdjan pour doubler en « quelques années » ses importations de gaz naturel depuis ce pays, afin de se défaire de sa dépendance vis-à-vis de la Russie.

Les présidents russe et turc parleront de leur côté mardi à Téhéran de mécanismes pour permettre les exportations de céréales d’Ukraine, bloquées dans ce pays par l’offensive militaire russe au risque de provoquer une crise alimentaire mondiale.

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