Les temps sont durs. Très durs. Avec le sachet de riz basmati de 5 kilos se vendant entre Rs 350 et Rs 450 et les prix des autres produits alimentaires de base qui explosent, le Mauricien lambda a du mal à faire tourner sa « kwizinn ». Si les nombreux supermarchés occupent la place, imposant des prix non-négociables « kot pa kapav kas pri », la boutique du coin, elle, est devenue le défouloir des consommateurs. Des consommateurs souhaitent même le retour aux carnets rouges, aux traditionnels « karne laboutik ». Sachin Dussoye, Acting President de la Mauritius Shop Owners’ Association, nous en parle.
« Moi, à mon niveau, dans ma boutique à Bon Accueil, six ou sept personnes m’ont déjà abordé pour leur proposer ce système de crédit », dit-il d’emblée. « Mais j’y réfléchis, car ce n’est plus comme avant. Je ne connais pas ces personnes et je ne sais pas si elles pourront à la fin du mois rembourser ce qu’elles ont pris à crédit. » En effet, avec la flambée des prix dans les supermarchés, beaucoup disent vouloir se tourner vers la boutique du coin. La boutique du coin qui, elle, peut vendre des produits à crédit et au détail. Du moins, c’est ce que beaucoup pensaient. Sachin Dussoye indique que ce genre de scénario n’est plus envisageable, surtout pas dans le contexte actuel, « car beaucoup de boutiquiers n’ont plus les moyens pour se permettre de vendre des produits, déjà très chers, en vrac. En plus, les fournisseurs eux-mêmes ne veulent plus livrer plusieurs produits dans les boutiques, ce qui rend la tâche encore plus difficile. »
Ainsi, le carnet laboutik n’est pas prêt de faire son come-back, du moins pas dans ces conditions. « Les temps ont changé. Les gens se plaignent beaucoup des prix qui augmentent chaque jour. Beaucoup, comme vous dites, sortant des supermarchés, viennent faire leurs achats dans les boutiques ou supérettes, mais ils repartent aussitôt. Et le comble, c’est qu’en supermarché, le client ne peut pas se plaindre à haute voix, mais dans la boutique du coin, oui. Nous entendons donc tous les jours des commentaires de ces derniers », témoigne Sachin Dussoye.
Il explique ainsi que l’avenir des petites boutiques est bien sombre. Il poursuit qu’il est important de revaloriser les petits commerces, en leur permettant notamment de rester ouverts jusqu’à 21h en semaine, et jusqu’à 18h les dimanches et les jours fériés. « Nous dépendons de ce créneau-là, car à cette heure, les supermarchés ne sont pas ouverts, et nous arrivons à gratter les quelques clients qui restent. Les autorités devraient nous laisser opérer selon ces horaires-là, sinon c’est la fin pour nous », ajoute Sachin Dussoye.