Baie Jacotet : La plage polluée par des déchets plastiques

La landing station du câble SAFE fait face à une mer qui ramène des détritus en tout genre

À Baie Jacotet, il n’y a pas que la Landing station du câble South Africa Far East (SAFE), mais aussi une superbe plage encore préservée de tout développement. Toutefois, ce petit bout de paradis du Sud, situé entre Rivière des Galets et Bel-Ombre, est envahi de déchets plastiques toutes les fois où la mer est agitée. Le week-end dernier, la météo étant inclémente, Baie Jacotet n’a pas été épargnée par la pollution causée par des détritus, dont des pneus, rejetés par la mer.

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Avec son seau moyen, qui ne peut contenir que quelques débris, Indurjeet, employé d’une compagnie de nettoyage, arpente la longue plage de Sainte-Marie et de Baie Jacotet, ce dimanche-là. Il fait plusieurs allers-retours à la poubelle plus loin sur terre. Ce vieux baril recyclé peu profond, qui fait office de poubelle, n’est assurément pas adaptée pour recueillir tous les déchets ramenés par lui. Sa tâche, cet après-midi-là, n’est pas aisée. Il fait très froid et venteux. Seul à ramasser des restes d’objets variés en plastique pour la plupart, il ne passe pas inaperçu dans sa combinaison orange. Par moments, il doit avancer les algues entremêlées pour extraire des bouts de plastique rejetés par la mer. Houleuse ce jour-là à cause des conditions météorologiques, elle a vomi des débris de toutes les couleurs sur la plage, rendant aux hommes ce qu’ils lui ont imposé : des brosses à dents, casque de protection, bouteilles en plastique en grande quantité, gallons de carburant et d’huile, morceaux de casier en plastique, bouts d’accessoires de bateaux, pneus, restes de divers matériaux…

La mer tributaire des rivières polluées par l’homme

« Dimounn sovaz » ne cesse de répéter Indurjeet en nous montrant son sceau, avant de regarder la mer. « Get ki kantite salte zot inn zete », se désole-t-il. La plage, qui ne cesse de subir des modifications à cause des éléments naturels et l’érosion, était très sale ce jour-là, défigurée par les détritus. La plage de Rivière des Galets à Baie Jacotet est particulièrement sauvage, ce qui fait son charme. En face de la baie, l’îlot Sancho est unique en son genre. Sa composition, de sable de sédiments, lui confère un aspect lunaire. Malheureusement, ce rocher, en partie verdoyant, n’échappe pas à l’incivilité de ses visiteurs qui y laissent des traces de leur passage. Il en est de même dans le coin préféré des pêcheurs,  situé en retrait, en direction de Bel-Ombre. On y trouve toujours des fils, bouteilles, sacs en plastique… Si la mer du Sud rejette les déchets utilisés par l’homme, c’est aussi parce qu’elle est tributaire de la pollution qu’il provoque dans les rivières de la région. Dans le monde, entre 1,15 et 2,41 millions de tonnes de plastique se déversent dans l’océan par les rivières, chaque année.

Entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique dans les océans

Sans qu’on ne s’en rende compte, les plastiques retrouvés sur la plage de la Baie Jacotet ne sont qu’une partie de ce que les vagues ont ramené en surface. Bon nombre des déchets finissent au large. Chaque année, ce sont entre 4,8 et 12,7 millions de tonnes de plastique qui terminent dans les océans. Selon les estimations de la fondation Ellen Macarthur, les océans pourraient contenir plus de plastique que de poissons d’ici 2050 (source : internet). Quelle que soit la matière, plastique, verre, tissu ou métal, les déchets sont tous issus des activités humaines. Qu’ils soient flottants, échoués ou immergés, ils sont solides et persistants. Transportés par les vents, les pluies, ainsi que les cours d’eau jusqu’à l’océan, des déchets dérivent pour se retrouver à l’autre bout de la planète. Il n’est pas rare de retrouver des restes de contenants – bouteilles et bidons de produits utilisés à l’étranger – sur nos plages. Par ailleurs,  de nombreux déchets proviennent aussi de bateaux  de pêche qui traversent la région.

À ne pas oublier que le plastique est particulièrement problématique pour l’environnement car il se fragmente en microparticules sous l’effet des UV provenant du soleil et de l’activité bactérienne. Aujourd’hui, 5,000 milliards de particules plastiques flottent dans nos océans. Le rôle des courants marins dans le transport et la répartition des déchets présents en mer à l’échelle de la planète est significatif. C’est pourquoi certains déchets peuvent se retrouver dans des zones où il n’existe pas, ou très peu, d’activité humaine.

693 espèces marines menacées

Les déchets, on a de cesse de le rappeler, menacent les écosystèmes aquatiques. Entre ceux qui flottent à la surface, ceux qui tapissent les fonds marins et ceux échoués sur les plages. Ils peuvent non seulement blesser de nombreuses espèces marines, en entravant leur mobilité, mais aussi menacer le processus de la reproduction. 693 espèces marines sont directement menacées par la pollution plastique, tandis que les oiseaux de mer confondent cette matière avec leur nourriture. On estime que 90% des oiseaux de mer ont des fragments de plastique dans l’estomac. D’ici 2050, ce chiffre pourrait atteindre 99% si des mesures efficaces pour réduire le flux de plastique entrant dans l’océan ne sont pas prises. D’autre part, les déchets peuvent également transporter des espèces invasives ou encore concentrer de nombreux polluants.

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