Depuis le début de l’humanité, quelle que soit la région du globe, l’homme a toujours dû s’acclimater, certes à son environnement immédiat, mais aussi et surtout au climat. Et en cette matière, de toutes les saisons, l’hiver aura toujours été, sans aucun doute possible, celle de tous les dangers, en termes de santé, bien sûr, mais aussi d’accidents et de mortalités. L’année 536 est à ce titre un très bon exemple, car ayant été marquée par un hiver extrêmement rigoureux.
Un coup de froid si brutal, d’ailleurs, qu’il aura emporté sur son passage, que ce soit par le froid lui-même ou les maladies qu’il aura propagées, pas moins de… 100 millions de vies rien qu’en Europe. Sans compter la famine, engendrée par une série de catastrophes agricoles, elles aussi liées au refroidissement soudain du climat. Lequel n’avait alors rien d’anthropique.
« Au cours de l’histoire, l’hiver a toujours été perçu comme la période la plus difficile de l’année », dit à ce propos le Dr Kimberley R. Miner, responsable de recherches à l’Institut du changement climatique et professeur à l’Université du Maine, aux États-Unis. Pour elle, « l’hiver a toujours été synonyme de souffrances et de luttes », ce qui explique, dit-elle encore, que « dans beaucoup de civilisations, l’arrivée du printemps est un événement qui était célébré avec des fêtes, tandis que celle de l’automne était marquée par des cérémonies ».
Mais ça, c’était avant. Car bien sûr, les choses ont changé. Et même si l’on assiste encore chaque année çà et là à des épisodes hivernaux marqués par des coups de froid brutaux, la saison hivernale tend cependant à se raccourcir. En attestent les gelées, en Europe, qui se font moins intenses et moins fréquentes. Dans cette même région du monde, le printemps démarre désormais plus tôt, tout comme l’été. Avec pour résultat de donner parfois l’impression que la période estivale s’étale sur… six mois et plus ! Quant au pic de l’été, qui semble lui aussi se décaler, il entraîne sécheresses et canicules. En Europe, là encore, mais aussi aux États-Unis, en Asie… et chez nous aussi, dans l’océan Indien. Avec des températures dépassant parfois les 40 °C (et même 50 °C pour l’Asie du Sud-Est), et ce, avant même le début officiel de l’été.
Autant dire que le changement climatique s’est déjà bien installé. Certes, les décès liés au froid, ces 20 dernières années, auront encore été nombreux, mais la tendance est en train de s’inverser, en particulier en Europe. On estime d’ailleurs à 5 millions le nombre de décès dans le monde lié à la chaleur chaque année. Et ce n’est hélas que le début d’une longue descente aux enfers, dans le sens quasi littéral du terme. À cela, nous devrions bien entendu y ajouter le nombre d’événements dévastateurs induits par la hausse des températures, comme les incendies, chaque année plus « historiques » que lors de la précédente, et, bien entendu, les inondations à répétition.
Autre conséquence : le manque d’eau potable. L’accès à l’or bleu devient en effet de plus en plus difficile, y compris dans des pays qui se croyaient jusqu’ici épargnés par cette problématique, à l’instar de l’Italie ou encore d’Israël. Et l’homme n’est évidemment pas le seul à subir de plein fouet ces changements drastiques saisonniers. En atteste l’exemple du dôme de chaleur ayant touché l’ouest canadien pendant l’été 2021, et qui aura occasionné la mort d’un milliard d’animaux marins.
Certains clameront que l’homme ayant de tout temps toujours su s’adapter à son environnement, ce n’est pas quelques degrés de plus qui compromettront sa survie. D’autant que les techniques ayant elles aussi bien évolué, nous avons les moyens (techniques en tout cas) de réagir face à ces catastrophes systémiques. Et c’est vrai, mais en partie seulement. Car le climat ne transige pas, et la planète, quoi que nous fassions aujourd’hui, continuera de se réchauffer de longues années encore, sans même que nous ne puissions rien y changer. Avec, si nous restons cloîtrés dans nos attitudes désinvoltes, la certitude que notre espèce finira un jour ou l’autre alors par disparaître. Pour autant, il nous reste un espoir de stabiliser le climat, pour peu que nous consentions de gros efforts. Et que nous réagissions vite. Très vite !