On n’est pas près d’en finir avec les éclats provoqués par la bombe qu’a fait exploser Sherry Singh depuis le 1er de ce mois glacial de juillet. Loin de là. Il faut reconnaître que l’ancien enfant chéri du clan et inner circle très select de Jugnauth fils a minutieusement préparé son coup ! Non seulement est-il un fin communicant, mais force est de constater qu’il maîtrise parfaitement bien également la machinerie politique. Fast learner. Ses coups médiatiques, ses actions suivant les procédures engagées depuis que Pravind Jugnauth a porté plainte contre lui, traduisent un sens inné du calcul et de la prévision. L’homme n’est pas néophyte, ni ne se lance-t-il dans un combat à la Don Quichotte. Ses gestes laissent comprendre qu’il a soigneusement mitonné son coup, tel l’ex-Top chef de Lakwizinn qu’on sait qu’il a été !
En se jetant comme il l’a fait dans la gueule du loup, Sherry Singh savait parfaitement bien qu’il allait soit se faire bouffer, soit qu’il aurait les tripes pour faire face à toute l’armada royale qui a été mise en branle par la maison Orange, à laquelle il a d’ailleurs longtemps juré loyauté et fidélité. Ce qu’on retiendra surtout de ses actes, c’est qu’il semble avoir, comme dit l’Anglais, “grown a conscience”. Il n’a jusqu’ici pas cherché à se dédouaner d’avoir été complice et partie prenante, et très probablement même, capitaine, de plusieurs projets très anti-populaires, du temps où il était bien vu de Pravind Jugnauth et de sa garde rapprochée. Et c’est tant mieux, parce que le peuple mauricien en a suffisamment vu des vertes et des pas mûres depuis l’accession de Jugnauth fils à la tête du pays, et il sait discerner entre ceux qui ont des “hidden agendas” et d’autres qui seraient sincères.
En face du rouleau compresseur que veut être Singh, Jugnauth fils donne, jusqu’ici, l’impression d’avoir été pris par surprise. Ses réactions ne dérogent pas à la règle répressive qu’il a toujours pratiquée. Ce que l’on ne comprend toujours pas, c’est ce refus de la transparence. En tant que chef de gouvernement, disposant d’un capital de confiance censé plus important que ceux qui mettent à mal sa gestion, sa meilleure attaque serait de s’expliquer, régulièrement, et de ne surtout pas se murer dans un silence qui nourrit les doutes ! Ce qui se passe, actuellement, est hautement important pour notre pays, car il en va de questions très sérieuses, touchant non seulement à la sécurité de la nation, mais à ses liens avec l’étranger, dans la région comme ailleurs. Cela concerne des enjeux de taille et nul doute que tout cela aura certainement des répercussions bien graves pour nous.
Pendant ce temps, notre population s’appauvrit encore un peu plus, à mesure que d’autres prix de denrées alimentaires et d’autres produits continuent de prendre l’ascenseur… Espérons-le, pas de manière irréversible. Entre-temps encore, certains commerçants peu scrupuleux ne s’embarrassent nullement des malheurs des consommateurs et s’amusent à faire du yoyo avec certains prix des produits. Et ce, à la barbe et au nez des autorités ! Les images et les échos du Sri Lanka, où des citoyens en colère et fatigués ont chassé leur président et pris d’assaut des symboles du pouvoir, toutes ces manifestations résonnent très fort chez de nombreux compatriotes.
Les Mauriciens ne sont certes pas violents et sont même souvent taxés d’indifférents. Une chose est sûre, notre population est suffisamment mature et responsable pour éviter tout soulèvement populaire. Sachant tout ce que cela implique et engage, dans le contexte socio-économique actuel. Après tous les scandales qui ont marqué le premier confinement, les contrats juteux alloués aux petits copains, la dépréciation de notre roupie, sertie d’une gestion plutôt scabreuse, le temps est à la reconstruction de la nation. Mais c’est aussi l’heure pour les autorités de rendre des comptes.
Parce que quand le peuple a faim et qu’il n’arrive ni à manger à sa faim, ni surtout à nourrir ses enfants, cela peut faire basculer la raison. En cela, une politique de transparence et de franchise est davantage conseillée que l’opacité, l’arrogance, la tendance claire à l’oppression et la répression, auxquelles nous avons été habitués jusqu’ici par Jugnauth fils et ses marmitons.
Les prochaines semaines seront cruciales, encore une fois. Le chef du gouvernement saura-t-il faire les bons choix ?
L’heure est grave
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